A Highland Song résonne comme la promesse d'une balade bucolique à travers les collines écossaises. Une promesse agrémentée de sonorités celtiques au gré de votre course tambour battant, cheveux au vent. Une promesse de panoramas une fois les points de vue atteints, l'horizon révélant de nouveaux sommets à gravir. Une promesse qui masque certaines réalités : le froid, la nuit, la torpeur sont également au rendez-vous, sans compter sur le fait que vous allez vous perdre, perdre foi en votre sens de l'orientation, perdre espoir d'arriver à temps au bout de votre voyage. Enfilez vos bottes de marche, prenez quelques barres de céréales, le voyage ne sera pas de tout repos.
Le jeu de la mort et du hasard
Le concept de A Highland Song repose sur le principe du jeu de l'oie : un long parcours semé de raccourcis. La topographie du jeu est constituée de tranches horizontales, que vous aurez rapidement fait de parcourir un peu bêtement de long en large. Pourtant, à de nombreux endroits, des passages permettent d'accéder au calque suivant : par un simple saut pour grimper une légère pente, par un pont dont l'existence n'est signifiée que par un petit piquet presque invisible, ou encore par des galeries souterraines qu'il vous faudra explorer en priant pour ressortir vivante. Si le principe séduit, la réalité n'est pas forcément agréable. Vous avez un objectif, certes, mais livré totalement à vous-même les errances sont nombreuses, avec le sentiment de devenir fou en repassant deux fois au même endroit. Ou le décor se ressemblait juste ?
Un pont trop loin
En plus de vos essais hasardeux qui peuvent parfois vous renvoyer tout simplement en arrière, vous avez parfois la chance de tomber sur des indices cartographiques abandonnés ça et là. Une note griffonnée à demi effacée qui pointe un sentier ; un papier froissé qui indique une grotte possible entre deux buissons... Pour identifier ces passages privilégiés, il vous faudra grimper jusqu'à un point culminant et tenter, à l'aide de votre longue vue, de faire correspondre le croquis approximatif avec le découpage des montagnes. Parfois, l'évidence est là. Souvent, il ne vous restera pas assez de cheveux à vous arracher pour pointer le bon petit caillou derrière le bon petit sapin. Et même s'il semble possible d'arriver au bout du jeu sans ces indices, nombreux sont les endroits où les passages n'apparaissent pas tant qu'ils n'ont pas été identifiés (logique). Résultat : vous passez devant des chemins évidents et échouez dans une voie sans issue, sans autre possibilité que de repartir très très loin en arrière. La frustration atteint des sommets.
127 heures, Scottish Edit
A Highland Song illustre parfaitement la fine frontière qui relie l'amour à la haine. De loin, l'herbe est diablement verte : l'ambiance, la poésie, les décors (superbe mode photo au passage). Mais une fois dans le bourbier et les premiers émois poétiques passés, vous perdez foi en la vie. Pourquoi tant marcher pour aboutir à des culs-de-sac ? Le titre parie certes sur une forte rejouabilité, la première tentative de traversée semble résolument vouée à l'échec. Mais est-ce que la frustration générée par la perte de repères et une forte part de chance ou de hasard suffisent à motiver à recommencer encore et encore ? A Highland Song restera pour nous un rendez-vous manqué.
Test complet publié sur Gamatomic