Le vaudou n'est pas toujours un sujet envoûtant : la preuve !

Ce film prétentieux et mal maîtrisé ennuie sans émouvoir ni distraire. Il faudrait savoir si le réalisateur souhaite nous parler de ce temple de l'élitisme qu'est le lycée de jeunes filles de la Légion d'Honneur ou du sort des zombis en Haïti, ces icônes des damnés de la terre s'il en est. Les deux sujets sont dignes du plus grand intérêt à condition de ne pas les mélanger de manière confuse et incohérente en espérant que le spectateur sera tellement impressionné qu'il n'osera pas poser de questions. Pensez donc, Patrick Boucheron en personne est engagé pour faire cours aux jeunes filles de la Légion d'Honneur. On se dit qu'il doit y avoir des clés du côté de l'histoire globale, de la critique de l'européocentrisme, ou peut-être même un pas de côté vers l'approche décoloniale. Eh bien non, pas du tout. En fait, tout cela n'a ni queue ni tête. Si la vie quotidienne des descendantes des glorieux médaillés, cette noblesse créée par l'empereur, est montrée avec un luxe de détails (dont on se passerait, ou alors, il faut confier la plume aux Charlot-Pinçon), les scènes haïtiennes sont plus rares et moins parlantes, tout juste folkloriques. Peut-être Bonello a-t-il voulu dire quelque chose... Mais quoi ? Une courte réplique semble tardivement ouvrir une fenêtre de compréhension à travers la connexion des deux mondes, quand la jeune fille qui se croit ensorcelée dit à la tante vaudouisante " ce n'est pas parce que je suis blanche et en bonne santé que je ne peux pas être malheureuse... ". Et puis, c'est fini. En tous cas, il n'est pas évident de comprendre où on souhaite nous mener quand bien même ce bric à brac fournit assez de matériaux disparates et variés pour construire quelque théorie fumeuse. Un des derniers cartons qui clôturent le film annonce, sans sourciller, qu'il y aurait (ou aurait eu) dix mille zombis en Haïti. Je rêve ? En tout cas, je n'ai pas été envoûté.

Cheminet
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le 14 juin 2019

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Félix Cheminet

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