Il nous a vendu du rêve grâce à un extrait pastichant les employés des administrations en paresseux. Zootopie, le 135e film d’animation des studios Disney multiplie les brouillages de pistes et propose un film bourré de références pour notre plus grand plaisir.
Réalisé sous la houlette de Byron Howard (Raiponce) et Rich Moore (Les Mondes de Ralph), Zootopie renoue avec la grande tradition des films à poils de Disney. Comprendre un film où les animaux sont les personnages principaux.
Faire cela, c’est, quelque part, s’exposer à la facilité. Les effets « Meeeeennn, c’est troooop mignooon ! » jouent beaucoup dans l’adhésion à ce type de film. L’effet « MTM », comme nous l’appellerons ici, intervient à de nombreuses reprises dans Zootopie. Mais bizarrement, c’est de très loin la dernière chose que vous retiendrez du métrage.
Lapin crétin et Goupil le renard
Quoi de mieux qu’un animal pour figurer les stéréotypes humains ? Il s’agit là d’une recette éculée depuis belle lurette. Aussi, sortir un film « à poils » en 2016 est à double tranchant. Pourtant Zootopie n’existe pas pour son étiquette. Il brille par sa faculté à s’en détacher, et à se réinventer en cours de route sans que l’on s’en aperçoive. Zootopie, c’est un peu le premier buddy movie de Disney.
Buddy movie au sens strict. Point de Kevin Hart cependant, et c’est tant mieux. Mais une ravissante lapine, Judy Hopps, qui malgré une famille à longues oreilles qui n’accepte que très moyennement que sa progéniture arbore une casquette lourde de responsabilités – et de risques -, va redoubler d’opiniâtreté pour réaliser son rêve, et être nommée au commissariat de Zootopie. Et c’est évidemment bercée d’illusions que cette jeune femme de la campagne arrive dans la grande ville. Elle veut changer le monde, qu’elle dit.
Une naïveté qui se heurtera bien rapidement au personnage de Nick Wilde, escroc de son état, qui se trouve être un renard (les nemesis des lapins dans Zootopie). Assignée à la gestion de la circulation par un commissaire qui, comme il le dit si bien, « s’en cogne », les balls de notre lapine se retrouveront bien vite sur la table de son supérieur qui lui confiera bon gré mal gré une enquête complexe à résoudre en 48h. Enquête qui, vous l’aurez deviné, ne pourra se passer du concours de l’ami rouquin rencontré un peu plus tôt.
« La vie n’est pas une comédie musicale où on est libéré, délivré »
On peut reprocher au film sa première partie, très didactique et qui reste dans les clous. Les personnages évoluant comme des êtres humains, le film prend le temps de nous montrer comment telle ou telle espèce arrive à se faire une place dans la société. Quelques scènes assez poussives pour les habitués sont donc à prévoir, mais fort heureusement la patte visuelle du métrage permet de passer outre ces redondances.
S’opère ensuite un revirement scénaristique digne d’un film d’action. Car oui, les similitudes avec le buddy movie ne s’arrêtent pas là. Découpé en trois actes bien distincts, le film propose une progression assez inhabituelle pour un film d’animation. Les modèles du film policier classique en filigrane, nous avons droit à notre lot de fausses pistes, de filature, de courses-poursuites, de cliffhanger et de twists. Et puisqu’un bon film d’animation ne peut s’exonérer d’une parabole en bonne et due forme, celle de l’intégration sociale est omniprésente dans le métrage. À un degré assez bien dosé il faut le reconnaître.
Peu inspiré ? Pas vraiment. La démarche est assez neuve dans le film d’animation, et ne souffre pas encore de l’horripilante surreprésentation du genre comme dans les séries TV. D’autant que Zootopie parvient à se moquer intelligemment de ces codes, notamment par une science de la référence aussi bien adaptée aux petits qu’aux plus grands. On retiendra notamment cette scène magnifique, où un fabricant de substances pas très licites en tenue jaune et masque à gaz se fait apporter un café par « Walter et Jessie ».
Zootopie est un film réussi. Bien plus mémorable que les Nouveaux Héros ou que Les Mondes de Ralph, le 55e "classique Disney" s'inscrit dans son époque et y apporte sa touche avec classe. À l'heure où prolifèrent les fictions policières, Zootopie creuse son terrier, et propose une fable pétillante qui ravira les plus jeunes comme les adultes grâce à de nombreuses références très bien intégrées. À regarder.
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