Y a-t-il un Pirate Sur l'Antenne ? aussi connu sous le nom de Superflic se Déchaîne est un film de Jean Claude Roy réalisateur et scénariste touche à tout qui est passé du mondo à la française (La Mafia du Plaisir) à la comédie en passant par l'horreur (il est scénariste de La Revanche des Mortes Vivantes) , l'érotisme, le polar (L'Insolent) et la pornographie (L'immense majorité de sa filmographie). Vague cousin un peu neuneu voir complètement débile de certains films de Jean Yanne, Y a-t-il un Pirate Sur l'Antenne ? s'attaque à la télévision avec un certain esprit libertaire mais avec malheureusement bien peu d'intelligence.
Le film raconte l'histoire de trois jeunes mecs qui se font recaler alors qu'ils postulaient pour travailler sur une télévision locale de la cote d'azur. Ils décident alors de s'associer pour fonder une télévision pirate, libertaire et déconnante baptisée Canal Soleil et sont rejoints par trois jeunes filles dans l'aventure. Voyant tout ceci d'un sale œil le gouvernement envoie sur place son meilleur flic pour faire cesser la diffusion de Canal Soleil et arrêter les pirates du petit écran.
Dans son humour, ses références parodiques, son esprit et même ses thématiques Y a-t-il un Pirate Sur l'Antenne ? est terriblement ancré dans les années 80 et son époque puisque nous sommes en 1983 et que les premières chaînes privées s’apprêtent à débouler dans le paysage audiovisuelle français. Mélange de calembours pachydermiques, de parodies, de conneries juvéniles, de numéros de music-hall bien ringards, d'érotisme et de cabotinage Y a-t-il un Pirate Sur l'Antenne ? fait parfois penser au pire des premières émissions de Stéphane Collaro mais draine avec lui un petit esprit libertaire de choc des générations parfois presque amusant. Alors oui c'est complètement nul et con à se taper la tête contre un mur en crépi, mais ces jeunes qui s'attaquent à la télévision figée de papa avec une certaine énergie anarchique sont globalement plutôt sympatriques. Pour le reste le film est un festival de mauvais bons mots, de plaisanteries bien lourdes, d'humour aussi daté que douteux, de gags à tiroirs qui s'éternisent dans la médiocrité, de nullité cosmique et de cabotinages. Pour commencer le casting réuni donc deux générations avec d'un côté les jeunes rebelles cathodiques pas sérieux et de l'autre toutes celles et ceux qui représentent un peu l'ordre établi poussiéreux et une France un peu vieillotte. Dans notre bande de dj'euns on reconnaîtra surtout Eric Metayer (Fils d'Alex), Charlotte Kady chanteuse et animatrice sur antenne 2 mais aussi comédienne qui tournera six film pour Bertrand Tavernier et Natacha Guinaudeau qui justement était une des Coco girls chez Collaro. Quant au trois autres ils n'ont objectivement pas fait grand chose en tout cas pas carrière dans le cinéma. Le casting est un bien plus "prestigieux" et étoffé du coté des anciens puisque l'on retrouve dans des rôles de plus ou moins grande importance toute une constellation de seconds couteaux pas toujours bien aiguisés de la comédie franchouillarde avec Roger Carel en commissaire de police, Guy Grosso (sans son compère Modo), Michel Crémades, Jean Paul Farré, Roger Trapp, Gerard Croce, l'imitateur Claude Vega, Bernard Musson et Jean Claude Arnaud (Acteur principal de la série Les Minichroniques de Goscinny). Et puis en vedette, bien qu'il n’apparaisse qu'après 40 minutes de film on retrouve Paul Préboist qui nous offre un véritable festival dans son rôle habituel d'éternel naïf lunaire et innocent. Jamais avare de mimiques et de déguisements on le verra ici avec une fausse moustache, un costume de cow-boy pour une parodie de western, en tenue de camouflage militaire avec des feuilles dans les oreilles, en costard ou avec un magnifique tee-shirt de Mumbly (Les plus jeunes chercheront). Avec cette équipe de rêve mais de banc de touche de la vanne on ne pouvait guère espérer plus qu'un naufrage et on l'aura …
Si pour commencer je vous dit que Préboist interprète l’inspecteur Harrry Koseck et qu'avec lui ça va péter des flammes selon un des plus fin dialogue du film prononcé par le ministre de la culture aux cheveux roses, vous aurez une minuscule idée du reste. D'ailleurs niveau dialogue on nage dans un gros gloubiboulga (oui je sais référence de vieux) de citations qui vont de Bizarre vous avez dit bizarre à Qu'est ce que tu bois doudou dis donc en passant par Que Vous êtes joli que vous me semblez beau et Marie Pierre Casey qui vient dire qu'elle ne fera pas ça tous les jours. Des fables de La Fontaine à une publicité de Carlos c'est un grand écart qui demande une certaine souplesse, mais le pire reste encore les dialogues fait maison du style Nous le savons de Marseille, Attention les yeux on est cernés , Vous êtes prié de laisser l’évêché aussi propre que lorsque vous êtes entré, Le Soleil j'en connais un rayon … Parfois on a même droit à un combo ultime avec un gag à rallonge et un festival de mauvais bons mots comme lorsque l'inspecteur surprend un couple déguisé en sirènes en train de batifoler dans une camionnettes ce qui provoque le dialogue suivant : C'est pour ça qu'ils sont muets comme des carpes (Rire) Vous voulez qu'on les cuisine (Re-rire) Mais attention les sirènes ça donne toujours l'alerte (Re-re-rire), ensuite le camion explose et on découvre deux arrêtes géantes !! Le même combo ultime situation amusante, dialogues savoureux et finesse se vautre aussi parfois dans une beaufitude qu'on aimerait n'être que d'un autre temps comme lorsque le patron de cette TV local reçoit une stagiaire à lunettes et lui lance Une secrétaire qui a une bonne vue et qui vient travailler à l’œil c'est louche, il lui propose alors un test comme chez l'ophtalmologiste ou elle doit lire sur un panneau Tu baises ? Juste avant de faire tomber un lit du placard pour une bonne promotion canapé des familles dans la joie et la bonne humeur. Ah ça on savait rire à l'époque sans toutes ces féministes lesbiennes; hystériques, véganes et wokiste !!
Il reste tellement de conneries à pointer que je dois consulter mes notes prises durant le visionnage du film, la main tremblante et le cerveau s'écoulant de mes trous de nez. Ah oui, on a en vrac on a ; une secrétaire qui fait du repassage juste pour dire à un mec qu'il doit repasser, un personnage qui s'appelle Gerard Manvu, Paul Préboist qui fait le mérou, les poules d'un ministre qui pondent des œufs bleus blancs et rouges, limitateur Claude Vega qui fait Barbara et Alice Sapritch, un jeu TV tellement con qu'il aurait pu exister avec une femme qui doit remettre ou enlever un vêtement selon que se sont des hommes ou des femmes qui répondent bien à un quizz de culture à la con et toujours quelques brillants dialogues comme Vous êtes tous prêts à nous faire prendre les vessies du bon dieu pour des lanternes sauvages. Ah si j'avais noté un truc qui m'avait fait sourire et on terminera sur cette note positive et encourageante, à un moment Préboist trouve une photo de De Gaulle sur un mur et demande aux flics qui l’accompagne de la prendre pour vérifier son casier.
Le pire avec Y a-t-il un Pirate Sur l'Antenne ? c'est qu'il porte un message libertaire plutôt plaisant, intimant aux spectateurs de faire grève face au spectacle consternant de la télévision et de donner le pouvoirs de création aux artistes. Je ne sais pas si le film, sa consternante bêtise et sa connerie nocive sont les meilleurs représentant de l'imagination au pouvoir.