You're a piece of work... You're a piece of shit.
Le générique défile au rythme d'une bande K7. Ces quelques minutes prennent la forme d'un How It's Made pudique, colorisé et mélodique. Epoque, comme on dit, révolue. Installée à Minneapolis (ou Mini Apple pour les désoeuvrés), Mavis Gary tente de rédiger le dernier tome d'une série à ranger dans la catégorie YA (Young Adult). Loin de l'univers de la sorcellerie ou du vampirisme évoqué par un bookman local, elle se nourrit principalement de commentaires innocents faits dans les fast-foods ou au cours d'émissions de télé-réalité en compagnie de Ben & Jerry's. Les yeux rivés sur le cadran de son ravissant bolide, l'héroïne ne décroche pas de ces propres années 90. Même sans recoucoir à une infographie sur les ventes de Mini aux Etats-Unis, il y a une faille dans le script. L'équipe du film se rattrape sans difficulté avec la bande originale : Teenage Fan Club, Dinosaur Jr, Pearl Jam...
Bouleversée par l'annonce d'un heureux évènement, elle décide de revenir sur son territoire de conquête lycéen, la terne Mercury. Intimement convaincue de retrouver son premier amour, cette grande blonde enchaînera autant d'erreurs de jugement que de tenues aguichantes. En commandant un bon vieux Maker's Mark, elle est rapidement reconnue par une des figures (tristes) du lycée. Matt, béquille et détails à l'appui, s'étonne du retour de la belle blonde et découvre sans plus tarder l'objet de son séjour. Malheureusement, ce rôle de hacker de G.I. Joe, touchant par moments, frôle la caricature dans le genre.
Les choses finissent toujours par se savoir quand on redécouvre l'endroit de sa première gorgée de bière. Au petit matin, une voiture se rapproche lentement. La vitre se baisse. Sa mère ne l'aurait pas reconnu. En flânant dans sa chambre d'adolescente ou en regrettant de voir au mur le seul bon souvenir de son mariage (raté), elle rejoint ses parents à table et prend conscience de son addiction à l'alcool. Des éclats de rire entre deux cuillerées de purée. Adolescente, Mavis ne s'intéressait pas à son voisin de casier, mais plutôt à Buddy. Ce footballer mélomane est maintenant un homme marié, amorçant sereinement sa vie de père. Mais comment le reconquérir ? Le match est perdu d'avance pour cette joueuse de Wii.
L'adulescence n'est autre que le thème choisi par le réalisateur torontois et l'étonnante scénaristeDiablo Cody. Ce mot-valise trouve bonne place dans chacune des paupières de Mavis. On se perd rapidement avec tous ces repères générationnels. En repensant à la fraîcheur de Juno (2007), leSunny Delight a été simplement remplacé par du Diet Coke au p'tit déj'. Mavis peine déjà à s'occuper d'un loulou de Poméranie. Est-il raisonnable de s'afficher publiquement sur une pelouse où conversent les invités d'un baptême ?
Le quatrième long-métrage de Jason Reitman reste inégal. Les pics bien sentis s'essoufflent avec les mètres parcourus entre un comptoir de bar et un dessus de lit. Charlize Theron, dont la carrière cinématographique reste un mystère pour moi, met à contribution son allure et sa garde-robe pour forcer un peu plus les (écarts de) traits de crayon de Mavis. Le jeu du modèle ne peut égaler celui de Naomie Watts ou de Kate Winslet (sur le retour). La critique ou encore l'empathie sont loin d'être perceptibles. Le réalisateur avait su convaincre ces spectateurs de la belle époque. Il ne s'agit plus d'arrêter la cigarette (ou non) en souriant à la vie, mais de multiplier les séances de manucure avec l' air paumé. Un donut sur la route du retour, tiens.