You Should Have Left ne vaut pas pour ses retournements scénaristiques, très prévisibles et quelque peu ridicules, ni même pour son imagerie horrifique elle aussi conventionnelle ; non, sa valeur tient à sa capacité de se saisir de la maison comme d’un espace-écran sur lequel se projettent les angoisses et les préoccupations du personnage principal.
Comme dans Secret Window, la maison occupe une place centrale et ne cesse de muter selon l’état psychologique dudit personnage, allant du refuge contre le froid du vent au dédale monstrueux, figuration tout à la fois de l’espace mental saisi dans sa complexité essentielle – à l’instar de ce que proposait M. Night Shyamalan dans Split – et dénonciation d’un style contemporain impersonnel ; ce style Ikea qui unifie tout, organise tout, enferme les membres de la famille dans une prison de laquelle sont bannis les photos, les souvenirs, les signes de vie. Ces pièces qui se suivent et se ressemblent, ces portes que l’on pensait avoir fermées, ces chambres à la décoration standardisée, évoquent celles d’un grand magasin où tout est à vendre, du sol au plafond. L’originalité du film de David Koepp réside peut-être là, dans l’articulation d’une culpabilité qui ne parvient à s’exprimer avec un habitat lui aussi empêché, vidé de sa substance vitale pour ne garder que des fondations impossibles puisque construites sur des chimères, des mensonges.
En résulte un témoignage assez intrigant de notre détresse contemporaine, reflet d’une époque définie par sa simulation.