Le développeur de Balatro, "localthunk", vit un rêve éveillé. Son jeu rencontre un succès phénoménal et se retrouve nommé aux côtés de titans de l'industrie pour les récompenses de fin d'année. Il reste cependant discret en ligne, communiquant avec parcimonie.
Mais durant les derniers mois, il a tout de même pris la parole plusieurs fois sur le même sujet : "Jouez à Arco, achetez-le, soutenez-le". Un titre qui semble lui tenir particulièrement à coeur.
C'est vrai que le jeu pourrait profiter d'une telle mise en avant. A peine quelques centaines de reviews sur Steam (le 01/12/2024) et une sortie dans un anonymat relatif. Le titre semble avoir du mal à décoller.
Pourtant, localthunk ne s'y trompe pas. Arco est une pépite de 2024 et mériterait davantage de lumière sur la flamboyante aventure qu'il propose.
On peut faire ça en pixel-art ?
Dans un contexte de western, aux ambiances de vengeance et de sable brulant, Arco titille immédiatement les sens.
Tout en pixel-art, le titre ne cesse d'impressionner par ses grandioses paysages et la diversité de ses environnements. Les quêtes se succèdent, accompagnées par une ambiance musicale aussi qualitative que variée. Les sonorités hispaniques font décoller l'exploration et rythment les nombreux combats quand elles ne jouent pas, avec brio, sur la mélancolie ambiante de l'expérience.
Le simple plaisir de dévorer des yeux ces tableaux peut suffire à apprécier Arco. Ce qu'il fait bien, il le fait excellemment bien.
Une aventure dense, riche en surprises
Longue de cinq chapitres, une première partie peut se terminer en une grosse dizaine d'heures. De quoi profiter d'une histoire bien ficelée aux rebondissements parfois marquants.
Mais ces heures de jeu ne suffiront pas à explorer toute la richesse de ce monde cruel, pourtant régulièrement teinté d'humour et de douceur. L'équipe a glissé un beau lot de secrets qui vous demanderont une sincère curiosité pour être découverts. Arco pourra être achevé en laissant derrière lui un pan conséquent de contenu. Choix audacieux de laisser autant de liberté aux joueuses et joueurs.
Un barillet parfois enrayé
Arco tend rarement la main et préfère parfois mettre quelques taquets. Les combats sont légion et peuvent se révéler un poil sévères, au point de punir une exploration pourtant encouragée et grisante. Un ennemi retord peut devenir un challenge recommencé de nombreuses fois, jusqu'à trouver la bonne suite d'actions pour s'en défaire.
Heureusement le jeu propose de recommencer n'importe quelle bataille en un clic ou même de repartir à l'instant avant qu'elle ne se lance. Un petit "reviens plus tard une fois mieux préparé" qui peut laisser de côté un public souhaitant principalement profiter des autres aspects du titre. Un simple choix de difficulté serait le bienvenu mais n'existe pas encore à l'heure où ces lignes sont écrites. Les options d'accessibilité sont rares et c'est bien dommage.
Jouez à Arco, achetez-le, soutenez-le
Mais il ne faut pas se décourager à cause de ces quelques frictions. Ce n'est pas tous les jours qu'un jeu cumule autant de qualités, exploit d'autant plus notable pour une si petite équipe (4 artistes) internationale. Arco ne laisse pas indifférent et se distingue à de multiples reprises : il faut lui donner sa chance.
Il faut aussi donner la chance à des profils si talentueux d'expérimenter davantage. C'est désolant de lire autant d'avis enthousiastes sur le titre mais d'apprendre que les ventes ne permettent pas à l'équipe d'en tirer un revenu suffisant pour continuer sur cette route. "Franek", lead du projet, explique que son prochain jeu devra se concentrer sur sa viabilité économique plutôt que sur son originalité. Un terrible constat, malheureusement cohérent avec la réalité des ventes d'Arco. Elles semblent si loin du potentiel d'un titre qui se démarque autant.
Arco c'est une oeuvre qui mérite d'être découverte. Pour que la mélancolie qui reste soit celle de son histoire principale et non celle de voir une équipe talentueuse laissée sur le coté, faute de moyens. Pour voir davantage de propositions originales comme celles-ci.