Sept ans après Hollywood, dernière déclinaison des Y a-t-il un flic, la saga reprend frauduleusement. Y a-t-il un flic pour sauver l’Humanité est en fait un film germano-canadien qui n’a pas été tourné par les ZAZ et ne les a aucunement impliqués. Nielsen s’y retrouve dans son rôle d’inspecteur folklorique mais s’appelle Richard Dix aka »Dick » ( »Sex » en VF) et non plus Franck Drebin. Le film est exclu de la trilogie des Y a-t-il un flic (opus datant de 1988, 1991 et 1994) mais est vendu comme une suite – de façon encore plus explicite en France, le titre VO étant 2001 : a space travesty.
Cet opus bonus écume les abysses : il est retenu parmi les pires films de tous les temps et c’est en effet une purge monumentale. De l’humour grivois, parfois inventif et navrant avec panache, on passe à la débilité de neurasthéniques sous amphétamines. Allan A.Goldstein consume ses grosses ressources mais n’a aucune ligne, à tel point que ce truc à 26 millions de $ a des allures de série Z produite par Endemol. Cette caractéristique lui apporte d’ailleurs un peu de caractère, d’ailleurs l’intérêt essentiel du film est son défilé de mannequins en tenue légère – dont Ophélie Winter, nouvelle acolyte de Nielsen. Sinon c’est la berezina promise : un spectacle aussi catastrophique qu’hystérique.
Les personnages ont changés, ils sont tous nuls, Nielsen lui-même est gâché. Les acteurs relaient avec peine, certains sont carrément douteux. L’intelligence verbale et l’ironie sont pour le moins.. primaires : « Jusqu’ici ça roule » ; « allons pas de pessimisme ». Les CGI sont affreux, l’humour en est un de fini absolu dans un sursaut d’énergie au résultat consternant, parfois même glauque (la scène d’exposition, un des seuls moments amusants). Y a-t-il un pilote à la tête de ce film ?, y a-t-il quelqu’un concentré sur quelque chose, ou bien n’y a-t-il que des cameraman et décorateurs bourrés accompagnant un casting paumé ? Toutefois ce film n’est pas qu’un misérable crash, c’est aussi le produit d’un zèle parodique mal compris et bâclé – peut-être une parodie de film (humain) en soi. Ed Wood ressuscité a fait dans le burlesque et ça a donné cette chose.
C’est peut-être un des plus gros étrons sur grand écran de tous les temps mais ce n’est pas pas un produit insignifiant. Voilà une sorte de happening de l’ère Loft Story avec des envolées curieuses (touche-pipi & couilles en délire), un semblant d’humour miteux et un montage aberrant, ou simplement exécrable quand il tend vers un genre de complexité (les inserts de documentaires ou de films en noir et blanc). On retrouve toutefois des choses dans la lignée des trois vrais Y a-t-il un flic : les contrastes bourrins et assez enfantins, le libidinal parfois vaudevillesque. Tout l’espace de bal des sosies foireux du final n’est qu’une radicalisation de trasheries éthyliques comme on peut déjà en trouver, dans la comédie familiale ou pour dimanche comateux plus ou moins A ou bis en terme de présence.
Ainsi on découvre un pape wannabee destroy et amateur de rap, une Hillary Clinton blasée mais toujours prête à lâcher son fond euphorique (l’insistance sur ces personnages est troublante, surtout Hillary dont on ausculte les mimiques à répétition). L’In the navy à l’opéra est un beau gros climax. Cette séquence rachète un peu le film et donne du sens à la catastrophe. Elle contient d’horribles délires en musique [le Président Clinton fait du saxo(phone)] mais à ce moment le 2001: a space travesty atteint des cymes dans le grotesque. L’ultime séquence en tête-à-tête avec Winter est même valide, à son niveau. Dans ces moments le film peut laisser des traces, qu’on rit ou pas. Sorte de mutant entre Coneheads et les coulisses du Bigdil un Nouvel An fiévreux, 2001 a space travesty trouve sa place dans la galaxie des aberrations burlesques. Entre Massacre à la tronçonneuse 4 et De retour pour minuit précisément, ces deux-là étant plus sympathiques et/ou pittoresques, quoique moins faciles à endurer.
https://zogarok.wordpress.com/2018/06/15/y-a-t-il-un-flic-pour-sauver-lhumanite/