Vide d'idées, vide de sens, vide de fun

Bon.
Je ne vais pas m’étendre sur le contexte, Prisme 7 est issu de l’art conceptuel et contemporain. Même si je pense que le contexte a évidemment conditionné le jeu, j’aimerais parler de Prisme 7 en tant qu'objet vidéo-ludique sans me disperser et donner mon avis sur l’art représenté au musée Pompidou. Car, toute publicité qu'il est, ce jeu reste un jeu vidéo, et ainsi peut être jugé en tant que tel.


Prisme 7 est un jeu qui a pour ambition de présenter des œuvres issus de ce Centre d'Art tout en proposant des tâches amusantes et ludiques. Le jeu est divisé en sept niveaux.


Le premier niveau, intitulé Couleur et fonction, est en réalité un collect-a-thon. Comme dirait le joueur du grenier, un jeu de patounes. Si votre premier réflexe est de vous faire la réflexion : « mais… Les collect-a-thon, c’est pas pour les level-designers fainéants ? », et bien… On ne peut pas vous donner tort. Le premier niveau est ainsi vide de tout. Les décors sont vides, on clique sur deux trois tuyaux, on ramasse des orbes, et on avance vers la fin du niveau. J’ai connu des files d’attentes à la poste plus amusantes.


Le deuxième niveau est nommé Couleur et système. Des dalles peuvent être retournées, il s’agit de constituer des motifs en retournant les tuiles adaptées. Si ce n’est le manque d’originalité affligeant, on se surprend à ne pas s’amuser, en cliquant simplement sur des rectangles sans grandes conséquences ni difficulté. On retourne des rectangles, on avance, on retourne des rectangles, on avance…


Le troisième niveau est nommé Couleur et engagement. C’est une version eco+ de Lemmings, où il s’agit d’orienter des personnages en soulevant ou en abaissant de gros blocs plantés dans le sol. De larges portes ornés d’un chiffre indiquant le nombre de personnages qu’elles peuvent contenir doivent être remplies pour pouvoir progresser et découvrir le reste du jeu.
Juste pour info, Lemmings est sorti en 1991 et Prisme 7 est sorti en 2020. Comme beaucoup de jeux indépendants d’aujourd’hui possèdent désormais un gameplay extra-ordinairement bon grâce à ces trente années d’évolution du média, il aurait été possible de croire que Prisme 7 aurait pu également profiter de la progression de cet art, mais visiblement ce n’est pas le cas : Lemmings reste vastement supérieur, et ce sans efforts. C’est un peu triste mais pas surprenant.


Le quatrième niveau se nomme Couleur et émotion. Il s’agit de colorier et de remplir un monde de couleurs, afin d’y faire apparaitre bloc et murs et ainsi de pouvoir y naviguer. Résumé ainsi, cela peut sembler attrayant. En réalité, on déplace nos sphères immatérielles dans un univers vide et blanc en espérant que quelque chose viendra achever nos souffrances.


Le cinquième monde se nomme Couleur et spiritualité. Il s’agit encore une fois d’un collect-a-thon, avec cette fois des boutons à presser afin d’ouvrir les portes ayant la bonne couleur.
Je pense que j’ai assez souffert. Je ne m’acharnerai pas à jouer aux deux derniers niveaux. Il n’y a aucune raison que ce jeu devienne magiquement intéressant d’un point de vue vidéo-ludique.


 


Voilà pour le résumé de ses niveaux. Faisons un petit tour rapide de ses qualités en tant que jeu vidéo. Et par qualité, j’entends parler des éléments qui le composent et qui sont spécifiques au médium.


Graphismes ? Tout droit issu des années 2000 et du début de la 3d, le jeu est incroyablement laid, les couleurs semblent désorganisées et anarchiques, les éléments de décors ne représentent rien de bien cohérent. C’est triste à mourir.


Gameplay ? Rien n'est amusant. On clique et on avance dans ces décors vides sans que rien ne vienne briser notre ennui. C’est pour moi le principal frein à la diffusion de ce jeu et son principal défaut ; le bouche à oreille ne marchera pas pour cette raison.


Difficulté ? Une épine dans le pied du joueur : tout est vraiment trop facile. Aucun défi, aucune sensation agréable. Tout au mieux, vous avez légèrement usé le mécanisme en plastique qui retient le clic de votre souris.


Ce jeu est gratuit, mais ne rêvez pas : s’il est gratuit, c’est parce que le produit, c’est vous. Prisme 7 est une publicité pour le Centre Pompidou.


Voilà qui est fort dommage, car il ne convaincra personne qui ne l’est pas déjà, de par sa pauvreté artistique. Avant d’être un support pour un centre d’art, Prisme 7 aurait dû être un bon jeu vidéo, et malheureusement c’est un échec.


Et parce que je trouverais dommage de finir sur cette note, voilà quelques suggestions de jeux abstraits qui possèdent tout de même un gameplay. Je ne peux que vous inviter à les tester ! Cette liste est non exhaustive.



  • Super Hexagon

  • Antichamber

  • Proun

  • Strata

  • Race the sun

  • Ovivo

  • Thomas was alone

  • Glitchspace

  • Superhot

  • Reassembly

  • Shapes and Beats

  • Manifold Garden


PS : Prisme 7 est bourré de bug qui peuvent vous forcer à redémarrer le jeu. Aussi bien codé que designé, visiblement.

Bflorian
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le 10 juin 2020

Critique lue 358 fois

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Florian B

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