Difficile de reprocher à un tel film sa stupidité, tant elle est ancrée dans l'ADN même de son procédé de fabrication. Ecrit, produit et réalisé en dépit du bon sens, le film accumule des bourdes et bévues qu'il imagine masquer à grands renforts de cash. Mais c'est raté sur toute la ligne.
Déjà le public-cible se voit offrir une vaste arnaque : le PG-13 empêchant d'avoir de vrais zombies dégueulasses se faire éclater la tête a coups de pied-de-biche, on voit Brad Pitt vaguement gigoter en gros plan, mimant l'action du mieux qu'il peut... Alors que le public-cible, pauvre de lui, y a cru à cette histoire de zombies !
Ensuite on est face à un semblant de film-enquête à l'échelle internationale, où le pifomètre remplace systématiquement la jugeote et la déduction. Brad Pitt passe son temps à défier les lois de la probabilité sans sourciller, et à chaque étape décide sur un coup de dé sa prochaine destination. "J'ai entendu parler d'un mail... Un mec bizarre m'a donné un nom... " Très bien Monsieur Pitt, on mise tout sur vous !
Mais tout ceci était prévisible, et quiconque se tient un peu au courant des aléas d'Hollywood ne sera pas plus choqué que ça... D'autant que des segments font illusion. Le générique début, génial, montre comment les masses accueillent les mauvaises nouvelles dans l'allégresse tant qu'elles sont bien diverties. Les plans seconde-équipe ont carrément de la gueule quand ils sont larges, et la belle Daniella Kertesz porte le dernier tiers du film à bout de bras alors qu'il lui manque une main...
Ce qui achève de faire du film un monument de saloperie, c'est son ambiguïté tant morale que politique omniprésente sans jamais être voulue.
Dans World War Z, le petit Mexicain voit son père zombifié criblé de balles avec un haussement d'épaules, les Coréens du Nord semblent disposés à mentir comme des arracheurs de dents, les Israéliens comparent volontiers Zombies et Palestiniens et d'une manière générale, la faute incombe toujours aux étrangers... Une mentalité de merde qui n'apparait à aucun moment comme la volonté d'être caustique ou satirique. On n'a d'autre choix que de prendre ces informations dans la gueule pour argent comptant.
Et c'est en définitive plus terrifiant que l'invasion de Zombies décrite dans le film, que de voir le public donner raison au générique début. On s'en fout que des choses graves se passent sous nos yeux tant qu'on est diverti.