Ce qui m'a le plus surpris avec ce film, c'est à quel point sa sortie est passée inaperçue ! Il faut dire qu'à ce moment-là, j'étais encore persuadé qu'il s'agissait d'un film Pixar. Et chaque sortie Pixar est un événement, c'est bien connu !
Bref, mon impression d'avoir affaire à un Pixar a perduré jusqu'au générique de fin... Et, en ce qui me concerne, c'est un sacré compliment ! Il y a dans ce film tous les éléments qui me font apprécier les productions de ce studio : un scénario solide, des personnages cohérents et attachants (en particulier les personnages secondaires), des niveaux de lectures variés et des clins d'œil ou références à d'autres films ou séries.
Ce film est superbe et en premier lieu visuellement. Le monde développé ici est incroyablement riche et diversifié, tout en étant remarquablement réalisé. Tant la ville que la jungle ou la toundra ont une ambiance propre qui fonctionne à merveille. Mais le plus saisissant est la maîtrise dans la création et l'animation des animaux. Les peux, les fourrures, les regards et les mouvements sont parfaitement fluides.
Ensuite, si Disney revient ici à la tradition des histoires d'animaux anthropomorphes, le résultat final n'a rien à voir. Le simple fait d'avoir conservé les différences de tailles entre les animaux change complètement leurs interactions et conduit à tout un florilège d'inventions plus ou moins farfelues pour organiser la ville où tous se croisent. Ce qui ajoute à la fois de la crédibilité et du comique à la capitale Zootopie.
Côté scénario, on est entre une origin story très américaine (la fille issue du sud agricole qui fait son trou à la grande métropole) et un bon vieux film policier (mais où disparaissent donc tous ces animaux). Et tout fonctionne : on est irrésistiblement entraîné dans l'aventure de cette héroïne qui en veux mais qui se retrouve quand même sacrément perdue dans son nouvel environnement. Et, à travers son arrivée et son enquête, on touche un nombre assez incroyable de problématiques actuelles. Du manque de reconnaissance au travail, éventuellement allié à du sexisme ordinaire, à l'utilisation de la peur en politique, en passant par la xénophobie et l'emballement médiatique.
Et on y croit parce que tous les personnages sont crédibles et ont du relief. Même l'amitié entre la lapine et le renard passe par des hauts et des bas, parfois délicats. La distinction entre mammifères et prédateurs apporte une nouvelle dimension à la société animale qu'on nous présente. Et lorsque le tigre un peu tire-au-flanc de l'accueil du commissariat perd sa place parce qu'il est un prédateur, on a un vrai coup au cœur parce qu'on a appris à l'apprécier et qu'on a l'impression de le connaître.
En tout cas, si ce film est représentatif de ce que vont être les productions Disney, je suis extrêmement enthousiaste pour la suite ! Et je regrette qu'il ne soit pas plus connu alors qu'il est bien au-dessus de Disney plus bateau comme La reine des neiges...