Au moins, les zombies savent faire passer le temps.
World War Z a su se faire attendre ! Adaptation du livre de Max Brooks, dont les droits ont été achetés en 2006, a eu à son actif de sérieux problèmes d’écriture. Et pour cause, alors que le tournage devait commencer en 2009, celui-ci s’est vu retardé par un script qui n’était pas encore fini. Un fait qui s’est allongé jusqu’à la fin du tournage, où le final à dû être réécrit et refilmé (quasiment à la dernière minute). Un projet qui a vu bon nombre de scénaristes défiler pour permettre son aboutissement. Un film aux nombreux problèmes de budget et de production. Bref, World War Z avait bon nombres de raisons pour, qu’au final, le résultat soit hautement bâclé. Qu’en est-il ?
Déjà, niveau scénario, c’est plutôt étrange ce qui s’est produit au cours de ces nombreuses années de gestation. Pour ceux qui connaissent le livre, ce dernier raconte comment des zombies ont envahi petit à petit notre planète, et ce sous la forme de témoignages. Ainsi, nous avions une description universelle (différents points de vue) sur cette « invasion ». Pour le film, le scénario se montre des plus classiques : un père de famille, ancien membre de l’ONU, qui, après avoir réussi à mettre sa famille à l’abri, part à la recherche de l’origine de l’épidémie causant cette montée en puissance des zombies. Je suis d’accord du fait que le livre est particulièrement difficile à adapter (surtout si l’on veut absolument garder la structure de base). Mais en faisant cela , le film perd du coup du travail effectué sur le bouquin. Surtout si le film se présente tel un blockbuster familial.
Et c’est dans ce but que World War Z a été réalisé. Rarement un film de zombies ne s’était montré aussi peu gore. Très peu d’effets angoissants. Ici, c’est plutôt le spectaculaire qui joue. Si, au début, beaucoup ont critiqué le fait de voir des zombies qui courraient et sautaient dans tous les sens (rappelons qu’ils ont été toujours représentés comme des légumes aussi mous qu’un escargot), cela apporte néanmoins un sens au côté divertissement à grand spectacle de ce film. Mais du coup, en faisant de World War Z un entertainment, les défauts du cinéma hollywoodien se pointent également à l’horizon. Du genre « s’occuper bien plus du divertissement que l’on peut en tirer que du reste ». De ce fait, niveau écriture, World War Z se montre aussi fade qu’un zombie. Jamais les personnages ne se montrent travaillés, le héros survit à tout (jusqu’à un crash d’avion normalement mortel) et sait comment se débrouiller dans ce genre de situation (baïonnette improvisée, magazine pour éviter les morsures…) alors qu’il n’est qu’ex-membre de l’ONU… Sans compter que le film est tellement axé sur son protagoniste que tous les autres personnages sont carrément oubliés. Et ce même s’ils sont interprétés par des comédiens connus (dont David Morse, que l’on ne voit que 3 minutes…).
Non, ce qui a intéressé l’équipe du film, c’est vraiment divertir le spectateur. Et de ce côté-ci, le film rempli son cahier des charges, en proposant des séquences plutôt impressionnantes sur le papier. Oui, sur le papier, car en voyant le film, on peut être déçu de ne pas rester bouche bée devant des moments ahurissants de la bande-annonce (la panique à Philadelphie, la montagne de zombies devant le mur de Jérusalem…). C’est visuellement prenant (les effets numériques sont vraiment pas mal) mais le rendu ne se montre pas aussi spectaculaire que prévu. Notamment à cause d’une mise en scène un peu molle par moment (pourtant, Marc Forster nous avait fait un Quantum of Solace fort énergique).
Sans parler d’un rythme qui a du mal à s’équilibrer. En effet, ces séquences dites « d’action » restent le seul intérêt du film et se font donc attendre. Mais pour cela, le film nous fait obligatoirement passer par de longues transitions un peu bavardes et déjà vues. Et puis, ce rythme bancal montre à quel point l’écriture du film s’est montrée laborieuse. Un constat qui se remarque lors du final, longue scène sous forme d’infiltration classique, bien loin du spectaculaire des séquences qui la précède. Faisant de World War Z un film qui hésite de manière maladroite entre l’intimiste et le « vais vous en mettre plein les yeux ».
Mais bon, avec sa production chaotique, World War Z aurait bien pu être un véritable navet. Il n’en est heureusement rien, notamment grâce à son côté divertissement qui fait bien passer le temps. Et aussi par la présence de Brad Pitt. Certes, l’acteur s’est montré bien plus impressionnant dans d’autres films (Se7en, L’Armée des 12 Singes, Fight Club, Ocean’s Eleven, Burn After Reading, Inglourious Basterds…). Mais comme pour Troie, le comédien peut user de son minimum pour être fort crédible. Et en père de famille sauveur de l’humanité, il faut dire que ce cher William Bradley Pitt arrive à donner du charisme au héros, et ainsi de l’intérêt au film.
Voilà, World War Z n’est vraiment pas le film que beaucoup attendaient (que ce soit une œuvre hautement fidèle au livre ou bien un blockbuster qui décoiffe totalement). Néanmoins, le film sait se montrer divertissant pendant 2 heures. Et ça, c’est plutôt pas mal comme résultat !