Depuis l’émergence de la scène indépendante, un des genres qui a fait son grand retour est le puzzle plateformer, au point d’en faire limite une overdose. Du coup, dans ce genre, l’erreur n’est absolument pas permisse. Pourtant c’est le pari que c’est lancer Osao Games pour son premier jeu. Réussite ? Pas vraiment. Pourtant le jeu était plein de bonne volonté depuis son annonce : un gameplay intrigant, une direction artistique inspirée, une atmosphère charmante. Tout était là. Déjà, l’histoire. Vous incarnez un petit papy (ça change !), inventeur alchimiste de son état. Vous vous réveillez dans un monde détruit, tout du moins vis-à-vis de l’humanité vu que la nature a repris ses droits. Après quelques pas, vous trouvez un réveil, qui est en vrai une de vos inventions et qui fait office de machine à traverser le temps. Du coup vous évoluerez entre le présent (l’époque dévastée) et le passé, quelques jours avant la grande catastrophe.
Si jusque-là l’histoire tient la route avec un gros fond de message écologique, la drogue de tarde pas à arriver. Très rapidement vous allez récupérer une coquille high-tech que vous allez donner à une limace géante pour la transformer en escargot géant qui parle et qui contrôle le temps. La drogue je vous dis ! Si on fait abstraction de ce « what the fuck » narratif, la relation entre les deux personnages, principalement l’escargot, donne un peu de naïveté au titre pour ne pas se prendre totalement au sérieux. Au fur et à mesure des huit chapitres, l’histoire de la fin de l’humanité vous sera racontée, mais ne vous étonnera en rien tellement c’est du « captain obvious » à tous les instants. Côté gameplay, le jeu part d’une bonne base. Vous avez deux personnages (le papy et l’escargot) avec chacun un pouvoir temporel et des caractéristiques propres.
Du côté du papy, il peut sauter (ce qui, pour son âge est un super pouvoir),est capable de réparer les machines s’il a les pièces et surtout, grâce à son réveil, a la capacité de voyager à la voler dans le temps, enfin, dans l’un des deux espaces-temps. Quant à l’escargot, il peut se déplacer sur les parois verticales, afin de servir de plateforme à notre papy, et figer le temps. Typiquement, cette fonction sert à figer une porte ouverte qui ne s’ouvre que via la pression sur un bouton, ou de se servir de certains projectiles ennemis comme tremplin pour atteindre une plateforme bien trop haute. C’est avec tous ces mécanismes que vous allez devoir trouver votre chemin pour atteindre la fin du niveau. Si le level design est plutôt correct et met bien à profit les deux pouvoirs de nos protagonistes, la partie puzzle est quant à elle bien ratée.
Ces phases de puzzles purs, peu nombreuses, sont complètement illisibles : soit vous comprenez ce qu’il faut faire, mais vous ne trouvez pas l’élément qu’il manque, car pas assez mis en avant, complètement caché dans l’arrière-plan. Soit vous avez tout sous la main, mais vous ne savez pas ce qu’il faut faire. Enfin, gros carton rouge au dernier niveau du jeu qui est un gros foutage de gueule. Le niveau commence plutôt bien, une phase de plateforme plus ardue que le reste du jeu, qui se fait très rapidement, et hop on arrive directement au boss de fin. On s’attend à un boss un peu classique, avec ses patterns, l’emploi de tous les pouvoirs pour en venir à bout. Il n’en est rien. Ce dernier niveau est surement le plus représentatif du jeu : inachevé. Si graphiquement le jeu est plutôt joli, quel que soit l’espace-temps, la transition entre les deux est faite de manière très propre, pourtant le jeu est vide, presque sans âme.
Du coup on enchaîne les niveaux, sans que l’un reste en mémoire. Côté physique, c’est une catastrophe. On a l’impression que le papy est un caillou sans inertie. Faire une chute en diagonale (pour atteindre une plateforme proche, plus basse) est impossible, vous tomberez tel le coyote après une course effrénée avec bip bip, qui tombe raide dans le canyon sans tenir compte de sa vitesse de déplacement. Ajouté à cela l’impossibilité de faire de très courts sauts (lors d’un saut, l’arc de cercle de mouvement est bien trop grand). Enfin côté durée de vie, ne comptez pas plus de 2H pour en venir à bout.
Conclusion
Chronology a un manque flagrant de finition pour être un bon jeu, trop court, avec un gameplay sous exploité, sans saveur, il laisse un goût amer dans la bouche. Pourtant il a de quoi séduire grâce à ses mécaniques de gameplay bien trouvées, parfaitement exploitées lors des phases de puzzle (quand celles-ci sont lisibles). Vendu pour une dizaine d’euros, je ne saurais vous conseiller d’attendre une éventuelle promo pour vous y frotter, car si Chronology n’est pas un mauvais jeu, c’est un jeu quelconque.