Critique de Zone Troopers par Nooky
Un gros nanard même pas assez mauvais pour être culte, pourtant des soldats americains qui découvrent un vaisseau spatial en plein territoire nazi, il y avait du potentiel.
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le 6 mai 2011
Réalisateur, producteur et propriétaire de la société Empire Pictures, Charles Band est à l'initiative de nombreux films fantastiques indépendants depuis le mitan des années 70, dont le mésestimé Laserblast qui fut l'une de ses premières productions en 1978. En marge des majors, Band est ainsi devenu au fil du temps l'une des figures marquantes du cinéma d'exploitation étasunien de par la quantité de films produits. Rapidement catalogué, non sans raison, grand maître du film fauché nazebroque (au hasard sa production Parasite avec la débutante Demi Moore en 1982), l'homme quitta, momentanément, la fange au milieu des années 80 à la fois par sa réalisation Trancers (a.k.a. Future Cop) en 1984 avec la jeune Helen Hunt, et par le non moins fameux From beyond: Aux portes de l'au-delà de Stuart Gordon qu'il produisit en 1986, sans néanmoins remettre en cause sa frénésie productive (pas moins de onze longs métrages produits en 1986 et en 1987) et la nature nanar des films produits (officiellement ou non) sous la bannière Empire Pictures. Dans ce contexte, 1985 apparait comme une année charnière, tant par le nombre limité de sortie, que par le film qui nous intéresse : Zone Troopers. Entre deux mutations et autres sauvages aventures, Charles Band et Danny Bilson, qui signait ici son premier long métrage après avoir été assistant et scénariste pour plusieurs productions Empire Pictures, sortirent des sentiers battus d'Empire en rendant cette fois-ci un hommage appuyé à la Science-Fiction des années 30-40.
1944, quelque part en Italie. Un sergent (Tim Thomerson) et sa patrouille sont coincés derrière les lignes ennemies. Tandis que le caporal Mittens (Art La Fleur) et le correspondant de guerre Dolan (Biff Manard) se font capturer par les nazis, le sergent et le soldat Joey (Timothy Van Patten) découvrent un vaisseau spatial qui s'est écrasé près d'un bois. Or les nazis, dont Hitler en personne, sont également à la recherche de la navette et de ses occupants...
Tourné en Italie, avec un budget en adéquation avec les ambitions d'Empire Pictures, à savoir minimaliste mais pas trop, Zone Troopers s'écarte dans les faits, et comme énoncé plus haut, de la ligne de conduite usuelle des productions de la Band Incorporated. En un mot, compte tenu de l'argent mis à sa disposition et de la réputation d'Empire Pictures, le film est plutôt une bonne surprise. Composé de la même équipe que pour Trancers, devant et derrière la caméra, soit le trio d'acteurs Thomerson/La Fleur/Manard, et le duo de techniciens maison, le vétéran chef opérateur suédois Mac Ahlberg et le monteur Ted Nicolaou, le long métrage évoque au départ les séries B guerrières d'antan, celles réalisées à la chaine après la Seconde Guerre mondiale, avec son lot de scènes d'action caricaturale et de personnages stéréotypés à l'instar du sergent dur à cuir ou de la jeune recrue candide. Puis à l'image des lectures du personnage joué par Timothy Van Patten (plus convaincant en ingénu qu'en méchant lycéen cyberpunk dans le navrant Class of 84), Zone Troopers glisse lentement vers l'esprit des pulp SF de cette même époque, le vaisseau spatial découvert en rase campagne italienne rappelant ainsi les engins intersidéraux de Buck Rogers.
Davantage un hommage à cette SF fleurant bon la naphtaline que véritablement un long métrage parodique, Zone Troopers joue donc pleinement la carte du divertissement suranné, avec les limites qui sont les siennes. Sans prétention, moyennement drôle, le film aurait sans nul doute gagné à être moins bon enfant, pour gagner en subversion ou en ironie, l'apparition de l'alien déclenchant plus la consternation qu'un véritable sentiment de nostalgie. Qu'importe. Si la nature anachronique du film n'excuse pas tout, son scénario peut-être cependant considéré comme une première étape pour le duo de scénaristes, Danny Bilson et Paul De Meo, ces derniers étant responsables d'une variation rétro autrement plus concluante en 1991, The Rocketeer, d'après le comic book de Dave Stevens.
Avec ses effets spéciaux à dessein naïfs, ses acteurs ne se prenant nullement au sérieux (on le serait à moins), Zombie Troopers remplit globalement les attentes (qui étaient de toute façon faibles sinon inexistantes) en dépit d'une mise en scène anonyme. Enfin les plus mélomanes apprécieront le pompage (clin d'œil ?) du thème de La marche impériale de John Williams pour accompagner les nazis.
Un faux nanar à découvrir pour les plus curieux.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2016/05/zone-troopers-danny-bilson-1985.html
Créée
le 15 juin 2016
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