Saluuuuuuut, jeu à licence de bonne qualité!
L'ère des 16-Bits fut un âge d'or pour les jeux « à licences ». Non pas que ce type de jeux soit né avec cette génération de consoles, les premiers jeux du genre sont apparu à l'époque de l'Atari 2600, avec notamment des jeux comme Spiderman, Superman, He-Man (Musclor) et j'en passe. Si je parle en fait d'âge d'or, c'est tout simplement parce que cette époque vit apparaître un volume assez conséquente de jeux « à licence » de qualité.
Cette affirmation se vérifie tout particulièrement avec les adaptations de dessins animés. Que ce soit chez Disney ou Warner, les jeux de qualité reprenant les univers des deux géants de l'animation du moment étaient aussi nombreux que des grossièretés dans un épisode de South Park. En ce qui concerne Warner, ce furent les séries animées qui firent l'objet d'adaptations de qualité, qu'il s'agisse de Batman, des Tiny Toons (Julius vous en avait déjà parlé il y a quelques temps) ou, dans le cas qui nous intéresse tout particulièrement aujourd'hui, des Animaniacs. Cette série connut deux adaptations différentes sur consoles 16-Bits, une sur Super NES et une sur Sega MegaDrive. C'est en l'occurence de cette dernière dont nous allons traiter ici.
Animaniacs, un jeu développé et édité par Konami, sortit sur SEGA MegaDrive en 1994. Il s'agit d'un jeu de plate-formes/réflexion à 1 joueur, mettant en scène les Frères Warner (et la sœur Warner, bien entendu), ainsi que nombre de membres du casting de la série, dans une aventure les menant aux quatre coins des studios de la Warner. Alors, est-ce que ce jeu est horrible à s'en retrouver enfermé dans les coffre-forts du studio pour ne plus jamais en ressortir? Ou alors est-ce que ce jeu est un digne représentant des grandes adaptations vidéoludiques de dessins animés? La façon dont j'ai mené cette introduction devrait vous donner quelques éléments de réponses, mais ne prenez pas mes mots pour argent comptant et jetons-y un œil (au sens figuré, évidemment, sinon, ça serait dégoûtant)...
Mais avant de parler plus en avant de ce jeu, il me semble approprié de vous faire une présentation rapide de la série.
Animaniacs est une série animée de 99 épisodes de 25 minutes qui fut produite entre 1993 et 1998 par Amblin Entertainment (la première société de production de Steven Spielberg, qui avait déjà produite les Tiny Toons) pour le compte de la Warner Bros. Entertainment. Aux USA, elle fut d'abord diffusée sur la FOX avant d'intégrer la grille de programmes de The WB, la chaîne « made in Warner ». En France, elle fut diffusée d'abord sur Canal+ à partir d'Avril 1994 dans le cadre de l'émission "Décode Pas Bunny", puis sur France 3, Cartoon Network et maintenant Boomerang.
Cette série se présentait sous la forme d'une série à sketches racontant les aventures de la famille Warner, mais aussi d'une galerie de personnages tous plus dingues les uns que les autres. On peut citer pêle-mêle Minus & Cortex, Rififi l'écureuil, Les Pigeons Affranchis (parodie volaillère du film de Martin Scorcese, « les Affranchis ») ou encore Rita & Spot, entre autres.
Ce cartoon connut un succès immense, et ce grâce à son humour varié, allant de la parodie à la violence cartoonière, en passant par l'humour absurde, les calembours et un soupçon d'humour gras. Cette œuvre est aussi restée dans les mémoires pour ses différents niveaux de lecture, n'hésitant pas à faire parfois dans le sexy (avec la fameuse Nounou ou encore Minerva Zibeline) ou dans les vannes à double lecture (souvent signifiées par un « toujours poète »).
Malgré ce succès critique et public, la Warner décida de mettre un terme à la série en 1998 pour des raisons pour le moins discutable. En effet, les décideurs du studio jugèrent que le show ne touchait pas le cœur de cible voulu (soit les très jeunes enfants), alors même que les résultats d'audience total aurait fait rêver nombre de directeurs de programmes. Le dernier épisode fut diffusé le 18 Novembre 1998 aux USA et un film vidéo appelé « Wakko's Wish » (ou « Wakko et l'étoile magique » en français) sortit en fin d'année 1999, film qui connut un grand succès auprès des jeunes enfants mais qui déçut la fan-base de la série qui n'y retrouva pas l'humour loufoque du matériel originel.
Maintenant que vous en savez un peu plus au sujet de la licence, rentrons dans le vif du sujet et parlons du jeu...
Enfermés dans leur château d'eau, les Warner, en recherche de quelque chose à faire, se demandent comment être plus proche de leurs stars de cinéma favorites. C'est alors que Yakko eut une idée : ouvrir une boutique où serait vendu des reliques de films célèbres. Mais n'ayant pas ces objets à disposition, ils décident d'investir les studios en quête de ces accessoires nécéssaires à la réalisation de ce projet, mais ils ne se doutent pas des embûches qui les attendent...
Ce qui frappe dans ce jeu (et ça vous frappe aussi fort que le maillet de Wakko), c'est la qualité d'écriture. Même si, apparemment, les scénaristes de la série n'ont pas participé à l'élaboration du jeu, la fidélité à l'univers de la série est tout simplement impressionnante. En fait, plus que de la fidélité, on a le sentiment que le jeu a été codé par des fans hardcore de la série tellement ce jeu est truffé de références au matériel original. En fait, il suffit de regarder l'arsenal de nos héros pour s'en convaincre. Ainsi, Yakko peut pousser des caisses (et croyez-moi, il ne les lâche pas... *smack* toujours poète) et user d'une raquette de jokari (qui sera d'ailleurs le seul moyen de blesser Ralph, le gardien quand vous le rencontrerez), Wakko peut jouer du maillet pour casser des briques ou encore allumer des bombes ou des canons et Dot peut user de son charme pour créer des plate-formes ou pour libérer des passages. Or, ce qui frappera un fanboy tel que moi (au moins aussi fort qu'une enclume qui vous tombe sur la tête) est que ces armes sont les mêmes armes dont se munissent les Warner pour mener leur mission à bien dans l'épisode intitulé « Apocalypse Maintenant », dans lequel ils doivent sommer un réalisateur récalcitrant de donner le clap de fin à son film.
La qualité d'écriture se retrouve aussi dans le level-design, puisque le jeu vous mènera dans 5 niveaux différents (les quatre premiers pouvant se faire dans l'ordre de son choix) : le studio d'un film d'aventures (mélange imporbable d'Indiana Jones et de Jurassic Park), le studio d'un film de Science-Fiction (Star Wars Style), le studio d'un Western, le studio d'un film d'horreur (plus dans le style des vieux films de la Hammer que celui des Slashers modernes), pour finalement finir par un studio qui rend hommage aux meilleurs films d'action.
Mais le jeu ne s'arrête pas là, entre les « private jokes », les références aux films de la WB ou encore l'intervention régulière et toujours à propos (enfin, autant que faire se peut) du casting mineur de la série finissent de convaincre du fait que ce jeu atteint un niveau de fidélité à l'univers inédit pour l'époque. L'adaptation en français du jeu n'est pas en reste (car oui, le jeu recèle d'une version française et d'une version allemande) et là encore, les traducteurs se sont fait plaisir, n'hésitant pas à truffer le jeu de références purement franco-françaises (si vous pensiez que parler de Paul Préboist dans un jeu vidéo tient de l'ordre de l'improbable, alors jetez-y un œil). D'ailleurs, pour vous faire une idée à ce sujet, voici la transcription du texte d'introduction d'un des niveaux prononcé par les Frères Warner :
Wakko : « La guerre des toiles » est un de mes films favoris !
Yakko : Oh ouais, c'est super quand Dors DeHors dit à Ike Skywriter qu'il était son cousin germain...
Oh là là, je me suis presque évanoui.
Dot : Ça serait super si on pouvait avoir le casque de Dors DeHors pour notre magasin.
Wakko : Ouais, et que la Farce soit avec nous.
Cette loufoquerie ambiante est parfaitement soutenue par la qualité graphique du jeu qui se situe dans le haut du panier de ce qu'on pouvait trouver à l'époque sur la console de Sega, pas tellement par leur finesse, mais surtout par leur fidélité à la série. Bon, c'est pas une claque comme on avait pu en recevoir à l'époque de la sortie du Aladdin MD, mais ceux qui connaissent la série ne trouveront quasiment rien à redire à la qualité graphique du titre. L'animation n'est pas en reste et s'avoue même d'excellente qualité. Le souci du détail est véritablement impressionnant, on croirait presque que les sprites ont été décalqué à partir d'animations finales du dessin animé. Ce luxe de détail pose néanmoins quelques problèmes par moments pour ce qui est de la réactivité des héros, vous faisant perdre parfois quelques fractions de secondes dans des situations qui nécessitent un timing bien serré.
Pour ce qui est de la qualité sonore, nous faisons face à une production Konami, la qualité se doit d'être au rendez-vous. Les musiques sont de très bonne qualité et collent parfaitement aux univers présentés dans le jeu. On regrettera cependant que les boucles soient un peu courtes. Les bruitages se situent quant à eux dans la bonne moyenne des jeux de la Megadrive, donc rien à redire là-dessus, chacun en tirera les conclusions qui s'imposent.
Après cette avalanche de compliments, il faut quand même reconnaître que ce jeu souffre quand même de quelques défauts très gênants.
D'abord, la maniabilité du jeu manque véritablement de souplesse. Il est pour ainsi dire impossible de courir dans ce jeu et lors de certaines phases de plate-forme, cela peut véritablement compliquer la vie du joueur. De même, certains mécanismes semblent ne pas avoir été testés de manière complète. Ainsi, quand vous devez utiliser des bascules pour vous envoler dans les airs et atteindre des endroits surélevés, vous ne pouvez pas bouger pendant la phase d'élévation, ce qui vous ramènera inexorablement au niveau de la bascule si vous n'êtes pas parfaitement placé sur le plateau de propulsion. Ces quelques détails peuvent rendre quelque peu frustrante l'expérience de jeu, notamment sur la fin du jeu.
L'autre défaut principal du jeu tient à son manque d'équilibre dans la difficulté. Comme je l'ai dit un peu en amont, les quatre premiers niveaux du jeu sont faisables dans l'ordre de son choix, proposition de jeu tout à fait intéressante s'il en est, mais pour que ce genre de proposition ne marche de manière optimale, les niveaux doivent être de difficulté équivalente (ou de difficulté complémentaire, à l'image d'un Megaman). Or, ce n'est pas vraiment le cas ici. En effet, si les niveaux 2 et 4 seront une formalité pour les joueurs moyens, le niveau 3 s'avère être d'une difficulté assez élevé, notamment pour ce qui est de son « boss-fight », véritable morceau de bravoure du soft. La différence de difficulté entre ces niveaux et le niveau final est aussi un peu élevé, ce dernier niveau sera vraiment un best-of de ce vous avez pu rencontrer de difficile dans le jeu, et votre compteur de vie risque de morfler sérieusement, mais rien d'insurmontable pour le commun des gamers, je vous rassure.
Conclusion :
Animaniacs est un jeu véritablement à l'image de son matériel d'inspiration. Sans être un chef-d'œuvre, il procurera de très bons moments aux amateurs de jeux de plate-formes, les retrogamers découvriront un jeu un peu trop méconnu au vu de sa qualité intrinsèque (étant sorti en 1994, il a hélas été un peu éclipsé par l'arrivée des 32-bits) et les fans de la série seront ravis de trouver un jeu de qualité est, qui plus est, d'une fidélité au matériel d'origine à toute épreuve. Ce jeu aurait certes pu être mieux réglé dans sa jouabilité et proposer une difficulté un peu plus équilibrée, il aurait même du régler ces problèmes pour s'inscrire dans les meilleurs jeux du genre, mais il n'est en rien ridicule face aux autres cadors de la console. Si vous êtes en quête d'un jeu peu connu qui puisse vous procurer du plaisir, alors essayez ce jeu-ci, il procurera autant de plaisir à vos doigts qu'à vos zygomatiques.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.