La vérité est un mensonge qui a longtemps servi

Une dizaine d'heure de jeu à mon actif.


J'ai adoré Les Chaînes de Satinav pour son histoire prenante et ses personnages envoûtants. Ma première véritable expérience au sein des jeux classés "point and click" a tout simplement été un franc succès, en plus de m'apporter un nouvel univers de Fantasy à découvrir. Ainsi, apprenant l'existence d'une suite directe, je n'ai pas pu résister et me suis précipité dessus afin de la dévorer, espérant retrouver la même passion. Et voilà ! Le jeu est terminé, le dernier chapitre clos et me suis assis devant mon écran pour cette critique. L'univers de L'Œil noir m'a complétement séduit mais j'aurais voulu que ce deuxième opus en fasse autant.


L'histoire prend place tout de suite après les événements du jeu Les Chaînes de Satinav alors que Géron tente de trouver un moyen de libérer Nuri dans son enveloppe de corbeau. Dans un même temps, il se retrouve mêlé à une histoire opposant une princesse perdue et une invasion de démons.
Pas plus de spoil, comme mon habitude.


Car c'est bien l'histoire qui m'a le plus tiraillé. Non pas dans le sens où l'histoire n'est pas bonne, bien au contraire mais les événements que l'on propose ne m'ont pas - subjectivement, je tiens à le souligner - enchanté car ils donnaient des directions scénaristiques que je ne voulais même pas concevoir. Néanmoins, malgré quelques déceptions personnelles, force est de constater que l'histoire globale de ce nouvel opus, si on adopte une vision plus objective, est fort sympathique. Notamment grâce à la grande nouveauté : le fait de suivre en "parallèle" deux figures héroïques à savoir Géron et la princesse Sadja que près de 400 ans séparent. L'agencement de ces deux histoires est assez bien amené et l'on jongle entre elles de manière plutôt fluide et agréable, apprenant d'un côté le passé de la princesse et utilisant de l'autre les indications que l'on glane pour essayer de sauver Nuri. Hormis cette nouveauté, il est à noter que l'histoire conserve les éléments qui avaient fait la beauté du premier opus : des scénarios tournant autour de concepts sympathiques, offrant des perspectives de réflexion intéressantes... toujours accompagnés d'une structure narrative délicieuse. Un univers toujours aussi attachant et mystérieux ainsi qu'une histoire qui garde le joueur impliqué, autant que faire se peut. Néanmoins, pour en revenir brièvement sur mon désarroi personnel, il est vrai que, m'étant fortement attaché aux deux héros de l'opus précédent et ayant commencé à imaginer une plausible aventure les concernant, se retrouver dans une suite où un autre personnage tient le rôle le plus important peut se révéler frustrant. Fort heureusement, l'histoire personnelle de cette dernière est assez intéressante pour que l'on ne vienne pas se lamenter tout le long du jeu, dévoilant un final qui ne laissera pas indifférent.


Concernant la technique, rien n'a changé : nous sommes toujours sur un "point and click", qui me semble à titre personnel bien plus ardu que le précédent. On passe encore notre temps à mitrailler - de manière logique ( les différents tableaux mais les énigmes et les combinaisons d'objets peuvent sembler bien plus brouillonnes, voire même complétement abracadabrantesques (à se demander si il y a vraiment un soupçon de logique dans tout ça ; quand bien même nous nous situons dans un univers de Fantasy). Et là encore, on ne déroge pas à la règle : heureusement qu'il y a une aide car, à la fin du jeu, on se rend vite compte à quel point nous ne serions allés nulle part sans solutions. C'est le gros point qui déstabilise le plus mais étant donné que nous avions eu un aperçu dans le premier opus, il ne surprend pas tellement ici. Et ce qui va complexifier la chose, c'est l'apparition de (très nombreux) nouveaux pouvoirs qui vont, certes offrir plus de possibilités d'action et, en un sens, de réflexion, mais qui vont surtout faire arracher encore plus de cheveux à ceux qui se retrouvent facilement bloquer à la moindre énigme corsée. Quand bien même, ce côté technique reste aisément accessible et une fois en main (et prévenu des difficultés), le chemin s'illumine tout seul.


Pour les personnages, nous retrouvons les deux principaux présents dans Les Chaînes de Satinav, et même quelques figures secondaires qui feront, à n'en pas douter, plaisir aux passionnés acharnés. Donc, bien évidemment, le fait de voir à nouveau Géron et Nuri est un gros plus mais les nouveaux protagonistes ne sont pas en reste, notamment Sadja qui se trouve être une héroïne plaisante à suivre, avec un caractère bien trempé et une détermination à toutes épreuves. Et si, dans le premier jeu, nous avions un corbeau comme "adjuvant" atypique, ici c'est un bâton magique qui remplace le volatile et de ce fait, je me dois de lui attribuer une mention spéciale car on s'y attache très rapidement, en sachant qu'il possède, comme sa maîtresse, un tempérament délicieux. Autrement, les différents personnages ont de quoi plaire, chacun à leur manière. Ce qui change, en un sens, du premier opus cependant, c'est bien une volonté - peut-être un chouïa sur-interprété - de proposer une vision détachée de manichéisme. Non pas que l'on n'est plus du tout cette fameuse opposition dans Memoria mais on observe, et l'on sent une certaine envie de montrer des personnages agissant non pour le bien ou le mal mais pour un idéal qu'ils croient légitimes. C'est bien un ajout rafraichissant, guère exploité mais qui apporte son lot d'idées bienvenues.


Concernant le côté graphique, un an après Les Chaînes de Satinav, il ne faut pas s'attendre à une évolution transcendante. On garde la même patte, non pas déplaisante, loin de là. Les tableaux demeurent sympathiques et détaillés, encore bien chargés en élément avec quoi interagir. Nous avons toujours cette duplication : les personnages en pseudo 3D sur des paysages en 2D et force est de constater que la rigidité des différents personnages est toujours bien présentes. Quoi qu'il en soit, on demeure sur une qualité fort convenable qui donne de la substance à cet univers.


Pour les musiques, nous avons le droit à quelques mélodies fort envoutantes, en plus grand nombre que ce que nous avait proposé le premier opus, pour notre plus grand plaisir. L'exemple le plus frappant demeure le menu : là où Les Chaînes de Satinav nous laissait avec un silence un peu dérangeant, Memoria nous accueille avec une mélodie magnifique. Pour ce qui est des bruitages, nous sommes également sur le même rendu que pour le premier jeu.


En clair, Memoria se contente de garder les mêmes ingrédients utilisés pour Les Chaînes de Satinav et en même temps, pourquoi s'en priver ? La recette avait fonctionné, force est de constater qu'elle fonctionne à merveille ici. On demeure donc bien prudent, en proposant toutefois quelques nouveautés qui séduiront sans aucune difficulté. Ainsi, l'intrigue est toujours aussi prenante, gardant les dualités déjà mises en avant dans le premier opus concernant le destin, vérité et mensonge. Et comme pour le premier jeu, je recommande Memoria pour les mêmes raisons, quand bien même il peut sembler plus complexe que le précédent.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 3 avr. 2021

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