Awesomenauts
6.3
Awesomenauts

Jeu de Ronimo Games (2012PlayStation 4)

Critique sur GameSideStory, avec des images et une meilleure mise en forme.
Critique du DLC Starstorm.
Critique du DLC Overdrive.


On a bien cru qu'il n'allait pas sortir, cet Awesomenauts. En effet, l'éditeur du jeu DTP Entertainment AG a déposé le bilan pas plus tard qu'au début de la semaine. Les développeurs de chez Ronimo Games ne savaient pas eux-même si leur jeu allait sortir. Vu que vous avez été spoilé par le titre dans tous les cas, je vais vous le dire : le jeu est bien sorti sur Xbox Live Arcade et Playstation Network. Et, autant le dire tout de suite, ça aurait été extrêmement dommage qu'il ne sorte pas.


On va y aller petit à petit avec Awesomenauts. On va partir du plus évident, sa beauté extérieure, pour arriver au plus important, sa beauté intérieure. Mais afin de ne pas vous perdre, je vais quand même rapidement expliquer le concept du jeu. Awesomenauts est un MOBA (Multiplayer Online Battle Arena), un genre ayant pris ce nom avec League of Legends qui se nommait auparavant DotA-like, reprenant le nom d'un mod de Warcraft 3. Ce sont des parties faisant intervenir deux équipes de trois joueurs, ceux-ci contrôlant des héros (ici appelés mercenaires). Le but est de détruire les tourelles de l'équipe ennemi afin de se frayer un chemin jusqu'à la base ennemie et de la détruire pour gagner la partie. Des alliés beaucoup plus faibles (ici appelés droïdes) sont présents et contrôlés par l'IA afin d'aider les héros, notamment en servant de bouclier face aux tourelles. Bien sûr, cela marchant de chaque côté, il faut aussi défendre sa base et donc ses tourelles. Désormais vous savez ce qu'est un MOBA, ce genre restant peu connu malgré le succès de DotA et de League of Legends, et on va pouvoir passer au plat principal : Awesomenauts, un MOBA en 2D.


Le jeu dispose d’un design très cartoon, que ce soit les décors, les personnages ou tout simplement l’ambiance du jeu. On a l’impression d’être devant un très joli dessin animé tant c’est réussi de ce côté là. Car oui, le jeu a beau être sorti sur les plateformes de téléchargement des deux consoles HD, il se trouve être dans le panier des plus beaux jeux 2D de style cartoon, aux côtés d’un certain Rayman Origins par exemple.La cinématique d’introduction du jeu, digne du générique de très bons dessin animés, ne fera que confirmer ce que je viens de dire. Mais il n’est pas seulement beau du côté technique, il l’est aussi artistiquement. Que ce soit le design des personnages ou des niveaux, c’est très réussi. Chacun des personnages semble être la caricature d’un univers différent, on retrouve ainsi un gigantesque robot, un crapaud star de la chanson à la coupe Elvis Presley, un singe représentant le scientifique fou, un cowboy à la dynamite, un alien, un caméléon ninja… et il faut dire qu’ils sont tous très réussis, on s’y accroche facilement. Et ils nous font rire aussi facilement. Comme tout jeu cartoon qui se respecte, Awesomenauts est en effet bourré d’humour. Alors oui, ce n’est pas de l’humour très subtil. Mais les répliques balancées par les personnages en cours de jeu sont souvent très drôles et permettent d’installer une ambiance plutôt chaleureuse, familiale même, si j’ose dire. Et la bande-son du jeu ne fait que confirmer mes dires. Chaque personnage dispose de sa propre musique que vous pourrez entendre à chaque fois que vous sélectionnerez ce personnage. Celles-ci représentent aussi l’univers du personnage, certains disposant même de chansons assez drôles si on écoute les paroles. Les musiques présentes en jeu sont aussi très agréables, sans que ce soit une des meilleures bande-son du jeu vidéo.


En effet, contrairement à tous les autres jeux du genre, Awesomenauts est un jeu en 2D, vu de côté. On pourrait dire que c’est la faute à un manque de moyen ou au moteur qui avait déjà été utilisé pour un jeu 2D, bien évidemment. Mais moi, je persiste à croire que c’est tout simplement pour amener quelque chose de frais et de nouveau dans ce genre, plutôt que de faire une sous-version au pad. C’était un pari risqué : adapter un genre si stratégique à une 2D linéaire. Mais, c’est aussi un pari réussi. Là où Awesomenauts perd un peu du côté stratégie (il faut bien l’avouer, c’est plus brouillon et moins précis qu’à la souris), il gagne un fun immédiat et un certain dynamisme. Dans League of Legends par exemple (je vais souvent faire la comparaison avec lui mais c’est normal, c’est le seul MOBA auquel j’ai joué), le gameplay se résume au fait de cliquer sur un ennemi ce qui donnera une attaque automatique du personnage, tout en utilisant des skills par-ci par là. Alors certes ça peut vite devenir dynamique lorsque deux champions s’affrontent, mais jamais autant que dans Awesomenauts. En effet, ce dernier possède un gameplay beaucoup plus typé action : vous contrôlez toutes les actions de votre personnage. Vous le déplacez au joystick, vous attaquez en visant exactement là où vous voulez (mais sans gestion des impacts) avec un bouton, vous sautez avec un autre, vous utilisez vos skills avec les deux restants, vous vous téléportez à votre base avec un autre bouton. C’est simple, accessible et ça permet de remplacer le clavier et son nombre extraordinaire de touches. Et puis, ça offre du fun à tout le monde, débutant comme joueur confirmé. Avec ce système, vous pouvez prendre du plaisir ne serait-ce qu’à vous battre, tandis que dans LoL on se frustre aisément lorsqu’on se fait tuer à la chaîne. Les affrontements peuvent certes être un peu brouillons quand il y a du monde, certains skills extrêmement gênants si spammés (comme le taureau repoussant tous les ennemis) même si la durée de rechargement aide à atténuer cela. Surtout que le jeu est plutôt bien équilibré, chaque personnage et chaque stratégie ayant ses points faibles parmi les autres personnages, ce qui demande néanmoins de jouer en équipe.


Ce que l’on pouvait se demander malgré tout, c’est si la dimension MOBA du jeu était bien respectée ou si ça devenait un simple jeu de combat à trois contre trois, dans une arène. Et bien, je peux vous dire que la plupart des aspects et codes du genre sont là. Ça se joue sensiblement pareil, si vous êtes un joueur de LoL par exemple vous retrouverez vos bases. “Toujours prendre les bottes en premier“, quelque chose qui fonctionne dans League of Legends comme dans Awesomenauts. Mais commençons par le début pour expliquer en quoi le schéma est le même que celui des classiques du genre. Tout d’abord, dans les modes de jeu. Comme le nom du genre l’indique, c’est exclusivement du multijoueur, divisé en parties rapides et parties privées (avec seulement vos amis donc). Vous avez aussi une partie “Entraînement” pour jouer avec des bots sans que cela n’influe votre classement (celui-ci m’a semblé un peu buggé et n’est pas aussi précis que celui de LoL niveau détails, mais passons). Lançons une partie rapide, vous arrivez dans un écran de sélection des personnages où toute votre équipe est présente. Ainsi, vous voyez quel est le personnage sélectionné par vos coéquipiers et pouvez choisir le votre en fonction (ou vous dépêcher pour prendre votre préféré avant que quelqu’un ne le fasse, au choix). Vient ensuite un arbre de compétence nommé barda et séparé en 4 lignes : une pour chacun de vos deux skills, une pour votre attaque de base et une autre pour vos statistiques et quelques bonus. Chaque ligne dispose de six compétences (trois au début, trois à débloquer au fil des niveaux) parmi lesquels vous devez en choisir trois, qui composeront ensuite la boutique durant la partie. Vous y achèterez vos compétences et autres bonus avec des crédits, appelés Solaire, que vous pouvez gagner de diverses façons : tuer des droïdes, tuer des mercenaires (ce qui vous en rapporte le plus, bien sûr), ramasser ceux distillés dans les maps, utiliser des bonus qui vous en font gagner ou attendre, vos équipiers faisant aussi augmenter votre nombre de Solaire par leurs actions. Il existe aussi un autre moyen : en effet, à chaque fois que vous revenez à la vie, vous descendez dans l’arène à bord d’une fusée dont le sillage est parsemé de Solaire. C’est aussi un moyen très ingénieux de mettre en scène un autre aspect du MOBA : le respawn plutôt long, la scène avec la fusée étant accompagné d’un décompte qui peut aller jusqu’à des quinzaines de secondes. Pour récupérer votre vie, vous pouvez comme dans tout MOBA vous téléporter dans la boutique de votre équipe mais ce n’est pas le seul moyen. Vous pouvez bien sûr acheter un bonus vous permettant de regagner votre vie, vous pouvez utiliser des skills ou des attaques vol-de-vie pour cela ou vous pouvez tuer certains ennemis dispersés dans la map afin de gagner des bonus de vie. Des zones pour se camoufler et être invisible aux yeux des ennemis (du moins si aucun membre de leur équipe n’est à l’intérieur avec vous) sont aussi dispatchées dans les niveaux. Au niveau des détails, il y a aussi des pénalités quand vous quittez une partie en cours (moins sévères certes, elles ne font que vous empêcher de gagner de l’xp au prochain niveau), un système d’expérience et de niveaux et bien sûr une belle voix off annonçant les actions principales de la partie.


C’est ce qui m’importait le plus, une fois que j’ai vu que le jeu se jouait comme un MOBA “en 3D”, avec bien plus de dynamisme. Et bien, ce dernier suffit à montrer que le jeu innove dans le genre, proposant une expérience ressemblant à aucune autre avec un gameplay action (voir plateforme avec certains personnages pouvant faire des sauts démesurés) dans un jeu en soi stratégique. Mais ce n’est pas la seule chose. Il y a ces quelques détails dont j’ai parlé dans le paragraphe précédent : la fusée à l’entrée dans l’arène et les ennemis disposés à certains endroits afin de regagner votre vie. Mais il y a aussi quelques choses en plus (et en moins) par rapport aux classiques du genre. Tout d’abord, les ennemis vous faisant gagner votre vie sont pacifiques mais remplacent la “jungle” (cette zone où des monstres neutres peuvent être tués pour gagner de l’argent), sauf dans une des maps où deux Boss solaires plutôt coriaces sont présents (en tuer un vous donnera un trophée/succès, pour ceux que ça intéresse mais aussi plein de solaire).


Autre détail, les parties sont en général moins longues, la plupart durant de dix à vingt minutes. Sur PC, bon nombre de joueurs discutent dans un chat ou via des logiciels tels que Skype ou Mumble, ce qui n’est évidemment pas disponible sur console (vous pouvez quand même vous mettre sur Skype avec vos amis tout en jouant, ce n’est pas exclu). Sur Xbox 360, il y a bien sûr les groupes d’amis et les conversations qui vont avec qui peuvent servir à cela. Sur Playstation 3, il y a le système de chat et les messages bien que très peu pratiques en jeu. Il y a bien un système utilisant les touches fléchées de votre pad pour montrer sur la carte où vos alliés doivent attaquer/défendre/vous aider et pour provoquer vos ennemis mais ce n’est pas bien développé (quoi que fort utile). Et les deux systèmes précédents ne permettent pas de parler avec les autres personnes du jeu si vous ne les connaissez pas, ce qui pose des problèmes de communication. Mais, chose très intéressante, le jeu propose du jeu en local : vous pouvez grâce à un système d’écran scindé jouer à deux ou trois personnes sur la même console, toujours dans une partie online. Dans un autre registre, vous pouvez rejoindre des parties en cours : dans LoL, vous devez attendre que les équipes soient au complet pour commencer et, si quelqu’un quitte, il n’est pas remplacé. Là ce n’est pas le cas : des bots prennent la place des joueurs non présents, qui peuvent rejoindre à n’importe quel moment une partie et c’est bien pratique (sauf quand vous arrivez et que vous subissez une défaite, bien sûr). Autre point très intéressant, vous pouvez parfois utiliser le décor pour éliminer vos ennemis : un bouton permet d’ouvrir une trappe et d’en faire sortir un vers dévorant quiconque était sur la trappe (même vos alliés, il vous faut donc être prudent en l’utilisant) est par exemple trouvable dans un des niveaux. Malheureusement, vous ne gagnez aucun point lorsque vous provoquez cette mort, même si cela est compréhensible et reste gênant pour vos adversaires. Une capsule permettant de créer trois droïdes volants est aussi disponible, ou encore des tremplins posés un peu partout dans chacun des niveau pour vous déplacer plus rapidement ou accéder à des endroits plus en hauteur (bien que certains personnages peuvent voler et n’en ont pas besoin).


Malgré tout, cet Awesomenauts n’est pas exempt de défauts. Seul six personnages sont disponibles. Certes, ils ont tous un gameplay franchement différent, des skills tous plus utiles les uns que les autres et on n’en retrouve que trois par équipe mais cela reste très peu face à LoL et son nombre de personnage proche de la centaine. Les développeurs promettent en revanche que d’autres seront bientôt disponibles, notamment dans des DLC gratuits, ce qui est plutôt un bon point assurant un suivi du jeu. En attendant, vous pouvez toujours essayer de maîtriser tous les personnages allant du ninja supra-rapide pouvant se rendre invisible au soigneur en passant par le tank gros bourrin, le singe volant au laser dévastateur et bien d’autres. De plus, vous ne disposez au départ que de la moitié des personnages, les autres se débloquant lorsque vous montez de niveau. D’ailleurs, le jeu dispose de quelques petits problèmes de matchmaking. En effet, des personnages peuvent devenir surpuissants avec des compétences de haut niveau, ne laissant aucunes chances aux bas niveaux. Ce qui aurait été bien aurait été de faire en sorte que les personnes de haut niveau tombent avec d’autres personnes de haut niveau et pareil pour ceux de bas niveau, afin que tout le monde ait ses chances. Heureusement pour les débutants, il y a quelques problèmes d’équilibrage au niveau de l’expérience et de la montée de niveau, celle-ci se faisant trop facilement. J’ai par exemple fini plusieurs parties en montant de deux niveaux et je suis arrivé au niveau 28 en une seule soirée (avec pratiquement dix heures de jeu, certes). Sachant qu’on débloque soit une compétence, soit un personnage à chaque montée de niveau, ça gâche un peu la progression. De plus, c’est le dernier coup sur un mercenaire ennemi qui détermine qui des alliés aura fait un kill. Très frustrant au moment où vous enlevez la plupart de la vie d’un ennemi et qu’un de vos alliés vient l’achever à la place, gagnant un point tandis que vous rien (et il n’y a pas d’assistances comme dans les autres MobA). La barre de vie de votre personnage est située au dessus de lui, ce qui pose un autre problème : dans le feu de l’action, vous aurez parfois du mal à la voir et vous pourrez en mourir, croyant être au maximum de votre vie alors que c’était celle de votre ennemi. Un autre problème du fait qu’on ne soit pas sur PC et qu’on n’ait pas accès à la souris est qu’on est limité au point de vue de son personnage et on ne peut donc pas surveiller ce que font nos alliés. Et aussi, les serveurs sont hébergés par les joueurs qui deviennent l’hôte ce qui pose problèmes lorsqu’ils déconnectent ou possèdent une mauvaise connexion.


Awesomenauts était donc un pari risqué : adapter le genre du MobA à une vue en 2D tout en apportant quelque chose d’innovant au genre. Et bien, tout ce que je peux dire c’est que le jeu est un pari réussi. Apportant un certain dynamisme et un gameplay avec des aspects action ainsi que plateforme, le jeu se veut différent des classiques du genre tout en leur ressemblant en gardant les bases et se jouant sensiblement pareil. Alors oui on regrette quelques petites choses étant présentes dans des jeux comme League of Legends ou DotA et pas dans Awesomenauts, mais la majorité des qualités de ces jeux sont là en plus d’innovations bien fortuites. En somme, que vous aimiez ou pas le genre, je vous conseille fortement de vous prendre le jeu qui ne coûte que quelques petits 10€ (ou qui est gratuit si vous avez un abonnement Playstation Plus). Et puis, il ne faudrait pas que les serveurs se vident passé l’euphorie de la sortie, ce serait un véritable gâchis par rapport à tout l’excellent travail effectué sur le jeu.

Créée

le 6 mai 2012

Modifiée

le 2 août 2012

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