Un mutant est-il aussi dangereux qu'un être humain derrière un volant ?

Comme la série de comics X-Men a connu un succès considérable dans le monde du divertissement, je ne suis pas surpris de voir que des producteurs ont eu comme ambition de développer une adaptation cinématographique de cette référence de la pop culture, surtout quand des productions comme Blade ou Punisher ont été des réussites visuelles félicitées par le public. L'écriture du scénario n'a pas été une chose évidente à faire pour les scénaristes. La première série originale de comics est sortie en 1960 et depuis, on n'a pas cessé de créer des nouvelles, tout en élargissant un univers de mutants dotés de pouvoirs étonnants, différents et viscéraux, agissant à leur propre compte.

Du coup, les producteurs avaient 40 ans d'histoires et de péripéties à étudier, à décortiquer et à lire surtout. Il était donc difficile de trouver une base scénaristique persuasive, de rassembler des personnages venant d'époques différentes dans un seul film se déroulant en une période précise et d'intégrer dans une réalisation tout ce qui peut faire le succès d'une nouvelle franchise. Plusieurs scénaristes ont proposé leurs versions des choses et idées. Certaines ont été rejetées d'office pour des raisons artistiques et après mûres réflexions, c'est finalement celle qui oppose deux groupes de mutants qui a été choisie pour lancer une franchise qui avait un bel avenir devant elle.

L'idée est bien trouvée et excellente. Il y a rien de mieux que ce contexte pour développer une personnalité approfondie de chaque mutant en les faisant affronter entre eux, tout en insérant dans le scénario un contexte politique qui remet en question le droit de vivre pour les mutants. Bien entendu, le véritable atout de la production est évidemment le casting. Je peux vous dire qu'on a vraiment du très lourd. Hugh Jackman tient le rôle vedette de la franchise en incarnant un satisfaisant Wolverine avec ses positions d'animal sauvage et sa coiffure qui lui donne un parfait aspect physique animalier. Patrick Stewart et Ian Mckellen interprètent leurs rôles du Professeur X et Magneto avec beaucoup de classe et d'élégance.

Halle Berry est absolument magnifique avec sa longue chevelure blanche, de même pour Famke Janssen avec son altitude de femme mystérieuse implacable. Ray Park nous fait l'honneur de camper un crapaud tout à fait convaincant en faisant appel à ses compétences physiques impressionnantes comme il l'a fait en campant le terrible Dark Maul dans Star Wars : La Menace Fantôme. Le catcheur Tyler Mane anime un Dents-de-Sabre assez impressionnant à voir et adopte avec brio une gestuelle assez bestiale. Et pour terminer, Rebecca Romijn est absolument éblouissante dans le rôle de la perfide Mystique et de son corps soigneusement bleuté et légèrement granulé.

Avec ses prestations de qualité, le pari était pratiquement gagné d'avance, sans omettre un bon scénario derrière la pléiade d'acteurs, bien traité et raconté en toute fluidité. C'est ce que le jeune réalisateur Bryan Singer était tout à fait capable de faire. On a très bien vu comment il est parvenu un suspendre étrangement un public en sortant son film policier atypique Usual Suspects et sa fin qui nous a inévitablement cloué le bec.

La mise en scène est impeccable pour construire sans la moindre ambiguïté un univers cinématographique tout à fait potable. Le film est rempli de surprises et d'événements qui changent la donne à tous les coups. Comme certains le diraient, Bryan Singer est un beau conteur et je ne fais que confirmer ces dires. On tient une réalisation construite avec de bonnes bases, comblée de scènes mouvementées d'un visuel époustouflant et d'effets spéciaux bien plus que corrects. Le tout avec une formidable séquence finale dans la Statue de la Liberté, de quoi de faire signer au cinéaste un des meilleurs blockbusters de l'année 2000. 7/10

Que fait le crapaud quand la foudre lui tombe sur la tête ? Il fait comme tout le monde il dit « Aïe ».