Après une année 2015 portée sous le signe de Pixar (Vice-Versa et Le voyage d’Arlo), Walt Disney Pictures revient en 2016 avec, à son tour, deux longs-métrages d’animation (sans parler du Monde de Dory). D’un côté, vers novembre, nous aurons l’éternelle histoire de princesse (Moana, stupidement traduit en Français par Vaiana, la légende du bout du monde…) bien que celle-ci s’annonce novatrice en la matière, et bien entendu un Disney « moderne » en ce mois de février qu’est Zootopie. Si la firme avait réussi à étonner bien du monde avec Les nouveaux héros, elle n’a cependant jamais vraiment réussi à nous éblouir avec des sujets contemporains et plus matures. Il suffit de voir Volt, star malgré lui ou encore Les Mondes de Ralph. De quoi appréhender Zootopie d’entrée de jeu, d’autant plus que sur le papier, le projet ne semblait proposer qu’une banale virée dans une ville peuplée d’animaux. Avec ça en tête, vous aurez de quoi être surpris après le visionnage !
Car ne mâchons pas nos mots : Zootopie est sans nul doute le meilleur film d’animation Disney depuis belle lurette. Raiponce et La Reine des Neiges alors, me diriez-vous ? Alors oui, ces deux-là sont de très bons divertissements dans l’esprit de la firme aux grandes oreilles et sont véritablement mémorables. Franchement, le jour où l’on oubliera « Libérée, délivrée »… Meilleur dans le domaine du graphisme ? Je n’irai pas jusque-là non plus. Car si Zootopie possède un charme visuel certain, notamment avec ces décors variés et des personnages réussis (certains font vraiment peluches), on a déjà eu plus flamboyant ailleurs (Le voyage d’Arlo, par exemple). Non, là où Zootopie réussit un véritable tour de force, c’est du côté de son scénario. Étonnant, n’est-ce pas ? Car oui, ce film d’animation proposant une simple enquête policière avec des animaux se révèle être une œuvre marquante et ce grâce à deux mots d’ordre.
Le premier, le plus évident : efficacité. Zootopie se présente à nous comme une enquête policière certes assez prévisible pour les plus grands mais au combien intrigante et passionnante à suivre, riche en rebondissements, moments d’action bien menés. Le tout saupoudré d’un humour plus que convaincant qui fera rire toute le monde. L’exemple le plus flagrant étant la scène des paresseux : vous avez beau l’avoir déjà vue des dizaines de fois via les bandes-annonces, vous rigolerez toujours autant, si ce n’est encore plus, en la voyant vraiment. Sans oublier une très bonne humanisation des personnages du film, rendus pour le coup attachants et crédibles au possible grâce à des références culturelles modernes (la marque Apple pour les lapins symbolisée par une carotte croquée, Shakira à la BO et représentée en gazelle…) et des bon sentiments ne tombant jamais dans le rose bonbon. Si ma façon d’expliquer peut paraître ici assez brève, c’est parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire, juste que Zootopie saura captiver toutes les attentions et divertir comme il se doit.
Le second et le plus important : intelligence. Outre le fait de prendre des animaux pour offrir au public des situations et autres détails amusants (un quartier miniaturisé pour souris, un lion comme maire, de petites portes de train pour hamsters, des ascenseurs à gobelets pour girafes…), les scénaristes n’ont pas pris des bêbêtes juste pour le plaisir mais bien pour servir leur scénario de bout en bout. Car derrière cette enquête policière se cache bon nombres d’idées culottées faisant de ce dernier-né des studios Disney un film d’une surprenante maturité. Rien que le fait de proposer une trame généralement destinée à un public plus averti (disparitions, mafia, enlèvements, nudisme…) en dit long sur ce sujet. Sans compter quelques références plutôt adultes (Le Parrain) et des critiques envers certains faits sociétaux (des paresseux en guise de fonctionnaires) et les films Disney eux-mêmes (La Reine des Neiges, en une seule réplique, en prend pour son grade). Mais là où Zootopie fait fort, c’est dans ses thématiques (amitié, dépassement de soi et de ses peurs…). Surtout dans sa principale qui vise les préjugés. Est-ce qu’un renard doit forcément être sournois ? Un lapin ne peut-il pas devenir policier malgré son aspect « trop mignon » ? Des prédateurs n’ont-ils pas le droit d’être bons et gentils ? En jouant à fond cette carte-là, Zootopie rend son existence encore plus aboutie que prévu, devenant pour le coup une œuvre à montrer absolument aux enfants. Car à travers de tels sujets, ils pourront ainsi ouvrir les yeux sur des faux-semblants dérangeants, voire même irrespectueux, qui parasitent actuellement notre existence : un musulman est-il obligatoirement un terroriste, par exemple ? Et rien que pour cette leçon de vie, nous ne pouvons qu’acclamer l’ambition et l’ingéniosité de ce film d’animation !
En sortant de la salle, je me suis surpris à dire devant l’écran « Bravo ». Car honnêtement, je ne m’attendais pas à être aussi amusé, enrichi et ébloui par la finesse de l’écriture. Zootopie n’est pas une banale enquête policière mettant en scène lapins, renards et consorts. Non, le dernier film d’animation des studios Disney est une véritable pépite qu’il faut impérativement voir et faire découvrir à ses enfants. Encore une fois, Raiponce et La Reine des Neiges vous êtes de bons films, mais vous n’avez en aucun cas l’intelligence et la richesse de Zootopie qui, pour le coup, à toutes les chances d’être bien plus marquants que vous !