Papers, Please vous propulse au fabuleux poste de guichetier au sein du seul poste de frontière d'Arstotzka, un pays fictif aux relents non contenus d'URSS. Je parle là de l'URSS à son apogée : pauvre, fliquée, totalitaire et fasciste. Ce petit jeu qui ne paye pas de mine vous tapera dans l'œil non pas pour sa patte artistique retro mais pour son scénario plutôt inquiétant.
Vous, vous n'avez pas de nom. Vous êtes un Arstotzkien parmi tous les autres, vous êtes pauvre, vous avez froid et faim. Après 6 ans de guerre entre votre grande nation et celle voisine, Kolechia, impure et infidèle, l'Administration décide de rouvrir la frontière et vous voilà devenu guichetier au post de East Gerstin, unique point de passage dans tout le pays. Vous passez donc de votre village natal à la capitale, votre famille vous accompagne et on octroie à tout ce petit monde un appartement de classe 8... wow ! Bouseux vous étiez, fonctionnaire vous êtes devenu. Et comme Cendrillon, la métamorphose ne se fera pas sans douleur.
Ce jeu n'est bien évidemment pas un simulateur de vie. Vous ne verrez jamais votre famille ou votre appartement, vous-même n'avez pas de figure, tout ce qui compte c'est le travail. Prenez donc place, voici l'hygiaphone, voici le livre contenant les règles d'immigration, voici les tampons. À vous de jouer !
Le gameplay est simple et il s'apparente à un jeu des 7 erreurs pour adultes. Vous devrez vérifier les papiers qu'on vous présente, les confronter au sacro-saint livre de règles et rejeter les mécréants indignes de la sainte terre d'Arstotzka. Certains oseraient parler « d'administration simulator »... ce qui n'est pas faux.
Ceci dit, Papers, Please est largement servi par son scénario, enfin... ses scénarios. À mesure que la loi sur l'immigration se durcie et devient de plus en plus absurde et cruelle, vous devrez faire des choix moraux : faire vivre votre famille ou bien débouter une mère de famille, penser à votre « carrière » ou aider un groupuscule à libérer Arstotzka. Le jeu nous place dans des situations difficiles mais pourtant facilement reconnaissables. Petit à petit, on se rend compte qu'il est facile de se laisser aller et d'ignorer tout sens moral au nom de la sécurité de la nation. Bon... parfois c'est simplement grisant de faire enfermer un gus qui vous a pris pour un jambon avec son passeport salement contrefait.
Tous vos choix auront une incidence sur la suite, vous pouvez être l'employé modèle (celui qui « ne faisait que son travail ») ou bien la fourmis qui dispense quelques doses de joies autour d'elle. Avec 20 fins différentes, Papers, Please n'a toujours pas fini de me scotcher.
J'y retourne !