Thierry et Thierry sont sur un bateau
Autant que vous le sachiez tout de suite, j’ai regardé ce film d’un seul œil et d’une seule oreille et, à dire vrai, il ne m’a pas spécialement donné envie de faire participer leur semblable.
World War Z, c’est l’histoire d’un virus qui se répand dans la population humaine et qui rend ceux qui sont infectés complètement zombie (au sens propre du terme). En gros, les gens touchés meurent et ressuscitent tout de suite après avec la gueule de travers, les dents déchaussées et une folle envie de grignoter de la chair humaine. A ceci près qu’ils ne dévorent pas réellement les personnes saines. Ils se contentent de leur sauter dessus, de les mordiller dans le gras avant d’aller chercher quelqu’un d’autre à niaquer. Le virus se propage ainsi, de morsure en morsure, sans que personne ne « meurt » réellement. Enfin, les zombies sont morts par principe mais il n’y a pas vraiment de curée, de corps dépecé ou de membre arraché. L’humanité à une sale trogne mais elle occupe toujours l’espace.
Bref, un concept un peu particulier où le seul objectif poursuivi par les morts-vivants, c’est de finalement créer d’autres morts-vivants (quid de ce qui se passera quand tout le monde aura une tête de Picasso en lendemain de cuite…). Et, au milieu de toute cette pagaille (parce que le truc se répand du jour au lendemain sur la planète sans que l’on ne sache trop pourquoi ni d’où il provient), il y a des gens qui essaient de garder leur intégrité physique en courant vers les rares îlots de survie que sont les porte-avions de l’armée américaine (tout aménagés pour accueillir les non-infectés)… et puis les grandes surfaces (des fois qu’une boîte de cassoulet puisse éloigner des zombies capables de défoncer des pare-brises avec leur front). De nouveau, on se retrouve confronté à un phénomène intéressant : le virus déboule par surprise sur la tête des new-yorkais mais l’armée a déjà absolument tout prévu. Y compris le fait de rapatrier un mec parmi les 7,5 milliards d’autres pour des raisons assez confuses.
De ce que j’ai cru comprendre, au bout d’une heure de film, c’est que Thierry (Brad Pitt) est un mec de l’ONU. J’ai d’abord pensé à un Marine puisqu’un militaire vient lui rappeler qu’il a fait l’Angola (ou je ne sais plus quel pays lointain), mais ça ne collait ni au profil, ni à l’attitude, ni au phrasé. Ensuite, je me suis dit qu’il était peut-être scientifique puisqu’on l’envoie quand même sur le terrain pour contrer l’épidémie. Sauf que non puisque le virologue, c’était le petit jeune à qui il manquait des lunettes et qui sortait de longs discours philosophiques sur la cruauté de Mère Nature. Je mets tout au passé parce que le malheureux a glissé à la sortie de l’avion de transport de troupes (oui, vous avez bien lu : il a glissé. Il pleuvait, il était venu en claquette et paf ! le chien). Heureusement, je ne sais plus qui finit par balancer que le héros fait partie de l’ONU.
Maintenant, pourquoi ce type de l’ONU plutôt qu’un autre ? Je vois plusieurs raisons. La première, c’est que c’est le seul assez futé pour se scotcher des magazines de mode sur les avant-bras pour limiter les risques de morsures (m’enfin, s’il s’était fait attaquer au mollet, ça ne lui aurait pas servi à grand-chose…). La seconde, c’est qu’il porte le même prénom qu’un gros black d’on ne sait trop quelle organisation qui se balade sur le porte-avion et qui a l’air de chapeauter pas mal de trucs sans que personne ne vienne lui demander ce qu’il trafique (entre Thierry, on se soutient). La troisième, c’est que c’est Brad Pitt.
Nous avons donc au final un film complètement décousu, où Thierry envoie Thierry à tous les recoins de la planète pour essayer de trouver un moyen de contrer les morts-vivants. Pour moi, ça a donné : Thierry à New-York, Thierry dans un immeuble, Thierry sur un bateau, Thierry sous la pluie en Asie, Thierry au soleil en Israël, Thierry coupe les mains d’un soldat, Thierry est dans un avion qui se scratche, Thierry boitille dans la campagne vers un complexe d’études des virus et des bactéries, Thierry finit en Nouvelle-Ecosse. En bref, Thierry bat la cambrousse pour de plus ou moins bonne raison mais tombe invariablement nez à nez avec des zombies.
Tout ça pour aboutir à une solution capillotractée qui devrait, à mon avis, mener l’humanité à sa perte. La mutation bactérienne conduisant à la résistance aux antibiotiques et autres vaccins, ça n’a pas l’air de dire grand-chose au scénariste. En plus, une des scientifiques du labo d’études suggère d’utiliser des bactéries puisque plus faciles à contrôler qu’un virus, mais le mélange final contient une souche du H1N1 (le fameux !) qui, dans mes souvenirs, est plutôt un virus (pour la variole, ça demande vérification). Quant à la décision de sélectionner la méningite en troisième mousquetaire, je pense que ça mérite un lol d’or (pour ne pas finir comme des zombies, les types prennent un truc qui attaque directement le cerveau… Bravo !).
A côté de ça, la musique est inexistante (ou trop banale pour attirer l’attention de mes esgourdes). Brad fait le minimum syndical. Les autres personnages sont insignifiants (que ce soit les membres de sa famille, la jeune soldate manchote ou l’autre Thierry, il peut leur arriver n’importe quoi, on s’en contrefiche comme de notre première chaussette). Les dialogues sont plats ou bancals (pas la peine de répéter quinze fois qu’il est passé sans se faire boulotter, on l’a vu de nos propres yeux). Et le titre est stupide (il n’est pas question de guerre mondiale ici, mais juste de quelques survivants qui essaient de sauver leurs miches face à un méchant virus).
En conclusion, un film qui aurait pu être bien meilleur s’il n’avait pas été traité dans la précipitation et si le réalisateur avait bien pris le temps de poser ses personnages, le contexte et l’action (les temps morts, c’est pas interdit dans un film du genre). World War Z est un morne film de zombie qui ne fait ni peur ni sourire, idéal pour mettre en bruit de fond lors d’une séance de repassage (par exemple), l’intérêt pour les protagonistes étant sensiblement le même que lorsqu’on le regarde sans activité annexe.
PS : Apparemment, le héros s'appellerait Gerry en fait (et non pas Thierry comme j'ai cru l'entendre). Mais, comme ça rend ma critique bancale, je vais faire comme si je n'avais pas lu la fiche Wikipédia du film...