Age of Empire III Definitive Edition, édité en partie par Forgotten Empires, est le remake du jeu Age of Empire III sorti en 2005 et qui comprend les deux extensions de la version d'origine : The War Chiefs (2006) et The Asian Dynasties (2007). Ce troisième opus de la série nous plonge dans l'ère des grandes découvertes et dans celle de la colonisation, jusqu'au début de l'âge industriel. C'est le premier Age of Empire à introduire (de façon plus poussée) les armes à feu et les canons. Vous incarnerez une expédition partie fondée une colonie dans un nouveau monde peuplé d’indigènes et parsemé de trésors à explorer. À vous de choisir la nationalité de votre nouvelle colonie (Français, Anglais, Allemands, Russes, Hollandais, Espagnols, Portugais, Maltais, Italiens, Suédois, Ottomans, Haoussa, Éthiopiens, Japonais, Chinois, Indiens, Sioux-Lakota, Iroquois, Aztèques, Incas, Américains ou Mexicains).

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'univers des AOE, ce troisième opus est à la fois aimé (notamment avec une bonne communauté de fan et de moddeurs avec Wars of Liberty), mais il est aussi boudé. AOE III est cette bête noire de la saga, dont les uns vous diront que c'est un super jeu malheureusement incompris, tandis que les autres vous dirons qu'il ne ressemble pas à un AOE. En tant que fan cette licence et ayant passé mon enfance à jouer aux AOE, j'ai forcément un avis très tranchée sur la question, le tout saupoudré d'une cuillère à soupe de nostalgie.

En 2023, AOE III DE est devenu free to play, rendant ainsi le jeu plus accessible, sans pour doute pour compenser sa moins grande popularité face à AOE II DE et AOE IV.

Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps, mais oui, AOE III est pour moi un des meilleurs jeux de la licence, et techniquement mon préféré à égalité avec Age of Mythology. Oui, au risque de faire hurler les trois-quart d'entre vous qui liront cette critique, je préfère AOE III à AOE II. Mais est-ce que ça veut dire qu'il est meilleur sur le plan technique ? Et bien on va éplucher tout ça en vous présentant Age of Empire III, tout en prenant en compte les nouveautés et les améliorations apportées par le remake sorti en 2020.



Graphismes et lisibilité

Au niveau des graphismes que propose ce remake, ceux-ci sont tout à fait honorables. Ce n'est peut-être pas forcément le jeu de stratégie en temps réel le plus beau n'ayant jamais existé, mais les graphiques sont corrects. Les unités sont plus belles et détaillées que dans l'orignal et les angles des textures sont beaucoup plus propres. Les unités européennes, qui étaient dans la version originale toutes similaires, ont maintenant des skins uniques pour chacune des civilisations. Ainsi, vous fusiliers allemands aborderont le célèbre casque à pointe (Pickelhaube en allemand), tandis que vos lanciers espagnols auront des aires de conquistadors. La principale amélioration concernant les graphismes, reste quand même la lisibilité qui a été drastiquement améliorée. Le hud (tableau de bord) prend beaucoup moins d'espace dans ce remake et il est beaucoup plus clair. Enfin, je reprochais à la version originale d'avoir parfois des effets lumineux un peu trop fort. Dans la Definitive Edition, ce souci a été corrigé et la balance entre le contraste et la luminosité est par défaut très bien gérer.



Gameplay et spécificités

Le jeu commence comme tous les AOE. Vous avez quelques villageois, un explorateur et un centre-ville pour entraîner d'autre villageois et pour passer aux âges supérieurs. Je ne vais pas présenter ici la base du gameplay de cet AOE III de qui est exactement la même que celle des autres opus de la licence, mais je vais plutôt vous parler de ses spécificités et de ce qui le distingue des autres AOE.


  • Trésors

Votre explorateur ne sert pas qu'à parcourir la map, il vous sert aussi à ramasser des trésors qui peuvent soutenir votre économie ou votre effort de guerre. Dans la grande majorité des cas, ces trésors sont défendus par des gardiens comme des bêtes sauvages ou des brigands que vous allez devoir tuer pour récolter votre butin. Ces trésors peuvent grandement vous aider en early game, à amasser des ressources et de l'expérience, et peuvent contribuer à vous rendre plus puissant bien plus tôt dans la partie. Si vous partez littéralement à la chasse au trésor, et que votre adversaire n'en ramasse aucun ou pas assez, un écart économique (plus ou moins conséquents) va se creuser entre vous et votre rival en early game. Vous pourrez ainsi investir vos ressources gagnées dans les trésors dans la formation de nouvelle unité ou le développement de nouvelle technologie, ce qui vous donnera une avance non-négligeable sur votre adversaire.


  • Comptoirs et métropole

Certaines map du jeu sont parsemées d'unes ou plusieurs routes commerciales qui sont maritimes ou terrestres. Celles-ci se matérialisent par une longue voie ponctuée de comptoirs commerciaux neutres où passe un chariot ou un bateau en boucle, et ce pendant toute la durée de la partie. Contrôler la route commerciale peut véritablement vous faire gagner la partie, puisqu'elle vous permet de gagner de l'expérience. Il s'agit d'une ressource unique de cet AOE III et qu'on ne retrouve pas chez les autres, que vous aller gagner lentement et naturellement tout au long du jeu, mais que vous pouvez accélérer en contrôlant et en sécurisant une route commerciale. Votre expérience acquise vous permettra de la dépenser dans le deck de votre métropole.

Comme je l'ai dit précédemment, vous jouez une colonie d'un grand empire implantée dans un nouveau monde, et non pas directement le grand empire en question (par exemple une colonie aztèque en Indochine). Ainsi, en fonction de vos besoins, vous allez pouvoir demander de l'aide à votre métropole. Avant de commencer une partie, vous aller vous constituer un deck de cartes, chacune d'entre elles sont les aides que vont vous fournir votre métropole, par exemple, un envoi de 6 bellicistes, de 300 cageots de nourriture, des chariots d'usine ou de fort, des technologies uniques, etc... Ce deck est entièrement personnalisable, et plus vous progressez dans les âges, plus vous aurez accès aux meilleures cartes. Les decks sont différents entre les civilisations et entre les joueurs. Ça donne ainsi un sentiment unique à votre partie puisque que votre deck est intime et qu'un autre deck vous aurait peut être obligé à jouer différemment. Vous l'aurez compris donc, si vous voulez que votre métropole soutienne votre guerre, vous allez devoir contrôler des routes commerciales et les défendre de façons acharnées.


  • Villages indigènes

En plus des routes commerciales, les cartes sont parsemées de villages indigènes, allant des Apaches et des Navajos aux Tupis, en passant par les Akans et les Soudanais d'Afrique aux grandes familles royales européennes comme les Bourbons ou les Habsbourg, jusqu’aux Tengristes, Jésuites et Shaolin de l'Est asiatique. Ces peuples sont naturellement neutres et ne vous rejoindront au combat que si vous forgez une alliance avec eux en construisant un comptoir sur leurs terres. Contrôler les villages indigènes est extrêmement important, car ça vous permettra de recruter des soldats et des technologies indigènes uniques.


  • Révolutions

Les révolutions sont une mécanique unique disponible pour les civilisations européennes, ainsi pour que celle des États-Unis et du Mexique. En vous révoltant, vous vous coupez de votre métropole (et donc de votre deck original), pour devenir indépendant avec un deck unique généré automatiquement par le jeu et non par vous. Ainsi, votre colonie espagnole peut se révolter pour devenir la Grande Colombie, ou bien votre colonie portugaise peut devenir le Brésil. Le système de révolution est particulièrement intéressant pour les Mexicains qui peuvent récupérer leur ancien deck en plus de conserver celui acquis avec la révolution, mais aussi pour les Français qui peuvent devenir une République ou un Empire, conférant ainsi des avantages énormes. Ce système de révolution est plutôt bien implémenté, mais pour être honnête, je ne l’utilise que pour les Mexicains et les Français. Pour toutes les autres civilisations, je préfère conserver mon deck que j’ai mis du temps à façonné plutôt que de me retrouver avec un deck parfois pas ouf générer par le jeu. Je pense donc que ce système des révolutions, qui est très bien sur le papier, aurait pu être plus développé, notamment en proposant des bonus plus intéressant aux joueurs. Ça aurait été cool qu’à un moment donné dans le jeu, on se pose la question de savoir si on prend son indépendance ou pas. Je ne me suis quasiment jamais posé cette question et c’est bien dommage. Par ailleurs, j’ai très rarement vu l’IA (même en très haut niveau de difficulté) faire des révolutions ce qui est bien dommage.



Combats

Tout comme pour les autres opus de la saga des AOE, les combats sont très techniques. Vos unités sont divisées entre celles qui se déplacent à pied ou à cheval, celles qui ont des armes à feu, des grenades ou des armes blanches, et celles qui ont une armure lourde ou légère. Le jeu fonctionne à la manière d’un papier-cailloux-ciseau, vos lanciers seront très efficaces contre la cavalerie, mais moins bien contre l’infanterie qui sera elle-même forte contre les unités aux corps-à-corps, etc. La micro (gestion personnelle de vos unités qui peuvent parfois être très nombreuses) et la macro (les unités se gèrent plutôt elles-mêmes) s’acquiert au fil du temps et demande d’avoir de bons réflexes. Certes, il faut reconnaître que ce n’est pas aussi poussé qu’AOE II ou des tirs de mangonneaux bien calculés pouvaient vous faire gagner une game, mais ça reste satisfaisant, surtout au niveau du combat naval qui est meilleur que dans AOE II, car les variétés de navires sont beaucoup plus grandes. Les combats restent très spectaculaires, notamment grâce aux canons qui envoient littéralement voler des unités.



Visuels et accessibilité

Comme dit précédemment, chaque civilisation possèdes des unités uniques, tandis que les unités partagées en commun par les civilisations européennes peuvent avoir des skins uniques. Néanmoins, ça reste très dépaysant de jouer les Aztèques, les Éthiopiens, ou les Japonais, car les visuels des unités et des bâtiments sont vraiment uniques. Cependant, cette diversité des visuels peut aussi faire défaut au jeu. Prenons par exemple les canons que peuvent entraîner les civilisations européennes. Il y en a plusieurs : le fauconneau, la couleuvrine, l’artillerie montée et le mortier. Quand vous pensez à un canon dans votre tête, vous le voyez employé contre les soldats ennemis ou contre les bâtiments. Et bien c’est à la fois vrai et faux. Je pense que beaucoup de nouveaux joueurs ont dû utiliser des couleuvrines contre des bâtiments ou des unités, alors qu’en vérité ce type de canon n’est efficace QUE contre d’autres canons ! Ça nécessite donc de bien connaître les nombreuses unités ainsi que leurs forces et faiblesses. Pour le coup, je trouve qu’AOE II est beaucoup clair sur ses unités, où un nouveau joueur acquiert plus rapidement et de façon plus logique, la règle des contres de chacune des unités. Par ailleurs, AOE III est le seul où les villageois collectent automatiquement les ressources sans avoir à les déposer dans des greniers, des dépôts de bois ou de pierre. Pour les nouveaux joueurs c’est plutôt sympa parce qu’ils n’ont pas besoin de s’embêter à construire et reconstruire ces lieux de dépôts qui coûtent bien évidemment des ressources. Néanmoins, je trouve qu’on perd là un élément qui est pourtant à mes yeux, dans l’ADN de la saga et que j’aurais aimé revoir dans ce remake. Les didacticiels de la DE sont très bien faits, notamment concernant l’Art de la Guerre, qui étaient déjà présents sur AOE II DE, et qui sont des petites missions pour que les joueurs puissent acquérir des réflexes plus aisément.



Immersion

Ce point peut faire sourire puisqu’après tout, on parle d’un jeu à stratégie en temps réel, et non pas d’un open world où on attend dès le départ, un sentiment d’immersion que doit procurer le jeu au joueur. Néanmoins, je trouve qu’AOE III est l’opus de la saga le plus immersif. Pourquoi ? Pour toutes les raisons que j’ai évoquées précédemment. Pour ceux qui dorment au fond de la classe, rappelez-vous que le jeu prend place à l’époque des grandes découvertes jusqu’à l’ère industrielle. Vous ne dirigez pas une métropole, mais bien une expédition coloniale envoyée par la dite métropole pour coloniser une terre jusque-là inconnue. Vous allez devoir vous allier à des indigènes, débusquer des trésors, contrôler des routes commerciales, solliciter l’aide de votre métropole ou au contraire vous en détourner. Tous ces éléments de gameplay que je viens de lister contribuent à ancrer ferment AOE III à l’époque Moderne. Il faut reconnaître qu’objectivement AOE II ou AOE IV ne sont pas si bien ancrer à l’époque à laquelle ils prennent part, même si les campagnes historiques sont superbement écrites, choses dont il manque d’ailleurs à AOE III. Tout au long du jeu, on a ce sentiment d’immersion présent. On se sent vraiment comme un explorateur qui doit aménager cette terre nouvellement conquise, mais qui doit aussi négocier avec les indigènes qui sont bien sûr sur leur terre.




Conclusion :

Age of Empire III, modernisé avec la Definitive Edition désormais free to play, reprend les solides bases du jeu orignal tout en proposant de nouvelles civilisations, des graphismes, une interface et une lisibilité améliorés, une meilleures accessibilité pour les nouveaux joueurs grâce notamment à l’ajout des missions de l’Art de la Guerre, mais aussi une IA et un système de combats (notamment navale) remis au goût du jour. Pour ceux qui ont aimé le jeu original, vous allez aimer cette Definitive Edition puisque c’est le jeu de base en mieux. Même s’il reste la malheureuse assiette pleine laissée dans le frigo depuis quelques jours, il reste un jeu très plaisant, et dont je regrette qu’il ne soit pas aussi populaire qu’AOE II et qu’AOE IV. Age of Empire III est un très bon jeu, qui réussit parfaitement ce qu’il propose, notamment en termes de combats, de mécaniques de gameplays uniques, d’immersions et de diversités des factions et des unités. Oui, il n’est clairement pas aussi compétitif qu’AOE II, et la micro et macro ne sont pas aussi bien que chez AOE II, mais il reste quand même un très bon jeu que vous allez apprécier si vous aimez l’époque Moderne et que vous avez aimé les autres opus de la licence des AOE. AOE III est donc cet ovni de la saga, il reprend une base commune à tous les autres AOE tout en y implémentant ses particularités uniques. Pour l’anecdote, Bruce Shelley, qui a entre autres travaillé pour les tout premier Civilization, avait déclaré au moment de la sortie d’AOE III original, que celui-ci était trop différent des précédents, ci bien qu’il avait suggéré de lui faire changer de nom. Cette histoire montre bien la place particulière qu’occupe Age of Empire III dans l’histoire de la licence. J’aime ce jeu, et je le défendrai toujours, déjà par nostalgie, mais aussi parce que je trouve que son impopularité, malgré une communauté de fan qui publie de très bons mods, ne se justifie pas. Maintenant qu’il est free to play n’hésitez pas à tester le jeu pour le découvrir, et peut être pour lui redonner un peu de panache auprès des développeurs pour qu’ils puissent continuer à l’améliorer.


Note finale : 8/10



Test réalisé sur PC, avec un brin de nostalgie et de sympathie pour la version originale d’AOE III. Test rédigé en prenant compte des nouveautés et des améliorations apportées par AOE III DE.


SobbeKKh
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