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Y'a des spin-off qui feraient mieux de rester au fond d'un carton...

Premier film d'une longue série annoncée revenant sur les prémices de la saga X-Men, X-Men Origins : Wolverine s'intéresse au passé trouble de James Howlett, plus connu sous le nom Logan / Wolverine (ou Serval, pour une poignée d'entre nous). De son enfance où il découvrit son statut de mutant aux décennies qu'il traversa sans que le temps n'ait la moindre emprise sur lui (pouvoir de régénération oblige), le film s'attarde à nous raconter l'intégration du mauvais garçon au programme militaire "Arme X", dirigé par William Stryker (le même William Stryker interprété par Brian Cox dans X-Men 2, ici incarné par Danny Huston), afin de limer les griffes de son frère Victor Creed, alias Dents-de-sabre, un mutant disposant des mêmes pouvoirs de régénération que lui. Victor ayant tué la seule femme qui soit accro aux poils bestials, le désir de vengeance chez Logan démange autant qu'une armée de puces campant le dos d'un loup sauvage.


Premier soulèvement de sourcil : Wolverine et Dents-de-sabre, frangins ? Pourquoi pas. En tout cas, cela ne dérange guère si l'on fait l'impasse sur le comic book et malgré la non-évocation du lien fraternel dans X-Men premier du nom. Mieux encore, le long métrage s'en trouve dynamisé tant les raisons de la rancoeur pour l'un nous amènent à des confrontations spectaculaires avec l'autre. C'est pourtant là la seule trahison aux comics et à la trilogie instaurée brillamment par Bryan Singer qui soit acceptable, quelque soit le point de vue que l'on arbore. Parce qu'il y a deux façons d'aborder cet X-Men Origins : Wolverine, et dans les deux cas, le spectateur n'en ressortira pas gagnant.


Tout d'abord, il y a le fan du comic-book, celui qui connait l'histoire des X-Men, sinon depuis ses débuts (plusieurs générations se sont succédées depuis la création du mythe par Stan Lee et Jack Kirby en 1963), au moins suffisamment pour constater certaines défaillances scénaristiques peu pardonnables. Et puis il y a ceux qui découvrent l'univers des mutants avec les films, qui auront la désagréable impression d'une tentative maladroite du script à coller au plus près à la trilogie originelle. Une pléthore de déconvenues scénaristiques qu'il serait difficile d'énumérer, mais citons-en quelques unes.


Tout d'abord la multitude de personnages appelés à apparaître : s'il est question de Wolverine, plusieurs personnages phares de Marvel s'invitent dans ce préquel, en vrac Cyclope, Silver Fox, Deadpool, Emma Frost, Bolt, Le Blob, L'Agent Zéro, le professeur Xavier, ou encore Gambit. Si ce dernier se révèle être une bonne surprise, à la fois impressionnant et relativement fidèle au comic-book, la surrenchère de protagonistes convoqués tend irrémédiablement vers la figuration de la majorité d'entre eux. D'autant que certaines apparitions sont autant empruntes de pusillanime que de malhabileté. Certaines étaient dispensables, d'autres mal exploitées, comme celle de Charles Xavier, apparaissant d'on-ne-sait-où, dans une incohérence scénaristique totale, simplement pour (tenter de) faire coller à la trilogie. Il y a des easter eggs que l'on a connu bien mieux amenés.


Et puis, comme pour vouloir respecter un tant soit peu la bande dessinée, il fallait que Logan soit amnésique. Seulement, comment faire perdre la mémoire à un personnage sans couper court au film ? Si chez Stan Lee l'amésie s'explique par la métamorphose de Wolverine en "Arme X" au cours de l'opération visant à recouvrir ses os d'un metal quasi-indestructible appelé adamantium, les auteurs du film se sont contentés d'une simple balle d'adamantium dans la tête, faisant fi des capacités régénératrices du héros. Ben oui, parce que selon le scénariste David Benioff, le cerveau peut régénérer mais pas les souvenirs. Logique. Encore plus "logique" après une introduction du feu de Dieu (l'un des meilleurs génériques qu'il m'ait été donné de voir depuis bien longtemps) nous présentant Logan et Victor Creed comme deux guerriers ayant participé à tous les conflits majeurs, de la Guerre de Sécession à la Seconde Guerre mondiale, sans qu'aucun des deux ne se soit jamais pris une balle perdue à cet endroit. Admettons. Dur à avaler, tout de même.


Le plus beau demeure le traitement réservé au personnage de Deadpool. Doté d'un humour noir à nous faire plier - littéralement - de rire devant ses aventures couchées sur papier, il n'est dans le film qu'une bête de foire commandée par ordinateur, transformée en "Arme XI" cumulant les pouvoirs des mutants capturés par Stryker. Et là, on a envie de rire. Mais jaune.


Et Gavin Hood dans tout ça ? Hélas transparent. Le réalisateur du très réussi Mon nom est Tsotsi n'arrive pas à insuffler à le souffle homérique que l'on attend d'une production -au moins- divertissante. Un peu pataude, sa mise en scène n'a ni caractère ni griffe ni même mordant. Un comble quand il s'agit de retranscrire à l'écran le plus bestial des anti-héros de l'univers Marvel. Et si l'on se surprend à ne jamais s'ennuyer devant son film, il est regrettable que la copie rendue soit aussi peu convaincante tant les ingrédients inhérents à une bonne production sont là : tout d'abord Hugh Jackman, rempilant pour la quatrième fois dans le rôle de l'homme-loup, avec une rage et une fureur qui font tout le charme du personnage. Liev Schreiber est également dans le coup, comme souvent. Quant au budget, on murmure dans les couloirs de la Fox que 150 millions de dollars ont été déboursés. Si niveau effets visuels, cela se voit, niveau intérêt, on se demande quel prix cela coûterait en plus pour que ce loupé en ait.


En bref : Les vingt premières minutes trahissaient une potentialité certaine concernant X-Men Origins : Wolverine. Vu la qualité intrinsèque du film, de l'incohérence du scénario tournant à vide aux personnages sans une once d'intérêt sinon de faire joli sur l'écran, en passant par une mise en scène sans âme ni saveur, on a de quoi être déçu. Reste pour les fans des films d'action sollicitant tant que faire se peu un minimum les neurones de bonnes scènes de baston et pour les demoiselles un défilé de biceps en sueur. Ouf !

Kelemvor

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