Acheté lors des soldes Steam, j'avais de Papers, Please l'image d'un jeu un peu terne et "sensibilisateur" sur la cause des sans papiers. Après l'avoir essayé et avoir passé 10 heures dessus (merci le compteur de Steam) j'ai découvert un jeu, qui, certes, est illustré de la façon la plus austère possible, mais qui est prenant et qui, malgré certains de cas de consciences, est assez fun.
Car oui, même si on se sent mal parfois de ne pas avoir accepté de laisser passer telles ou telles personnes lors des post-frontière, le fait qu'ils ne soient que des personnages de pixels et qu'on puisse utiliser un arbre des possibles, rend ces choix moins durs. A vrai dire, j'ai fait principalement deux runs du jeu : Le premier run où j'essayais de faire de mon possible pour ménager mes idéaux, en tournant la tête devant certains cas, et mon portefeuille, dont la bonne santé nécessite que je fournisse un travail correct. Le second run où je me suis appliqué à être le fonctionnaire le plus consciencieux et obéissant possible afin de débloquer le mode "Endless" (une pseudo "bonne fin" ... si vous êtes nostalgique de l'URSS...)
Et au final, oui, il m'est arrivé de prendre mon pied à être le plus salaud des bureaucrate possible, comme le test de yavin le souligne de façon très drôle... mais il y a pas mal de traits d'humours (parfois noirs) et d'évènements qui rendent la tâche moins rébarbative (d'autant plus qu'elle en devient limite impossible dans les derniers jours lorsque vous devez traiter 5 papiers à la fois tout en augmentant la cadence parce qu'il faut nourrir votre nièce...) Entre les apparitions du jovial Jorji qui même lorsque tu l'envoie chier parce qu'il t'a présenté un passeport en papier mâché fait au crayon-cire, te dit "toi faire bien ton boulot, cool, à plus tard", le mec qui te file 2 passeports et te dit "oups, faites comme si vous n'avez rien vu", celui qui te laisse un petit mot d'amour et que tu peux envoyer en taule lorsqu'il t'avoue qu'il fait ça à tout le monde. Sans parler du plaisir pleinement satisfaisant de mettre aux arrêts le connard qui a dit que le dessin de ton fils était moche ! Bien fait pour ta gueule !
Même le côté "Union Soviétique" avec sa grosse propagande, sa loterie pour gagner un boulot, ses GLOIRE A L'ARSTOTZKA possède un fond d'humour noir, qui, contre-balancé par la simplicité des graphismes, empêche qu'on tombe dans quelque chose de trop plombant. La seule chose plombante au final, ça sera cette saloperie de Fax.
Le fax de l'enfer :
Toute personne ayant joué à Papers, Please sait de quoi je parle. Tu viens de checker les papiers d'une personne à la frontière, tu as tout vérifié : les dates d'expiration, la photo, les correspondance de numéros, ses déclarations, sa date de naissance, la préfecture d'émissions de passeport, ses vaccins, etc... Tout à l'air en règle. Merde. Tu revérifie une deuxième fois, jete un coup d'oeil au tampon... A la liste des criminels recherchés... RIEN. Ça a l'air niquel et puis, l'horloge tourne et il faut que tu fasse encore passer 5 dossiers si tu veux nourrir ta famille.
Du coup, tu tamponne son passeport en vert et tu le laisse sortir. Et là... tu jette un coup d'oeil aux trois premiers pas du mec qui sort... s'il passe la première rupture de ligne et qu'il se passe rien, c'est bon.... allez passe...
MAIS NON, tu entend le fax. Il se déplie. Le sexe sur le passeport ne correspond pas ! MERDE QUEL CON, j'ai encore oublié de vérifier ! Pas d'amende, mais c'est la dernière fois. Et là, tu ronge ton frein en te disant que tu ne fera pas l'erreur la prochaine fois...
Futur joueur de Paper Please, ce fax sera ta Nemesis. Pire que l'interrogateur du parti qui viendra te voir, pire que les terroristes qui se font exploser à la frontière, pire que la hausse du loyer... Ce moment où un mec du ministère, qui, lui, sait TOUT, t'envoie un fax te réprimandant pour avoir omis tel ou tel détail (ça va du "le nom du mec à été mal orthographié" à "tu viens de laisser passer un serial killer dont la photo est dans le journal depuis trois jours") ou pour avoir refuser l'entrée de gens pourtant tout à fait en règle. A se demander si avec un tel oeil-de-lynx, pourquoi ce mec est pas dans ta cabine à ta place. (Oui, si c'était le cas, le jeu n'aurait aucun sens, je dis ça pour rire...)
Bilan :
10 heures de jeu. 92% de succès déverrouillés. (Il me reste celui de tenter d'avoir un Appartement de Classe 5... et il faudrait que je recommence le jeu à zéro et que je ne fasse aucune faute... la flemme.)
Bémol : sur les 20 fins promises, il y a pas mal de Game Over déguisés et certains sont vaguement les même. Et les challenge du "Mode sans fin" sont complètement pétés car il vous colle dans un classement où les gens qui sont à la première place ont certainement grugés (On parle de joueurs qui auraient réussi à traiter plus d'un milliers de migrants en 10 minutes, sans se gourrer une seule fois, là où tu galère déjà à en traiter 15 !)