Cela manque d'étincelles, tout ça !
Jason Reitman, fils du réalisateur des S.O.S. Fantômes (Ghostbusters – c’est vrai que ça sonne mieux en VO !) s’est fait remarqué du grand public avec Juno en 2007, petit film indépendant qui a remporté un vif succès. Pour son quatrième long-métrage, le cinéaste refait donc appel à la scénariste Diablo Cody pour la nouvelle comédie dramatique qu’est Young Adult, avec en tête d’affiche la somptueuse Charlize Theron. De quoi titiller l’attention de bon nombre de spectateurs ! Mais ce nouveau film est-il à la hauteur de Juno ?
Dans son concept scénaristique, du moins dans le personnage principal qu’il met en avant, Young Adult est l’exact contraire de Juno. Alors que ce dernier parlait du parcours d’une adolescente de 16 ans enceinte qui doit faire face à des responsabilités d’adultes, Young Adult nous présente une trentenaire un chouïa alcoolique et menant sa vie comme elle veut mais qui reste coincée à l’adolescence car rêvant du prince charmant. Une femme dépressive qui écrit des bouquins pour jeunes du style Twilight et se présente aussi paumée que ses personnages en mal d’amour, vivant dans son petit monde et qui ne voit jamais au-delà de celui-ci. Une idée de base sur le papier sympathique, d’autant plus que bon nombre de détails rappellent la comparaison entre la « quête » de l’héroïne (reconquérir son ex qu’elle considère comme l’homme de sa vie) et les histoires qu’elle écrit. Un personnage fort intéressant pour un film qui, malheureusement, ne tient pas ses promesses.
Young Adult est annoncé comme une comédie dramatique. Au ton et à la profondeur certes matures mais comédie quand même ! D’ailleurs, l’affiche du film renforce cette attente : une adulte portant des habits flashy jusqu’à un t-shirt Hello Kitty, posant devant un fond blanc et derrière des banderoles plutôt colorées à l’image de ses vêtements. Promettant donc un long-métrage qui veut offrir un peu de légèreté, un petit décalage comique qui ferait de Young Adult un rayon de soleil à la Juno ou à la Little Miss Sunshine (pour citer un autre exemple de film indépendant à succès). Dès les premières minutes du film, l’ambiance de celui-ci se présente d’une toute autre manière : sombre et cynique. Juste parce que l’héroïne est en pleine dépression, en a marre de son quotidien pompeux qui la vampirise (qu’une chanson écoutée en boucle vient renforcer) ? Cela aurait été une excellente idée si cette atmosphère s’était envolée dès que le protagoniste débarque dans son village d’antan. Or, Young Adult, du début à la fin, arbore ce même ton pesant qui n’aide pas vraiment à ensoleiller notre moral.
De ce fait, Young Adult gâche un potentiel comique qui aurait pu valoir de l’or, notamment dans les personnages hauts en couleur qu’il présente. Tout en tirant parti des liens qui les unissent, comme notre héroïne faisant ami-ami avec un geek de base, rejeté à l’époque du lycée alors qu’elle était la reine (tout a fait le genre de fille qui évite de traîner avec ce genre de gars). Des moments dont le mordant était assuré, surtout quand l’héroïne semble posséder la verve d’Ellen Page dans Juno. Malheureusement, la plupart de ces instants tombent à l’eau, l’étincelle nécessaire ne répondant jamais à l’appel. Surtout que cela manque d’une BO qui aurait justement aidé à donner du peps (comme dans Juno, encore une fois). Des moments qui paraissent plus comme des transitions pour permettre l’acheminement de l’histoire inventée par Diablo Cody, en mode autobiographique, qui veut nous emmener quelque part mais en vain. Car la fin est prévisible et on se demande encore ce que ce film a bien voulu nous dire, à part nous prendre une heure et demie de notre temps.
Néanmoins, ne jetons pas la pierre ! Hormis ses défauts, Young Adult reste un film plutôt sympa à regarder, qui se laisse suivre sans déplaisir et qui met en avant un personnage principal assez attachant malgré son côté peste. Cela, le film le doit à ses comédiens. Une jolie petite troupe menée avec brio par une Charlize Theron qui prouve, une fois de plus, qu’elle n’est pas que mannequin pour les parfums Dior. Qu’elle sait jouer. Qu’elle sait se plonger dans la peau d’un personnage. Qu’elle n’a pas peur de s’enlaidir ou de briser son image glamour pour lui donner vie (quand vous aurez vu Monster, pour lequel elle reçut l’Oscar de la Meilleure actrice, vous comprendrez). Suffisant pour accrocher un minimum à Young Adult.
Mais pas assez pour avoir là un film qui laisse une forte impression comme Juno. Retrouver le tandem Jason Reitman / Diablo Cody n’aura pas vraiment fait des étincelles. Dommage, étant donné de ce que pouvait promettre Young Adult. Un film indépendant qui remboursera son budget de 12 millions de dollars mais qui ne récoltera pas suffisamment pour être une œuvre impérissable dans l’inconscient collectif. Jason Reitman, tu peux faire mieux que cela !