Love & Hate, mais surtout Hate.
La Nuit du chasseur. Beaucoup de choses m'ont poussé à regarder ce film alors que je n'ai pas tellement l'habitude de regarder des films aussi vieux (un peu plus d'un demi-siècle, c'est pas rien quand même) : sa position dans le top 111 de SC, le fait que mon prof d'anglais ait rapidement parlé de ce film et la référence dans un épisode de Doctor Who (oui, il m'en faut peu). D'ailleurs, maintenant que j'y pense, la référence est fausse vu que la position du Love et du Hate sur les mains a été inversée. J'aurais peut-être dû ne pas le regarder, parce que maintenant je ne fais plus partie des "gens cool qui connaissent de nom ce film culte" mais des "gens de mauvais goût qui n'ont pas aimé ce film culte". Ou alors je suis celui de bon goût et ce film est très overhype, c'est possible aussi.
Enfin, je dis que j'ai pas aimé pour exagérer et me faire lyncher (moi, un peu masochiste ?), parce qu'il y a quand même des aspects du film qui sont incontestablement réussis. Premièrement, le synopsis me plaisait bien. Night of the Hunter raconte la quête d'un pasteur qui, lors d'un court séjour en prison, apprit que son compagnon de cellule avait réussi à voler 10 000 dollars en tuant deux hommes et à cacher cet argent qui ne fut jamais retrouvé. Ce compagnon, Ben Harper, fut bien évidemment condamné à la pendaison et lorsque le pasteur, Harry Powell, sortit de prison, il se mit en tête de récupérer cet argent en faisant cracher le morceau aux deux seules personnes au courant : John et Pearl, enfants de Ben. C'est un scénario plutôt bien foutu qui permet du suspense, mettant le doute sur la question du film finissant par une happy ending ou non. Ensuite, le film est plutôt beau, utilisant à merveille toutes les possibilités du noir et blanc, notamment pour mettre en valeur le bien et le mal. Esthétiquement, c'est indéniablement réussi. L'autre gros point fort du film que je ne peux pas nier, c'est son méchant : le pasteur Powell, ce psychopathe fanatique et cupide, est le personnage le plus réussi du film tant il arrive à être effrayant et qu'il est bien joué. C'est d'ailleurs de lui que viennent les meilleures répliques du film (toute l'histoire du Love et du Hate) ainsi que la plupart de la course poursuite avec les enfants et les passages musicaux.
Quoique, cette scène où une tortue sort de l'eau et marche pendant quelques secondes est elle aussi palpitante avec un personnage merveilleusement écrit.
Mais voilà, j'ai trouvé le reste du film abominablement chiant, le personnage de Powell n'arrivant pas toujours à remonter le niveau. C'est d'ailleurs le seul personnage auquel j'ai accroché avec John, la mère Harper m'ayant paru fade tout comme les Spoon (mention spéciale à cette niaise de Icey) et l'énervante Pearl (même si j'aime beaucoup son rire) tandis que j'ai déjà oublié le reste des personnages (sauf la vieille dame mais j'en parlerai plus tard). Je me suis ennuyé pendant tout le début, jusqu'à ce que le révérend révèle sa vraie nature et que les enfants s'enfuient puis durant les scènes puant de niaiserie avec Rachel Cooper, cette vieille dame qui passe son temps à ramasser des enfants dans la rue. Ce n'est pas une chose qui me dérange habituellement, mais le côté manichéen (de mon point de vue) du film m'a ici gêné, que ce soit la diabolisation de l'homme d'Eglise (qui permet d'offrir toute sa saveur au personnage, mais quand même) ou l'idéalisation des enfants purs et innocents, qui peuvent voir le mal alors que les adultes ne le voient pas. Je ne parle même pas de la dernière réplique du film à propos des enfants qui supportent et endurent sans broncher, bien mieux que les adultes, même si je dois avouer que John et Pearl sont admirables, leur vie n'étant vraiment pas facile sans vouloir spoiler.
Et sinon y'avait une grenouille plutôt canon. Et des hiboux qui avaient trop la classe aussi ! Ou alors c'était des chouettes, j'en ai aucune idée, je ne sais pas faire la différence entre les deux.
Alors oui, peut-être que le film est beaucoup plus profond que ça, peut-être que je n'ai pas compris toute la double lecture et le message caché et les trucs du genre. Quoique, il y avait bien la critique des fanatiques de la religion voire de la religion elle-même, sur certains points, la critique des parents en demandant trop à leurs enfants ou des personnes ne faisant pas attention aux orphelins vagabondant à la recherche de nourriture. Reste que, peu importe à quel point le message caché du film est fort ou pertinent ou ce que vous voulez, je ne vois pas l'intérêt si le film en lui-même, pris au premier degré, ennuie. Enfin bon, c'est pas pour autant que je déconseille le film, le personnage d'Harry Powell valant la peine de se taper les trop longues 90 minutes du film.
Et puis quand même, y'avait des moutons et des vaches et des lapins et des dadas aussi ! C'est bien les animaux ! Même si j'aimerais bien savoir ce qu'ils sont censés signifier parce que j'ai pas trop compris, sauf si c'est juste un parallèle par rapport aux enfants chassés par le pasteur.