Il n'y a pas longtemps, j'ai vu le court-métrage "Ya Basta !" de Gustave de Kervern.
Le Grolandais aviné (de bon sens) a tourné avec des acteurs pro comme Moreau, Darroussin, Lochet ou Legrand mais aussi avec - et c'était l'objet du court - des handicapés.
A ce titre, je salue ce film car il est nécessaire et encore plus nécessaire de le reproduire à l'infini.
Le court était drôle quoique expéditif. Il était d'ailleurs amusant de voir des acteurs professionnels comme Legrand ou Lochet se planter dans leur rôle, très court pourtant, par rapport aux qualités de jeu qu'on peut deviner chez une personne en retard dans son développement personnel.
Mais une chose m'a perturbé. J'avais vu ce court-métrage lors d'une soirée organisée par un ciné associatif et je m'attendais à un métrage un peu plus long. Ils ont d'abord présenté le film, puis le court est diffusé. Il s'en est suivi les applaudissements complaisants puis une interminable présentation des différents contributeurs, puis les questions timides et cousues de fil blanc. Il y avait quand même la question de l'éducation spécialisée et la situation de certains centres qui se posaient et ça, c'était très pertinent. Le reste dégoulinait et moi, quand ça dégouline, je racle sur les bords.
Imaginez : faire une soirée spéciale pour un seul court-métrage.
C'est osé !
Le court-métrage était tellement présenté, tellement dans l'enclave du propos "regardez, c'est merveilleux, les handicapés sont comme nous, ils peuvent jouer !"... que, finalement, toute notion cinématographique, à commencer par la critique, n'était pas permise. Elle était complètement inhibée sous le flot moral et social.
C'est justement avec ce type de prise d'otage humaniste que les handicapés restent des handicapés et que leurs institutions restent des prisons.
Alors je salue l'entreprise difficile, je partage les peines bien évidemment, mais de grâce, considérez ce court-métrage comme un autre. Sans différence. Je vous en supplie !
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