Critique de Alisa par diegowar
Sur les centaines de jeux indés qui sortent tous les ans, on voit une énorme majorité de jeux en 2D, quelques rares jeux avec des contrôles 3D, mais très, très rarement des jeux qui tentent de...
Par
le 5 juin 2023
N'ayant (jusqu'à récemment) pas de console moderne, il est assez rare que je joue day-one aux nouveautés du moment. Alisa est une de ces rares exceptions : non seulement le jeu est dispo sur PC et ne demande pas une config de taré pour tourner, mais en plus sa démo (découverte au hasard de mes recommandations YouTube) m'avait tapé dans l'oeil. Tellement que j'ai lâché un petit billet pour participer au financement du projet (et avoir mon nom dans les crédits, on se sent MECENE !), ce qui m'a permis donc d'obtenir le jeu dés son lancement. Le hasard fait bien les choses, il s'agit d'un jeu d'horreur qui sort pile au moment où je fais traditionnellement des jeux angoissants.
Alisa est donc un survival-horror à l'esthétique rétro, clairement inspiré par les premiers Resident Evil. On y retrouve les tank controls, un grand manoir à explorer ou encore des doublages peu convaincants. Dans ce dernier cas, on devine que c'est fait exprès (impossible que le guignol à l'accent français ou la référence au Jill Sandwich aient été mis là au premier degré), d'autant que plusieurs doubleurs sont des membres de la communauté RE, mais je ne suis pas forcément fan de cette pratique. Quand un boss a une voix nasillarde et des dialogues abscons, on a du mal à rentrer dans l'intrigue. Au moins le premier Resident Evil avait l'intelligence de ne pas donner de voix à ses boss, histoire de conserver la tension.
Notez toutefois que le jeu est sous-titré en français intégralement, ce qui est toujours agréable (le studio est belge, ceci explique cela).
Le doublage mis à part, reconnaissons tout de même la qualité de la bande-son du jeu qui parvient à imiter son maître sans trop de soucis et qui s'accorde très bien aux différents environnements traversés et à l'atmosphère générale: musique de cirque bourrée de fausses notes dans la zone festive, effets d'eau dans les sous-sols inondés, etc.
Et puis graphiquement c'est plutôt agréable. Alors bien sûr, il faut adhérer au délire 32-bits et aux gros pixels d'aliasing, mais l'ambiance visuelle est vraiment chouette. Le jeu est entrecoupé de cinématiques prérendues qui utilisent les mêmes effets de compression que sur PS1, l'illusion est parfaitement réussie, on pourrait vraiment croire qu'on joue à un jeu resté dans les cartons d'un éditeur pendant 20 ans.
Le scénario est classique pour un jeu du genre : un vol de plans a été commis dans un empire quelconque (à l'ère victorienne semble-t-il), des soldats sont envoyés aux quatre coins du pays pour les retrouver. On suit Alisa qui est parvenue à retrouver la trace du fugitif mais qui se fait battre par d'étranges créatures lors de la course-poursuite. Elle reprend ses esprits dans une maison remplie de poupées mécaniques qui veulent sa peau (on a connu des réveils plus calmes) et va donc devoir sortir de là, si possible avec les plans.
Notre héroïne se comporte donc de manière très similaire à ses homologues PS1 : très rigide dans ses déplacements, elle n'est pas franchement apte au combat, ce qui rend la fuite préférable dans la majorité des cas. De plus, malgré la présence d'un marchand qui peut lui refourguer des munitions et de nouvelles armes, les munitions et les soins sont très limités, il va donc falloir gérer les ressources dont on dispose au mieux.
Petite originalité du titre : l'argent qu'on utilise chez le marchand peut également être utilisé pour sauvegarder la partie. C'est un remplacement intéressant des habituels rubans encreurs qui offre un nouveau dilemme : bien que la sauvegarde ne soit pas chère, en abuser vous empêchera d'améliorer votre arsenal sur le long terme. Mieux vaut réfléchir au moment opportun où utiliser cette option.
Lors de ses pérégrinations, Alisa rencontrera de multiples énigmes. Celles-ci restent accessibles et ne devraient pas être trop casse-têtes à résoudre (rien de comparable au puzzle de l'eau de RE3), même si le jeu peut occasionnellement vous mettre sur de mauvaises pistes. Notons toutefois la présence d'un bug assez dérangeant peu après le premier boss où la solution d'une énigme qui vous est donnée par le jeu peut tout simplement ne pas marcher ! Dans ces cas-là, pas le choix, il faut quitter et relancer la partie.
Là où Alisa a du mal à briller en revanche, c'est sur son système de combat. En effet, si j'ai pu dire plus haut que la fuite était une option viable, il faut toutefois admettre que certains ennemis sont tout bonnement insupportables et exigent que vous les tuiez. Le problème, c'est qu'en général ça concerne de petits ennemis qui courent vite, donc les trucs les plus chiants du monde à tuer quand on est le protagoniste d'un survival-horror des années 90 (rappelez-vous des singes de merde de RE0). Dommage, car il y a une petite icône dans le HUD qui vous indique quand un ennemi est dans votre ligne de mire, c'est une très bonne idée pour palier au manque de visibilité que peuvent entraîner les caméras fixes.
En général, Alisa a aussi le problème d'être trop lente et de se faire vite rattraper par les ennemis. Vous aurez du mal à fuir pour laisser un peu de distance entre vous et votre cible qui vous permettrait de viser et tirer au calme. Dans les phases de gameplay normal, pas de problème, mais le jeu propose à un moment une séance de beat'em all obligatoire pour votre progression. C'est pour moi LE point faible du titre : le joueur n'est pas du tout formé à affronter 4 ou 5 ennemis à la fois, ce qui entraîne moults Game Over si vous n'avez pas les ressources de santé nécessaires.
Tiens, parlons des médikits justement. Je les trouve un peu trop rares dans la première partie du jeu où vous allez tout le temps être dans le rouge. Ils ne deviennent pas beaucoup plus courants par la suite, mais vous obtenez entre-temps une armure qui augmente votre défense, donc c'est beaucoup moins grave. Mais du coup ça rend le début bien plus difficile que la fin.
Par ailleurs, je vous déconseille de gaspiller votre argent dans le sabre. Si une arme blanche peut être utile pour économiser des munitions, son problème est qu'elle est à la fois trop lente pour gérer les ennemis et qu'elle ne les paralyse pas assez longtemps. Vous allez donc vous retrouver dans des situations absurdes où, bien que vous ayez porté le premier coup, l'ennemi va contre-attaquer avant que vous ne puissiez l'enchaîner ou fuir. Et à ce moment-là c'est fini, si vous êtes dos à un mur vous ne pourrez jamais échapper aux ennemis, vous pouvez poser la manette et vous regarder mourir.
C'est un peu dommage que ces défauts liés au système de combat viennent entacher le jeu, parce que le reste de l'expérience est fidèle aux titres qu'il tente d'imiter. L'ambiance est bien malsaine et les éléments de lore dispersés ici et là sont intéressants, la fin est d'ailleurs suffisamment ouverte pour laisser imaginer une suite.
Si ça devait arriver, je serais client. Pour le tout premier jeu du studio (qui est plus ou moins composé d'une seule programmeuse-artiste-level designer-animatrice) c'est encourageant, je suis sûre qu'elle apprendra de ses erreurs, et la formule RE est de toute façon suffisamment solide pour me captiver malgré quelques couacs. Quant à Alisa premier du nom, si je ne peux que le recommander, j'espère au moins qu'un patch arrivera vite pour corriger les bugs, que ce soit l'énigme que je mentionnais plus haut ou certains ennemis qui semblent pouvoir vous apercevoir même quand vous êtes planqué.
Créée
le 29 oct. 2021
Critique lue 399 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Alisa
Sur les centaines de jeux indés qui sortent tous les ans, on voit une énorme majorité de jeux en 2D, quelques rares jeux avec des contrôles 3D, mais très, très rarement des jeux qui tentent de...
Par
le 5 juin 2023
Du même critique
Pokémon est une série qu'il est très complexe de juger. 5 arcs différents, 6 régions, 19 saisons au compteur et plus de 700 épisodes en font un des animés les plus longs de l'histoire (voire LE plus...
Par
le 14 oct. 2016
22 j'aime
7
5 avril 2000. Une génération entière de jeunes enfants au cerveau formaté par TF1 regarde dans la même direction, celle de l'écran de cinéma de leur quartier. Devant leurs yeux, leur héros Sacha...
Par
le 5 mai 2019
14 j'aime
S'il est un jeu qui pourra se vanter de m'avoir fait passer un roller-coaster d'émotions entre son annonce et sa sortie, c'est bien ce Sonic Forces. Initialement sceptique à cause du retour de...
Par
le 1 janv. 2018
13 j'aime
3