Le zombie est à la mode en ce moment et se retrouve soudain légitimé au près du grand public par l'arrivée d'un blockbuster les mettant en scène (par ordinateur) oh et par l'aura de classique dont se tare l'oeuvre d'origine. N'ayant pas lu l'oeuvre originelle, c'est sans préjugés que je me suis attelé au visionnage de ce curieux objet filmique, fort de mon affection pour les oeuvres de Romero et les 2 premiers Evil Dead en me promettant de ne pas me laisser influencer par mon dégoût des grosses productions hollywoodiennes actuelles. Mais cela n'a pas changé grand chose au final.
Autant être direct : World War Z est une oeuvre vaine, stéréotypée et parfois involontairement drôle. Et pourquoi diantre ? Oh commençons par la mise en scène...C'est bien simple, je n'en ai quasiment pas vu. Ou plutôt je n'ai vu aucun élément qui puisse distinguer le style de Foster d'un autre technicien/cinéaste lambda : ses plans sont archis découpé, rapides, peu lisibles et répétitifs et peinent à donner le moindre rythme ainsi que la moindre intensité au récit. Et de ce fait les séquences et lieux s'enchaînent laborieusement, passant du Vietnam à la Nouvelle Ecosse ; d'une immense scène d'attaque à une autre. Et pour couronner le tout, on ne retrouve pas la moindre goutte de sang versée ni de scène poignante, la faute à un manque d'implication évident de Foster qui nous fait naviguer d'un point à un autre sans le moindre effort pour susciter une émotion
(le paradoxe vient d'ailleurs que même la scène de tentative de viol sur l'épouse de Brady laisse de marbre, en dépit du malaise qu'elle devrait normalement susciter !)
Donc nous suivons ses gesticulations de pantin sans jamais vraiment apprécier les situations qui nous sont présentées...
Enfin apprécier n'est pas vraiment le mot car les scénaristes eux de leur côté montrent une fois de plus que le manque d'audace du système hollywoodien est toujours d'actualité. De la même manière que la mise en scène de Foster, la plupart du temps, le récit est sans surprise et consiste en un jeu où on doit découvrir si Brady va découvrir ou non l'innommable secret se cachant derrière la propagation de l'épidémie de zombies. En fait, on peut le percevoir comme un guide d'initiation à la survie contre les macchabées pour les nuls, tant les situations frisent le convenu et se résument à raconter les faits du héros qui va combattre courageusement les zombs aux quatre coins du globe pour assurer la protection de sa famille par les vils représentants du gouvernement sans jamais se décoiffer. Comme quoi même lors de la fin du monde, le gel reste une priorité vitale pour assurer une mort classe...
Enfin quand je dis que tout est convenu, il faut tout de même tempérer : oui on a bien un laboratoire top secret infesté de zombs ; oui les protagonistes ne sont pas fichus de ne pas faire de bruit pour échapper à leurs prédateurs. Mais malgré tout, les scénaristes ont quelques idées ingénieuses pour se débarrasser de personnages antipathiques (hop ça glisse ! ) ou pour introduire des scènes d'action complètement improbables et qui rendent (involontairement) hommage à des grands représentants du genre (spoil : voir L'avion de l'apocalypse). Comme quoi il ne faut jamais désespérer devant une production haut de gamme. mais le summum reste tout de même le rôle donné à notre cher Brady : c'est simple c'est le Christ réincarné ! Des zombies le coincent dans le noir et lui crachent leur sang dans la face ? Il reste indemne car il sait compter jusqu'à 10. Il se retrouve coincé à l'arrière d'un appareil près à se faire dévorer.. mais les zombs ne lui causent pas trop de soucis en n'attaquant pas trop dans sa direction, éblouis par sa grandeur. Il est imperméable à tout (accidents, faim) et quand il se fait blesser et souffre le martyr, ce n'est que pour mieux se relever et traverser les nuées de zombies tout en apportant un salut maigre mais bien suffisant pour persuader les crédules que se sont les derniers représentants de l'humanité. C'est magnifique (et cette coupe de cheveux impeccable...)