Sur l’autoroute monotone des blockbusters de super héros où l’on attend à peu près plus rien, Wonder Woman avait de quoi faire surgir de vagues frémissements. Un nouvel opus DC, un univers qui peine à prendre ses marques, et, argument hélas d’exception, un personnage central féminin dans un film réalisé par une femme.


Les femmes fortes, depuis Mad Max Fury Road, Le Réveil de la Force ou Rogue One commencent à réellement s’imposer, et on ne pouvait que se réjouir de voir l’essai transformé. Il serait bien entendu tout aussi utopique que l’île paradisiaque initiale de chercher un film féministe ou militant, mais les atouts de séduction d’une bonne partie du film excèdent largement la plastique parfaite de son héroïne.


Certes, tout a déjà été dit, montré et refait. La DCEU nous refait Captain America pour l’habillage historique en passant de la seconde à la première guerre mondiale, avec méchant allemande doté de pouvoirs… L’irruption d’une Amazone dans le monde des hommes et l’occasion éculée d’un regard du Persan sur notre société qui ne tourne pas rond, et occasionne quelques réflexions, notamment sur le sexisme, qui sont bien décochées. Le tandem avec Chris Pine fonctionne plutôt bien, les allusions sexuelles sont plaisantes, tout comme la naïveté de la croyance d’une héroïne à vouloir arrêter la guerre par un seul acte, ce qui revient tout de même à résumer 95% des dénouements des blockbusters.


On pourra reprocher au personnage un manque de complexité, voire une infantilité, d’autant plus gênante qu’on l’assimilerait à sa féminité. C’est un faux procès, parce que le film entier repose sur cette foi intacte et cette volonté naïve de sauver le monde (là aussi, passage obligé de ce genre de franchise). Mettre en pause le cynisme en carton et la virilité d’opérette en vigueur fait du bien, et la désillusion qui en découle sur l’horreur du monde des hommes, sans être une dissertation de haut vol, égratigne un peu la binarité d’usage. Certes, tout cela est éminemment pompé sur Le Cinquième élément, mais évoquer par exemple le massacre des indiens comme acte de naissance de l’Amérique n’est pas dénué de courage.


Sur le terrain de l’action, un peu avare pour un film comme souvent trop long, on peut aussi saluer une ligne directrice pleinement assumée, celle du kitsch : ralenti rotatifs à outrance, thème musical presque 80’s en mode superstar du catch, improbabilité des chorégraphies et lévitations inutiles sinon pour la beauté du geste, tout est tellement plastique que ça en devient fascinant et drôle à la fois. On paie ainsi son tribut au boss Snyder par une version féminisée de 300, toujours en jupette, et c’est assez réjouissant par instants.


Autant d’arguments qui font de Wonder Woman un film sympathique, jusqu’à sa dernière demi-heure. Parce que s’inscrire dans la lignée Snyder, c’est, hélas, ne jamais oublier les nécessités d’une surenchère aussi vaine que fatigante. Il fallait oser nous faire ce remake de Twister (camion, vole, tank, vole, morceau de tarmac, vole) et ce boss d’une laideur absolue, vociférant dans un déluge d’éclairs digne des Ghostbusters premiers du nom « JE VAIS TE TUER », pour un combat raté en tout point, dénué de la moindre parcelle de fluidité ou de grâce qu’on avait pu noter jusqu’alors.


Ce crash final laisse les impressions les plus durables : irritations des nerfs et de la rétine, tristesse et lassitude de voir le formatage reprendre ses droits en dépit du bon sens. Finalement, vouloir y croire relevait d’une naïveté proche de celle de Diana : de la même manière qu’il y aura d’autres guerres, les blockbusters sont condamnés à se répéter inlassablement.

Sergent_Pepper
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le 28 juin 2017

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