Vous vous réveillez amnésique dans une chambre d'hôtel style Art Déco et soudain, quelqu'un tape à votre porte. Enfin, quelque chose plutôt, puisqu'il s'agit d'un automate. Celui-ci vous salue poliment et vous invite à aller prendre le petit déjeuner au restaurant de cet hôtel, le Penrose. Au moment de sortir de votre chambre, un genre de smartphone sonne sous votre oreiller et vous indique que vous êtes retenu ici contre votre volonté et de faire attention. Angoissant !
Et en effet, tout indique qu'il se passe quelque chose de louche ici : pas d'autres clients et le personnel est uniquement composé d'automates immobiles... Vous êtes enfermé dans une simulation et celle-ci ne continuera que si vous faites ce que les automates vous indiquent. Et apparemment, vous faites ça depuis bien longtemps, vous réveillant amnésique chaque matin, dans une boucle infinie.
La voix au téléphone, une certaine Cooper qui se dit être votre alliée, va donc faire en sorte de vous aider à vous souvenir de pourquoi vous êtes ici et vous aider à en sortir. A partir de ce moment, le jeu se divisera en deux parties distinctes : la première est axée sur le gameplay, où des puzzles à base de couleurs vous barreront le chemin ; les réussir vous fera outrepasser certaines barrières liées à la boucle de la simulation. L'autre consistera à trouver des anomalies dans l'hôtel et certains indices vous aidant à retrouver vos souvenirs, bref celle qui fait avancer le scénario.
Et quel scénario ! Partant d'un pitch simple, vous aurez l'occasion de découvrir une histoire d'une profondeur et d'une tristesse palpitante... D'autant plus que Dan Smith, le créateur du jeu, n'avait que 15 ans lorsqu'il a commencé à créer The Spectrum Retreat. Impressionnant !
Comme évoqué plus haut, le gameplay comporte deux phases. Celle liée à la visite de l'hôtel devra vous imposer de suivre la routine imposée par les automates de ce lieu étrange tout en cherchant à chaque fois une anomalie qui vous permettra de découvrir un code. Qui dit routine dit répétitivité, et pourtant chaque jour un évènement va rendre ces allers et venues bien intéressants. Bref, ce code va quant à lui vous faire ouvrir une porte qui vous mènera à la seconde partie du jeu et de vos journées, bien plus axée sur la plate-forme et la réflexion, à base de couleurs.
Se rapprochant de ce que pourrait offrir un Portal, le joueur va devoir traverser une série de salles fermées par des barrières colorées : bleues, blanches, rouges ou vertes. Pour passer ces portes, il vous faudra insérer dans votre smartphone la couleur adéquate et pour cela, vous devrez pointer des genres de gros cubes lumineux et colorés, ce qui aura pour effet d'inverser la couleur de votre smartphone (blanc au début de chaque salle) avec celle du cube. Si le premier jour, les casse-têtes se révèlent d'une simplicité enfantine, les suivants se révèleront de plus en plus ardus et complexes.
Tant mieux pour un puzzle-game, mais je dois avouer qu'une des séries de salles, qui en comporte 9 à traverser, m'a paru à la fois trop longue et trop complexe pour rien, sachant que la plupart des salles ne font en rien avancer l'histoire. C'est surtout le fait que certains puzzles sont assez longs à résoudre et que parfois, si vous vous trompez dans votre logique de cheminement, vous devrez recommencer du début... Assez fastidieux par moment. Mais en réalité pas d'inquiétude, la majeure partie du temps le tout sera plutôt amusant et l'on est de toutes façons poussé par notre volonté de découvrir le fin mot de l'histoire.
Très beau ! Oui, The Spectrum Retreat est vraiment joli. Les décors sont réalistes, les jeux d'ombre et de lumière sont impeccables, et c'est seulement en se rapprochant de très très près de certains éléments de notre environnement que l'on peut constater un léger aliasing. En revanche, le jeu pêche sur ses ombres dans la partie concernant la routine dans l'hôtel, dont l'aliasing est cette fois bien plus prononcé, au point de parfois gâcher le réalisme du reste du Penrose.
Bref, en dehors de ce petit défaut et quelques très rares bugs luminosité sur certains murs, le titre apparaît comme l'un des plus beaux de l'eShop. Chapeau !
Le jeu de Dan Smith excelle également dans sa bande-son qui se veut parfois discrète et efficace, et d'autres fois ultra stressante dans les moments où l'on est le moins serein, où l'on se sent le plus observé par ces mannequins automatisés. Une prouesse sachant que le jeu ne verse jamais dans l'horreur, qui n'est pas du tout son thème, mais sait nous angoisser quand il le faut. Les doublages sont eux de très bonne facture, surtout celui de Cooper et c'est tant mieux, sa voix vous accompagnant du début à la fin de l'aventure.
Selon vos capacités à résoudre les énigmes qui se dressent sur votre chemin et si vous souhaitez trouver les 9 messages (pas très bien) cachés au sein du Penrose, comptez entre 5h et 7h pour finir The Spectrum Retreat. Le jeu ne proposant rien de plus une fois l'histoire terminée, vous n'aurez peut-être aucun intérêt à y revenir, sachant qu'il ne propose aucun autre mode, du style Défi ou autres.
Sachez cependant que le jeu possède deux fins différentes et qu'il vous faudra entièrement recommencer le jeu pour voir l'autre fin, ce qui est bien dommage. Cela dit si tel est votre choix, ajoutez environ 4h pour recommencer le tout, sachant que rien de nouveau ne se dressera sur votre chemin. Et puis pour quelques lignes de dialogue qui changent et une scène de fin qui ne diverge pas tant que ça comparé à tout ce que le reste de l'histoire apporte, autant aller voir ça sur YouTube. Oups !
Terminons sur un plus non-négligeables pour les personnes ayant des troubles visuels, les options permettent de s'adapter à différentes formes de daltonisme. Encore heureux pour un jeu dont les énigmes sont basées sur les couleurs !
Si l'aventure de The Spectrum Retreat se veut courte, elle est également très intéressante de par son scénario plus profond qu'il n'y parait de prime abord. Certes, les casse-têtes ne sont au final rien de plus qu'une carotte pour vous pousser à avancer dans le scénario mais la plupart d'entre elles sont plaisantes à réaliser, alors on les fait sans vraiment se forcer. Et puis honnêtement, voir un jeu si complet et mature sortir de la tête d'un adolescent de 15 ans pousse au respect, donc n'hésitez pas à lâcher les quelques euros nécessaires à l'achat du soft de Dan Smith. Le jeu en vaut la chandelle et l'on ne peut qu'espérer que ce jeune pourra à nouveau étaler son art vidéoludique avec les fonds récoltés grâce à The Spectrum Retreat !