L'esprit MegaTen

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Je viens de faire Shin Megamin Tensei Devil Summoner : Soul Hackers la fameuse arlésienne d’Atlus qui s’est tant fait attendre pendant pas mal de temps en occident. Pour ceux qui planent le jeu était originellement sorti au Japon sur Saturn en 1997. C’était le petit succès au rendez vous avec plus de 200 000 copies vendues dans les premières semaines et comme son aîné (Devil Summoner 1) Soul Hackers s’est même permis d’êtres un système sellers de la « Sega Satan »… Il débarque peu de temps après sur PSOne mais toujours sans sortir du Japon. Il aura donc fallu attendre 16 ans pour qu’Atlus ait la bonne idée de localiser le jeu chez nous avec la 3DS comme support choisi.

Il s’agit d’un portage pas super ambitieux dans l’ensemble mais le jeu contient tout de même certains ajouts non négligeables comme les donjons additionnels à débloquer, le hack du mode de difficulté (assez bien venu pour les débutants ou les flemmards comme moi) qui permet d’ajuster cette dernière selon son bon vouloir via plusieurs options, un doublage anglais haut de gamme, un rhabillage complet de l’interface et surtout l’absence des temps de chargements ainsi que la rapidité des déplacements et des combats. Bref tout ce qu’il faut pour qu’on oublie un peu que ce jeu date de l’époque ou Jean Pierre Foucault présentait encore sacrée soirée…

Pour les Atlussiens récemment convertis ou en cours de conversion, ne confondez surtout pas Devil Summoner Soul Hackers et Devil Summoner Raidou VS. Il s’agit bien de la même franchise mais le gameplay est totalement différent et n’a absolument rien à voir avec les épisodes PS2. Soul Hackers est un Donjon-RPG FPSssien (oui avec trois s). C'est à dire en vu subjective ou l’on se déplace dans les couloirs avec la croix directionnelle et les gâchettes, comme dans les FPS. Idem pour les combats qui se déroulent en face à face avec l’ennemi. Cela peut paraître déroutant au début surtout quand on est habitué aux RPG classiques (ou plutôt aux nouveaux RPG car c’est Soul Hackers le classique en vrai..) mais on s’y fait très vite, le principal avantage étant que les déplacements et les combats se déroulent très rapidement et de manière fluide (et c’est tant mieux car il y en a beaucoup).

Pour le pitch c’est simple. L’histoire prend place au milieu des années 90’s à Amami City, une très jolie ville portuaire dans la vraie vie mais qui se transforme ici en mégapole technologiquement hyper avancée.

La société Algon Software vient tout juste de développer un tout nouveau programme virtuel d’un type nouveau encore jamais vu auparavant Le Paradigme X. Une espèce de fusion entre un MMO ultra réaliste et un Facebook over boosté. Algon Software qui siège dans cette ville choisira tout naturellement de restreindre dans un premier temps la béta-test aux habitants d’Amami à condition d’avoir préalablement reçus une licence (distribuée aléatoirement) afin de se connecter au nouveau soft et faire partie des heureux testeurs. Il n’en faudra pas plus pour que le monde entier ait les yeux braqués sur cette techno-cité en avance sur son temps.

En ce qui me concerne j’ai dès le départ plongé dans l’univers absolument captivant du jeu. Ca commence déjà par cette superbe intro en FMV (oubliez tout de suite la nouvelle intro en animé de la version 3DS qui sent à 20 bornes malgré une bonne musique) qu’on peut admirer en laissant l’écran titre tourné un peu. Puis par le préambule qui nous explique le contexte avec cette charmante animatrice télé qu’on retrouvera plus loin. Vous le savez surement déjà mais le jeu rend un bel hommage au genre Cyberpunk en y incluant tous ses ingrédients. On retrouve donc la thématique de la technologie qui s’insère de plus en plus violemment dans nos sociétés, le rôle salvateur mais parfois pervers de l’informatique etc.. Mais toujours avec modération et sans trop de lourdeur (Atlus ne s’est pas non plus amusé à vouloir péter plus haut que son cul et c’est tant mieux). On est bien dans la plus pure tradition des fictions d’anticipations que j’affectionne particulièrement et qui me rappelle ces vieux animés « hardgore » type Megazone 23 ou AD Police etc… Il est peut être intéressant de savoir que les directeurs du jeu avaient choisi le thème du développement de l’informatique de réseaux suite à la sortie de Windows 1995, qui fut le premier système d’exploitation grand public rencontrant un succès mondial dans les foyers, et des changements qu’allait apporter « l’Internet » dans notre quotidien.

La direction graphique est aussi en parfaite adéquation avec le sujet, je pense notamment à la map d’exploration vraiment très jolie et qui donne le ton, aux fonds d’écrans lors des phases narratives, idem pour les donjons mais surtout des quelques courtes cinématiques (à l’ancienne certes) mais qui maintiennent bien l’ambiance.

Vous incarnez un crypto pirate informatique (qui sèche beaucoup les cours je crois) et qui ne fait pas partie des chanceux ayant reçus une licence pour pouvoir tester la Beta. Qu’à cela ne tienne, vous allez hacker un compte avec votre pote de toujours, la charmante Hitomi, pour pouvoir doser sur Paradigm X. Y a pas de problème.

Et ouais mon pote ! Tu fais partie des Spookies, une team de gros hackers hyper cotés en bourse qui hackent tout ce qui bougent dirigée par le très charismatique Spooky, aka Leader aka Sakurai… bah oui trois pseudo c’est normal pour un mec qui squatte le net !

Après avoir visité Paradigm X, cette ville virtuelle qui en fout plein la vu, Hitomi et toi comprenez que quelque chose ne tourne pas rond avec ce nouveau « réseau social » comme on dit aujourd’hui… Vous n’êtes pas les seules bien heureusement mais étant donné que c’est vous les pirates informatiques et bien c’est vous qui enquêterez (parce que le fil conducteur de tous les devil summoner, sur saturn ou ps2 c’est qu’on joue les détectives, officiels ou improvisés). C’est après la première « Vision Quest » (astuce narrative novatrice à l’époque que je vous laisse découvrir par vous même) que vous récupérerez le fameux GUMP (computer/gun) outil indispensable pour invoquer les démons, les fusionner ou pour hacker toute la France.

Justement les démons c’est le gros aspect du gameplay de Soul Hackers, celui qui va vous faire plonger dans le jeu durant des heures pour peu qu’on accroche au style. La saga MegaTen est énorme, une des plus grosses en termes de JRPG par conséquent il y a une flopée d’épisodes auxquels je n’ai jamais touché mais je pense ne pas me tromper en disant que Soul Hackers possède l’un des systèmes de gestion des démons le plus poussé et le plus abouti de toute la série. Je ne vais pas le décrire ici de A à Z car le jeu a déjà été testé par toute la terre et je ne saurais être plus claire que tout ces professionnels de la presse jv. Mais pour en dire quand même deux mots il y a trois niveaux de gestion : la loyauté, l’alignement et le coût en MAG.

La loyauté consiste dans le gameplay à donner à vos démons des ordres qui leurs plaisent… Il y a 4 types de démons (voir 5), les malins, les sauvages, les clams et les simplets… Pare exemple si tu ordonnes à un démon sauvage de faire des magies de soins plutôt que d’attaquer il ne va pas kiffer et sa jauge de loyauté baissera. Il refusera les ordres et une fois la barre arrivée à zéro il t’enverra bouler et quittera la team… En contrepartie si la loyauté est au maximum le démon en question te sera fidèle, pourra de sa propre initiative prendre des coups à ta place en cas de pépin et pourra même se transformer en arme unique. A ce moment-là tu pourras lui donner n’importe quels ordres sans crainte de rébellion. Cet aspect là est primordiale et il faut bien le gérer, faudrait pas qu’un démon se casse en plein combat de boss par exemple… ça m’est arrivé, c’est marrant la première fois mais il faut faire gaffe en face d’un boss important. Cela dit il y a des astuces pour faire monter la barre donc pas de panique!

Pour l’alignement les démons sont axés sur deux pôles en croix sous forme de graphique.

En abcisse on a : Extrême Law – Law – Neutral – Chaos – Extrême Chaos. Et en ordoné : Light – Neutral – Dark. Pour faire simple un démon Law/Light refusera de squatter avec un Chaos Ex par exemple, donc la aussi faudra faire en sorte d’agencer son Gump avec des démons qui s’apprécient. Au pire si tu galères trop ne prends que des Neutral-Neutral.. XD

Et pour finir la Magnetitte ou MAG. Qui est l’énergie avec laquelle se nourrissent les démons et qui se matérialise par une espèce de monnaie. La MAG c’est super important vous allez en avoir besoin donc il faudra en stocker sans vergogne… Invoquer un démon ca coûte de la MAG, marcher dans les donjons avec un démon, ca coûte de la MAG, se soigner via les bornes de soins, ca coûte aussi de la MAG. Plus un démon est fort plus il demandera de MAG, et plus on transporte de démons plus le coût en MAG sera important. Donc là aussi faut gérer. Il y a même une banque de Magnétitte dans le jeu ou on peut en acheter contre des Yens (et inversement) il y a même un cours qui fluctue selon l’offre et la demande…

Ah et la MAG s’achète ou se gagne en faisant des combats, et les démons se fusionnent ou se recrutent en parlant avec eux comme dans les autres MegaTen. Et pour une fois c’est pas chiant… ^^ Les dialogues sont sensés pour certains et marrants pour d’autres et glissent tout seules… Pas comme dans P2 ou ça m’avait carrément soûlé cette merde.. Sinon il y a toujours les fusions via le Gump (avec risque d’erreurs pour le meilleur et/ou pour le pire) ou via le Goumaden pour ceux qui connaissent et qui possède un ajout par rapport à la version Saturn et Psone avec les fusions pré calculées. Une fois recrutés on pourra les placer de manière stratégique en fonctions de leurs aptitudes propres dans un ordre bien défini qui rappelle le pommeau de boite de vitesse. On ne peut pas non plus discuter tranquillement avec les démons dark… Parlent pas le français ces gars là… On ne comprend rien à ce qu’ils disent. Pour communiquer avec eux il faudra booster son Gump.

Là aussi on a un élément intéressant du gameplay (et qui s’insère bien de le scénario). En effet le Gump pourra être boosté via des mini logiciels confectionnés par deux autres Hackers homosexuels concurrents des Spookies et pas manchots du tout avec un clavier entre les doigts. Ils fourniront un tas de petits programmes qui facilitent la vie comme celui de pouvoir sauvegarder n’importe quand où de parler avec les dark démons… Même chose il faudra bien choisir ses programmes en fonction de ce qu’on veut faire car la place qui leur est allouée dans le Gump est réduite… Trop facile sinon !

Un des gros plus de cette version 3DS et même du jeu en général se situe dans l’habillage, je l’ai dit plus haut l’exploration des donjons est améliorée, c’est plus fluide et dorénavant on peut courir vite avec une seule touche directionnelle en maintenant B enfoncé. La navigation devient donc plus agréable. Niveau level design certains trouveront les donjons moches d’autres non (c’est mon cas) mais tous salueront le lissage apporté aux graphismes.

Mais surtout l’élément qui mettra tout le monde d’accord c’est les artworks in-game, réalisés par Kaneko et Soejima, absolument sublimes et de toute beauté aussi bien pour les personnages principaux que les PNJ de même que les Démons. Rien à dire à ce niveau c’est la classe, comme pour la DA globale ils maintiennent bien l’ambiance en accentuant le ton. C’est vraiment très réussi. Ça à l'air de rien dit comme ça mais dans tous les autres jeux qui suivront par la suite (Strange Journey et SMT4 entre autres) ça ne sera pas le cas. Il n'y aura que les perso principaux qui auront droit à des Artworks à leurs effigies durant les dialogues or ici dans Soul Hackers tout le monde y a droit même les perso que vous ne verrez qu'une fois. Ça renforce grandement l'immersion croyez moi et je trouve triste que ça ne soit plus le cas pour les autres jeux de la série sur 3DS. C'est vraiment dommage surtout quand on a des characters designers aussi bons derrière...

La BO est superbe avec pas mal de thèmes entraînants, bien rythmés et d’autres plus calmes en adéquation avec l’atmosphère anxiogène du jeu et qui aide à s’en imprégner. Je crois même que c’est l’une des dernières participations de Tsukasa Masuko - ce grand homme - à la tête de la composition d’un MegaTen. Il est ici accompagné de Toshiko Tasaki et Shoji Meguro qui cartonneront plus tard dans Nocturne et autres Persona. Bref ça but !

Le gameplay est vraiment top, riche, pas trop compliqué mais assez tout de même pour qu’on prenne le temps de se poser dessus pour le maîtriser. L’histoire aussi est très intéressante. Je n’en ai pas beaucoup parlé pour ne pas spoiler mais y a du niveau (bien évidemment on est loin d’un Digital Devil Saga en terme de scénar mais quand même largement au dessus du jrpg lambda) avec de bons personnages vraiment bien développés pour certains. Je n’en attendais pas autant pour un jeu de cette époque. Je citerais notamment Nemissa, personnage qui m’a fait mentir pendant longtemps sur le traitement de la gente féminine dans le jeu vidéo ou encore Spooky ce Spike Spiegel avant l’heure… Seul bémol le héros un peu trop effacé mais on a l’habitude avec les SMT. Et puis l’ambiance crypto-cyberpunk old school 80-90’s like fait le travail en réussissant à nous plonger complètement dans le trip. Un jeu pour les darons sponsorisé manga vidéo on te dit !!!

Ceci n’est pas un test. Il y a plein de détails dont je n’ai pas parlé et qui seront à découvrir par soi même. En tout cas j’ai passé pas mal d’heures dessus (je pensais que je n’en étais plus capable) et Atlus vient de me réconcilier avec le jeu vidéo, je commençais à croire que j’étais devenu un putain de blasé mais non. Soul Hackers me prouve que c’est bien les jeux actuels qui manquent cruellement de couilles. Enfin il mérite sa réputation et je le place sans scrupule dans mes meilleurs MegaTen avec DDS et Nocturne. N’oublions pas que c’est là même team (excepté meguro et soejima) qui est dernière Shin Megami Tensei IV… ça promet du lourd moi je vous l’dis.