Les MMORPG je n'y connaissais rien, et d'ailleurs ça n'a pas vraiment changé. J'en avais l'image d'un pote qui jouait à WOW comme si sa vie en dépendait ce qui faisait que quand je lui rendais visite je ne le voyais que de dos, hurlant des insultes dans son micro-casque. J'avais aussi tenté le DC Universe Online où j'ai pris plus de plaisir à créer mon perso qu'à jouer, cruelle déception que celle-ci !
Donc, je me suis mis à AOC (oui on dit comme ça en Hyboria) quand le jeu est passé en free to play (Unchained, c'est assez astucieux) et je ne regrette rien.
La création du personnage m' a occupé quelques longues minutes, mais c'est toujours quelque chose que j'adore faire, sur Fallout New Vegas ou même récemment Skyrim ça me prend toujours un temps au-delà du raisonnable. Là je crée une fière guerrière aquilonienne (oui le Révérend est un transformiste virtuel), conquérant on dit, spécialisée dans les armures lourdes et les armes à deux mains. La magie ne me tente jamais dans ces jeux, la seule magie que je comprenne bien étant celle de la hache à deux mains dans la tronche.
Je reconnais que quand je me suis lancé à l'aventure j'étais un peu perlexe. Le système de combat est original mais peu intuitif au départ, la liberté est très restreinte durant les premiers 20 niveaux, malgré une quête très bien troussée, et je meurs si souvent que je suis bien content de ne pas croiser grand monde. Les choses s'améliorent une fois passée cette espèce de long tutoriel, on m'accorde la liberté de visiter le vaste monde et là je deviens un vrai touriste !
Pour un MMO je trouve que c'est très beau, les environnements sont crédibles et vivants, visuellement on différencie parfaitement les différents habitants de ce vaste monde avec un parti pris "réaliste" plutôt que cartoon qui colle parfaitement à l'ambiance épique de l'univers de Rober E. Howard. Je ne me suis pas lassé d'admirer les sommets de Cimmérie et ses torrents sauvages, de découvrir certains lieux emblématiques de la mythologie Howardienne (et même la fameuse roue aux esclaves du film Conan le Barbare) ou tout simplement de me balader à cheval dans les rues de Tarantia la Vieille. Les superbes musiques contribuent également à l'immersion (et Helene Bøksle).
Rapidement je me suis mis à connaître parfaitement ma géographie locale ce qui m'a permis de renseigner quelques voyageurs égarés et quelle ne fut pas ma fierté quand je me suis rendu compte que j'étais désormais assez fort pour prêter hache à deux mains forte à des aventuriers moins aguérris ! Parfois on venait me demander de l'aide, parfois je jouais de moi même les justiciers en distribuant les coups de lame bien sentis.
Ainsi, je me suis tourné vers les autres, car longtemps j'ai joué solo, le jeu ne vous en empêche pas, au contraire, et j'ai découvert une communauté pas seulement constituée de Russes vendant des armes super cher ou de jeunes Français demandant "ya des francais ki joue la ?" à tout bout de champ. Non, j'ai même passé une soirée d'anthologie à mettre l'aventure de côté pour commenter en direct l'Eurovision avec divers joueurs scandinaves que mon enthousiasme face à ce Roumain incarnant judicieusement un Dracula chantant a rapidement poussé à se joindre à la fête : http://www.youtube.com/watch?v=OV3xp5ZXSYA Hélas, la fusion des serveurs m'a coupé de cette communauté européenne désormais diluée. Adieu les longues discussions sur les meilleurs ingrédients à mettre sur une pizza selon les divers résidents européens (et ces Scandinaves encore pour qui le fromage bleu est une pourriture infâme). Pourtant beaucoup saluaient alors mon personnage nommé Namain la Blonde, tout en ironisant sur ma légendaire habitude d'enchaîner les chutes mortelles du haut de sommets que j'escaladais pour "trouver un raccourci trop pratique si, si vous allez voir".
Alors, est-ce que j'ai vraiment joué à un jeu ? Pas vraiment il me semble. J'ai conclu la quête principale, vaincu un dieu et posé pour des captures d'écran magnifiques façon fan relou au côté du roi Conan (doublé par Daniel "Schwarzy" Beretta), j'ai baladé mon armure de plus en plus lourde et de plus en plus étincelante dans toutes les contrées autorisées par la version gratuite et j'ai pris énormément de plaisir à explorer ces paysages fort réussis, des contrées gelées à la frontière hyperboréenne aux déserts brûlants et sacrés de la Stygie mystérieuse. J'ai aussi pesté contre des quêtes parfois ridicules (quoi faut que je récupère 75 oeufs d'araignée !?) ou des déconnexions intempestives, mais j'ai tenu plus que bon, 364 heures au compteur pour finalement laisser tomber presque du jour au lendemain.
Alors, est-ce que j'ai vraiment critiqué un jeu ? Pas vraiment il me semble. Je sais que j'aurai énormément de mal à m'y replonger, et que je garde d'excellents souvenirs de mes escapades échevelées, mais n'étant pas expert en MMO j'aurais bien du mal à vous livrer un compte-rendu analytique de mon expérience. Tant pis, au moins je peux vous communiquer le plaisir que j'ai eu à livrer bataille dans cet univers qui, depuis le film de John Milius, m'a toujours fasciné.