Extraordinaire. Ce film est extraordinaire. Une merveille, un véritable petit bijou. À l’image du légendaire Roi Lion il y a maintenant vingt-deux ans, Zootopie réussit l’exploit de nous compter un récit 100% animalier et à le rendre parfaitement crédible. Mieux, on se surprend à s’y laisser emporter et à y découvrir des personnages plus géniaux les uns que les autres !
L’histoire, tout d’abord. Outre le concept purement génial et magnifiquement rendu de la ville peuplée d’animaux séparés en différents quartiers climatiques, et où chaque espèce joue un rôle bien précis ; Disney Animation nous propose là une véritable intrigue policière comme on en a rarement vu de la part du studio. Mais là où Les aventures de Bernard et Bianca ou Basil, détective privé présentaient rapidement l’antagoniste ; Zootopie réussit à nous le dissimuler durant une grande partie du film même si on finit par s’en douter au bout d’un moment. Et c’est ça qui, à ma grande surprise, m’a le plus plu dans ce film, cette intrigue policière, un véritable polar animalier, un peu mêlé de buddy movie, qui s’inscrit quand même dans un contexte familial. Le mélange est subtil mais fonctionne parfaitement, et permet même d’ajouter un peu de mafia dans le lot, pour mon plus grand plaisir.
Cependant, si Zootopie s’avère être aussi excellent, ce n’est pas seulement pour son histoire grandiose. Comme toujours dans les Disney, ce sont tous ces messages qu’on peut voir et qui nous font écho une fois adulte. La discrimination, les préjugés, la politique, la peur de l’autre, le racisme, le contrôle des masses, la propagande, l’amitié, le courage ou même la vie en ville tout simplement… Tout un tas de petits messages et d’idées intégrés ici et là comme si de rien n’était, dans le courant de l’intrigue, mais qui rende le tout tellement cohérent, réaliste et surtout tellement génial.
La force de ces messages est extraordinaire, notamment avec Judy, l’héroïne courageuse et optimiste, gentille et pleine de bons sentiments qui a quand même des préjugés et qui se laisse influencée par eux sans forcément s’en rendre compte (la scène de la conférence de presse, ou dans la boutique de glace… c’est purement génial parce que tellement vrai !). Le film nous transmet des messages mais nous rappelle aussi que personne n’est à l’abri de ces messages, que nous sommes tous concernés. Et c’est ce qui le rend si extraordinaire et magnifique !
Après, il y aussi ses personnages. J’ai déjà parlé de Judy, qui est probablement l’héroïne Disney qui m’a le plus marqué depuis un trèèèès long moment, mais on peut aussi citer Nick qui déborde de cynisme et respire la classe incarnée. J’ai adoré Clawhauser, parce qu’il est tellement à l’opposé de l’idée qu’on se fait d’un guépard, tout comme Finnick qui est juste tellement mignon la première fois qu’on le croise. Ou encore le Chef Bogo qui est juste parfait dans son rôle de commissaire intransigeant mais qui finit par reconnaître les valeurs de Judy. Et puis il a de ses répliques… ce tacle restera dans les annales !
Parce que oui, je n’en ai pas encore parlé, mais comme toujours, le film transpire de référence ici et là, non seulement à Disney mais aussi au ciné ou aux séries en général, et quand on est fan comme moi, c’est un régal. Ce qui m’amène à Mister Big… Cette référence à Marlon Brando est tellement magistrale, tellement géniale, tellement belle, tellement hilarante que je crois que c’est mon passage préféré du film. Ce n’est même plus une référence au Parrain, ça transpire Don Corleone ! Du pur bonheur ! Et puis y’a aussi la scène avec Flash à la préfecture, tellement fantastique même après l’avoir vu cinquante fois en bande-annonce.
Bref, les personnages sont tous superbes. La diversité est telle qu’il est impossible de tous les citer, et il ne serait pas surprenant d’en découvrir de nouveau à chaque visionnage.
Et du point de vue technique ? Michael Giacchino propose une BO qui fonctionne très bien. Ce n’est pas ma préférée de Disney, ni du compositeur, mais elle s’inscrit parfaitement dans l’esprit du film pour le transcender comme il faut quand il faut. Pas trop fan de la chanson de Shakira, mais j’aime l’idée que ce soit une chanson diégétique, ce qui renforce la crédibilité de l’univers créé.
Par contre, niveau animation… Popopo… Un truc de dingue. C’est tout simplement démentiel le niveau de réalisme atteint sur ce film. Certes, les animaux sont un peu cartoonisés et ils sont bipèdes, mais leur animation est tout simplement bluffante et on est quand même dans un rendu très proche de la réalité dans le comportement et bien sûr la texture des poils et des vêtements (et leur animation selon les courants d’air, la pluie ou simplement les émotions des personnages). Même en très gros plan, c’est d’un niveau incroyable, du quasi-jamais vu.
Je pense également à cette idée géniale de conserver les différentes échelles entre animaux, renforçant là aussi l’univers mais permettant surtout un jeu sur la mise en scène vraiment incroyable, créant une véritable dynamique et des situations pour le moins superbes. Mise en scène superbes qui joue magnifiquement bien avec les décors… Et my Spielby, que ces décors sont somptueux. Non seulement Zootopie est tellement riche en détails qu’il faudrait je pense une vie entière pour tout décortiquer, mais là aussi le rendu est bluffant. Que ce soit le sable, la neige, la forêt tropicale, la ville elle-même ou le rendu de l’eau… C’est un véritable feu d’artifice visuel ! Du très grand art !
Au final, mon seul regret sera d’avoir tant traîné à regarder ce film et ne pas l’avoir vu sur grand écran. Il fait partie de la grande lignée des Disney qui allient à merveille histoire superbe, messages magnifiquement distillés, personnages adorables et animation au top. Il peut prétendre, sans conteste, au rang des meilleurs Disney jamais réalisés, concrétisant enfin le renouveau amorcé avec Raiponce. On retiendra La Reine des Neiges pour sa chanson phare, digne des plus grands Disney ; mais ce sera bien sur son histoire et ses personnages que Zootopie se fera une place parmi les plus grand et accédera au statut de film culte.