Ce film constitue un parfait antidote à Max et les Maximonstres.
Une enfant qui n'a pas de papa, déguisée en animal qui arrive dans un monde étrange où les autochtones attendent quelque chose d'elle ? Ça vous rappelle rien ?
Sauf que là, Yona leur sert vraiment à quelque chose, et elle même en sort grandie. Par exemple, au détour d'un flash-back super émouvant, on apprend que le papa de Yona lui avait dit un jour qu'il avait volé avec des pingouins, pour lui donner le courage de sauter d'un mur jusque dans ses bras. Or évidemment, il n'en était rien, mais sur le coup il était vital qu'elle apprenne la confiance, quitte à l'envelopper de fantastique. Or le père est mort et c'est pour ça qu'elle n'a pas eu le loisir de se débarrasser de l'élément fantastique de façon sereine.
Je trouve ce travail sur la psychologie de l'enfant très pertinent, et la scène où elle prend son envol est à la fois émouvante, et techniquement irréprochable.
Le film annonce aussi une idée hautement originale pour un film pour enfants. Souvent, cédant au manichéisme le plus évident, les faibles sont attaqués par des méchants méchants, avec des méchants sous-fifres, et des méchants robots, etc...
Là on a quand même une chouette parabole : le méchant annexe est en fait un ange déchu et turbulent, utilisé par le méchant méchant pour être surpuissant. Du pur Star Wars me direz-vous, mais dans un film essentiellement tourné vers les 3 à 6 ans, je trouve chouette de montrer à l'écran ces notions de rédemption, de pardon et de noble sauvetage.
Et, chose incroyable, la petite fille ne vient pas à bout du méchant méchant !
Finis les Frodos et Willows, qui parviennent à mettre en défaite le méchant gigantesque au détour d'une ruse de Sioux. Là, Yona se voit attribuer un but annexe, mais très important ( voler après des chauves-souris qui ont dérobé l'aile du petit chérubin. ) tandis que les vieilles divinités qui avaient maille à partir avec le méchant s'en chargent à coups de Dragon !
D'une manière générale d'ailleurs, l'utilisation du folklore Japonais est très agréable. Suffisamment couleur-locale pour être un peu exotique, mais suffisamment reconnaissable pour ne pas aliéner le spectateur.
Le design des différents décors est simple et fluide, fait de collages et de formes rondes, et les mouvements de caméra deviennent cohérents et parfois même complètement bluffants ( Je pense notamment à la scène de vol ) !
RinTaro demeure un formaliste audacieux, et le Studio MadHouse le lui rend bien :
L'alchimie entre le fond et la forme est sans faille.
Bref, malgré un début un chouilla brouillon, Yona est une vraie réussite, et vaut le déplacement.