Don't Try Zombies Argentina

Et si ce bon vieux Georges Romero était un imposteur et que son film fondateur du cinéma horrifique moderne La Nuit des Morts Vivants n'était en fait que le plagiat d'un film argentin sorti trois ans avant de totalement disparaître. C'est en tout cas ce que nous raconte Zombies in The Sugar Cane Field - The Documentary, un documentaire de Pablo Schembri qui part à la recherche de ce film maudit et oublié pouvant remettre son réalisateur et l'Argentine a sa juste place dans l'histoire du septième art.

Documentaire ou Documenteur, That is the question ? Et si vous souhaitez menez votre propre enquête et vous prendre au jeu de cette question il est préférable de ne pas poursuivre plus en avant cette petite critique. Je ne vais pas vous prendre par surprise et je vous laisse donc quelques lignes de lalalala pour vous décider : rester ou fuir ...

Lalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalallallallalallalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalallallallalallalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalalallallallalalalalalalalalalalalala

En réalisant le film Zombies en el cañaveral en 1965, le réalisateur argentin Ofelio Linares Montt aurait donc poser les bases du cinéma horrifique moderne et Romero lui aurait ensuite tout voler en plagiant honteusement son film pour en faire La Nuit des Morts Vivants. C'est en tout cas ce que le réalisateur Pablo Schembri va s'efforcer de démontrer durant 90 minute à la recherche du film perdu. Le "problème" c'est que la supercherie ne va pas durer bien longtemps et qu'à la simple vision des images de la bande annonce de Zombies en el cañaveral qui sont prétendument les seules images encore existantes du film on a la sensation de voir une bonne grosse copie reconstituée de Night of the Living Dead avec des images qui ne font pas tout à fait d'époque. L'illusion tient la route mais reste une illusion et en reprenant des tonnes de plans de La Nuit des Morts Vivants à l'identique, le nom des personnages , les costumes on sent que Pablo Schembri souhaite imposer d'emblée la ressemblance à l'identique sur quelques images bien plus que suggérer une simple inspiration possible. Du coup durant 90 minutes il va s'efforcer de répondre aux questions qu'il est légitime de se poser comme pourquoi cette supercherie n'a t-elle jamais été découverte ? Comment Romero t-il pu voir le film ? Pourquoi il n'en reste que quelques images prouvant son existence ?

Dans sa forme le film est vraiment convaincant, reprenant les codes et la grammaire visuelle d'un documentaire des plus classique et multipliant les intervenants qui incarnent forcément leurs propres rôles ou presque. Il suffira en effet de quelques recherches sur internet pour voir que le réalisateur Ofelio Linares Montt est en fait interprété par un certain Cesar Legname. Pour le reste du casting l'interprétation est d'un bon niveau sans véritables fausses notes mais difficile de juger de la sincérité, la pertinence et l'authenticité des différents intervenants qui nous sont tous parfaitement inconnus. Le film Zombies en el cañaveral aurait donc été réalisé dans la semi clandestinité puis le réalisateur et son producteur seraient ensuite partis avec l'unique copie du film pour fuir la censure afin de la présenter à un producteur américain qui aurait décidé de montrer le film qui serait ensuite devenu un véritable tabac critique et public. C'est donc là que Romero aurait vu le film tout comme Christopher Lee qui aurait proposer à Ofelio Linares Montt de réaliser son futur film pour la Hammer. Impossible donc de croire à cette histoire qui justifierait ensuite une sorte d'amnésie collective lorsque Georges Romero sortira son propre film de morts vivants trois ans plus tard ; pourquoi ne pas avoir choisit l'option un peu plus crédible de quelques projections tests infructueuses dont Romero aurait pu être un spectateur ?? Et le film est ainsi truffé d'approximations douteuses qui plombent la crédibilité de l'ensemble comme lorsque Ofelio Linares Montt raconte être parti aux Etats-Unis dans les années 60 pour faire le tour des salles d'exploitations typiques de seventies avec pour illustration des images de Boss Nigger (1974) et même Deux Supers Flics (1977). On nous parle aussi d'une froid de canard lors du tournage de Zombies en el cañaveral avec pour illustration des images du réalisateur en chemisette (??)

Toute la partie concernant la disparition de l'unique copie du film et des négatifs (donc des preuves) est bien plus convaincante car elle s'appuie sur la censure de l'époque de la dictature de Juan Carlos Onganía. Le film de Pablo Schembri prend même un temps l'aspect d'un véritable documentaire sur l'histoire de son pays rappelant combien à cette époque la disparition d'un proche comme d'un film était une manière poli de dire qu'on ne les reverrait plus jamais. Dommage que cette dernière partie , finalement la plus crédible, survienne après des gros bobards qui font que depuis longtemps on aura flairer la supercherie , mais peu importe finalement c'est le propre du cinéma d'essayer de nous faire croire à des belles histoires.

Zombies in The Sugar Cane Field - The Documentary apparait au final comme un film un peu vain et pas très convaincant même si son réalisateur nous explique qu'il voulait rendre hommage à Romero tout en nous interrogeant sur notre crédulité face aux images. Comme le film traite Romero de gros copieur et qu'on ne croit pas plus de cinq minutes à la démonstration je doute un peu de la réussite de l'entreprise.