Et bien en ce qui me concerne, j'ai énormément de mal à comprendre l'extrême sévérité des critiques du public français sur ce film. Moi, je l'ai adoré malgré ses défauts.
Ce film m'a captivé du début à la fin. Le film est très court quand j'y repense ; 1h20 c'est très peu, et pourtant j'ai eu l'impression qu'il durait plus longtemps car je ne me suis pas ennuyé une seconde. La musique était toujours très bien choisie, l'action était régulière, l'intrigue est exceptionnelle (dans les critiques très sévères, on relève peu voire pas du tout le fait que, surtout à l'époque de la sortie du film, xXx 2 était déjà un "extraterrestre" puisque le cinéma hollywoodien se focalisait encore beaucoup sur les menaces extérieures, venant de l'Europe, du Moyen-Orient ou de l'Asie), et les acteurs, certes très connus pour la plupart, ont un jeu très convaincant, en plus du charisme...notamment du côté des adversaires du héros. Parce que s'il y a un problème dans ce film, il vient essentiellement des héros...
Pour le scénario, les "ennemis" font peur, ils sont redoutables et machiavéliques. Mettre en scène au cinéma l'organisation d'un véritable coup d'Etat militaire dans un pays comme les USA (l'un des berceaux de la démocratie, un pays dont le gouvernement est encore le plus puissant du monde et supposé être le plus protégé, même si ici tout est sans doute facilité par le fait que l'artisan du complot soit un proche du Président), cela a quelque chose de particulièrement jouissif. Et en même temps, une telle intrigue fait qu'on est sous haute tension pendant au moins les trois quarts du film.
Ceci à tel point que lorsque je ressors du cinéma, je ressens un léger goût amer dans la mesure où les personnages "méchants" n'ont pas été assez exploités et approfondis. Contrairement au premier opus de la saga où les dialogues étaient très développés et disaient beaucoup sur les motivations et l'esprit des terroristes aussi bien que des héros, le second, peut-être du fait de sa durée courte, a tout précipité pour le coup ! Et malgré la teneur éminemment politique de la saga (si, dans le premier épisode, le thème était l'anarchisme, dans le second, même si ce n'est pas assumé clairement, c'est le thème du fascisme), j'ai l'impression que tout est volontairement camouflé par des pitoyables répliques circonscrites au train de vie d'une communauté très repliée sur elle-même.
Par exemple, je trouve dommage que le personnage Deckert soit si caricatural. Certes, on est ici face à ni plus ni moins que l'homme d'extrême-droite pur et dur, qui pense défendre son pays en postulant qu'on est forcément plus fort sans âme, dans l'exaltation de la force brute, virile, et dans la détestation des autres (pour moi c'est au contraire une drôle de façon d'aimer son pays que de ne l'aimer que dans cette expression finalement très rétrécie et limitée, mais peu importe), un peu comme le mari violent ou le père violent qui prétend aimer ses enfants en les martyrisant, en les harcelant et en les punissant quotidiennement. Néanmoins, rien ne l'empêchait de ne pas participer à ce gouvernement et de se présenter à des élections comme un Trump l'a fait, au lieu d'attendre de progresser dans les échelons et de fomenter une action aussi violente. Et ce même si, dans l'histoire, Deckert avait déjà fait preuve de beaucoup de cynisme dans ses actions passées (d'où l'emprisonnement initial de Stone).
La plupart des assaillants de Deckert, on ne voit pas leur visage et on ne sait rien d'eux, c'est dommage aussi.
J'ai encore moins compris lorsque Deckert, à la fin, après que son plan initial ait échoué et qu'il ait admis lui-même vouloir préserver son image en se faisant passer pour "le sauveur du président mais qui a échoué", ait voulu le tuer après qu'il ait été extrait du train par hélicoptère, alors qu'en plus il n'avait manifestement plus les moyens d'échapper à l'intervention de Gibbons, même le train n'ayant plus de frein. Cela n'avait pas de sens, sauf peut-être s'il s'agissait d'un acte désespéré pour avoir au moins partiellement été fidèle à sa cause en faisant en sorte qu'un nouveau président arrive malgré tout.
Je me suis aussi demandé ce qui pouvait pousser cette fille de sénateur (Charlie) à soutenir Deckert. Elle baignait dans l'opulence grâce à son père et son statut social, qu'aurait-elle eu à gagner ici ? Peut-être un poste intéressant ?
J'ai trouvé dommage, car sur le bateau du bras droit de Deckert, je m'attendais à ce que Stone lui demande "Pourquoi faites-vous ça ?", mais à la place, il se contentait de s'étonner de retrouver son équipe portée disparue, puis de demander à Gibbons ce qui se passait et après l'action s'enchaînait. Ce qui m'a amené à une sensation d'autant plus désagréable, c'est lorsque celui-ci lui a dit, après qu'il l'ait assomée, "vous auriez dû la tuer, cette pétasse !!". Là je me suis dit que le film dérivait dans la misogynie crasse, comme lorsqu'elle a été abattue à la fin au Capitole et que Gibbons remettait ça sur le tapis.
Enfin, Ice Cube, je ne le connaissais pas jusque là, mais pour moi c'était un mauvais choix pour ce film. Il était beaucoup trop bourrin, trop stéréotypé et n'avait pas le profil d'un agent secret comme Xander Cage. Certes, il faut bien admettre qu'on n'est ici plus dans le même contexte que dans le premier opus, avec toute l'opération d'infiltration. Dans celui-ci, l'infiltration était quasi-inexistante et les rares tentatives se soldaient par un cuisant retournement qui ne dépendait pas des compétences du héros. Mais on est très loin de la carrure, du raffinement et du charisme de Vin Diesel. J'ai même trouvé carrément vulgaire le personnage, notamment sa façon de parler et de manger une fois sorti de prison, et les références au McDonald's comme cela s'est produit à plusieurs reprises, même dans son duel final face à Deckert. Franchement ridicule, pour le coup ! En plus, McDonald's n'est pas franchement une référence glorieuse pour la génération suivante ne serait-ce que pour sa réputation de malbouffe.
Au-delà de la médiocrité des dialogues, dont on voit clairement qu'en plus, on a copié à certains moments, de manière précipitée et ridicule, ceux du premier opus, par exemple, le "Qu'est-ce que je ferais pas pour mon pays !" (cela sonnait faux dans la voix de Stone), je regrette également que l'aspect "gang" se soit invité à ce point dans le film.
Voilà les points qui ont assez gâché sa crédibilité du point de vue des héros. Ceci dit, la musique était excellente et son ex-petite amie Lola était magnifique (il est difficile de le nier). En outre, je suis obligé de reconnaître que si j'avais eu l'esprit réactionnaire ou tordu, j'aurais dénigré le film en l'ayant perçu comme un acte militant en faveur du multiculturalisme, avec d'un côté les gentils noirs, et de l'autre, les méchants blancs.
Bref, et on peut toujours critiquer les deux ou trois scènes téléphonées et surréalistes qui ont jonché le film, notamment la voiture de sport qui se croche comme par miracle aux rails et avec laquelle le héros s'infiltre dans le train sans trop de difficultés. Il y a sans doute des points négatifs et il ne faut pas faire l'impasse dessus. Une fois qu'on les a cités, il ne faut pas oublier que le film remplit son rôle ; capter le spectateur avec une ambiance, une intrigue et une musique prenantes, des acteurs excellents du côté des "putschistes" mais aussi de Scott Speedman !