Wounds
4.2
Wounds

Film de Babak Anvari (2019)

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De belles intentions ne débouchent pas forcément sur un bon film et "Wounds" en est hélas le parfait représentant.
Au départ, tous les astres paraissent pourtant alignés pour faire de ce long-métrage une proposition d'horreur psychologique pertinente et atypique (et, à vrai dire, elle le sera dans un sens). Révélé sur la scène internationale par "Under the Shadow", le cinéaste iranien Babak Anvari a sans doute à cœur de confirmer les espoirs placés en lui dans un film cette fois américain et la participation d'acteurs renommés comme Armie Hammer, Zazie Beetz et Dakota Johnson (cette dernière a d'ailleurs marqué les esprits dans le remake de "Suspiria") va également en ce sens. Enfin, tout ce sur quoi est bâti le propos de "Wounds" dans ses prémices va confirmer nos a priori vis-à-vis d'une offre plus futée qu'à l'accoutumée dans le cinéma de genre US...


L'entièreté du film va en effet se fixer sur le vide existentiel d'un homme, Will, un barman qui, pour une raison ou pour une autre, a choisi de stagner sans aucune perspective autre que de noyer ses failles dans l'alcool chaque soir. Tout ce qui gravite autour de lui le renvoie également à sa condition : des étudiants qui réussissent là où il a échoué, une relation de couple parasitée par la jalousie (dont on devine qu'il en est le principal vecteur), une âme sœur qu'il voit s'éloigner, des clients saouls synonymes de son propre avenir et même le bar gangrené dans ses fondations par des insectes lui rappellent constamment son propre mal-être. Afin de s'aveugler et de se maintenir dans une illusion, Will aspire plus ou moins consciemment tous ceux qui l'approchent dans son propre vide, notamment grâce à l'ivresse, son entourage devient ainsi des espèces de bouées qu'il essaie d'entraîner dans les profondeurs alors qu'elles n'ont que pour vocation de remonter à la surface sans lui. Comme un écho à cette vampirisation alcoolique qu'il cherche à provoquer, Will va lui-même se retrouver au cœur d'une spirale extérieure et extrêmement dangereuse par l'intermédiaire d'un téléphone oublié dans son bar...


Difficile de le contester, les bases de "Wounds" sont on ne peut plus solides et proposent de fait des ramifications métaphoriques passionnantes. Certes, faire d'un personnage le jouet d'une force supérieure qui voit en lui une sorte de réceptacle idéal n'a pas grand-chose de novateur mais coupler cela à un héros/victime qui, lui-même, ne parvient pas à combler ses brèches existentielles autrement que par l'alcool ou en en contaminant d'autres de ses propres maux démontre une réelle intelligence de fond et de traitement. D'ailleurs, par d'indéniables atouts formels véhiculant une ambiance plutôt prenante et une interprétation de haute volée (on n'en attendait pas moins), "Wounds" va se révéler vraiment intriguant pendant un temps... avant de se montrer incapable de dépasser ce simple postulat.


Comme si la stagnation volontaire de son personnage principal se mettait subitement à déteindre sur lui, le film va se mettre à piétiner autour de son idée de départ sans jamais quoi savoir en faire. Évidemment, le parallèle entre un alcoolique qui touche le fond et l'emprise grandissante du phénomène sur Will ne va faire que monter en puissance mais ça ne se fera qu'au prix de situations terriblement attendues aussi bien dans l'évolution de son rapport aux autres (et de l'influence néfaste en découlant) que dans les manifestations surnaturelles stricto sensu dont il est la victime. "Wounds" perd ainsi énormément en consistance et se contente d'enchaîner les évidences qu'implique un tel parcours agrémenté ici d'une menace que l'on tente de superficiellement étoffer à coups de pratiques ancestrales ou de références littéraires pas très subtiles ("Les Hommes Creux" de T.S. Eliot). Dès lors, le film ne distillera plus qu'un ennui poli et, hélas, même quelques sourires devant la nature de certains événements (tout ce qui entoure Dakota Johnson) où l'aspect métaphorique saluée des débuts laissera place à des ficelles bien plus grossières afin de tenter de masquer l'inertie d'une situation devenue un statu quo. Seul le climax, réussi, en reliant frontalement et justement la métaphore à la réalité viendra nous rappeler à quel point "Wounds" était bâti sur une belle ambition.


Malgré d'indéniables qualités, le vide de son héros aura donc également englouti ce deuxième long-métrage de Babak Anvari dans ses abysses en cours de route et notre intérêt avec. Vraiment dommage car tous les ingrédients étaient présents pour quelque chose de bien plus grand...

RedArrow
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le 18 oct. 2019

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RedArrow

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