Réalisé en 1991 par la Wolfteam, qui se fera connaître plus tard connaître pour Tales of Phantasia et ses suites, Arcus Odyssey est souvent présenté comme un RPG, ce qui peut être assez trompeur pour ceux qui ne le connaissent pas, car il s’agit d’un hack’n slash, beaucoup plus tourné vers l’action (presque en mode shoot/run’n gun) que vers le libre développement du personnage. Il ne s’agit pas du tout d’un grand monde ouvert, mais d’une succession totalement linéaire de huit niveaux plus ou moins labyrinthiques qu’il faudra explorer (en effectuant certaines actions au passage) pour pouvoir parvenir au boss et passer au niveau suivant. Le jeu s’inscrit dans la série des Arcus, qui était au départ de vrais RPG sortis sur MSX.
Les critiques que j’avais vues de ce jeu étaient assez partagées, certains le considérant comme un bon jeu, d’autres comme un jeu plutôt moyen. Je suis de ceux qui trouvent que c’est vraiment un bon jeu, surtout si on se souvient qu'il date de 1991. Mais disons le d’office, Arcus Odyssey souffre de certains défauts qui l’empêchent d’être aussi bon qu’il aurait pu et dû être. Parlons en.
L’un des défauts sans doute les plus regrettables est le fait que les ennemis réapparaissent systématiquement à la façon d’un Megaman : dès lors que l’on tue des ennemis et que l’on avance un peu, ils réapparaissent immédiatement si l’on revient au même endroit… Je comprends qu’ils aient voulu conserver une action non-stop, mais un tel système pourrait fonctionner si seulement tuer les ennemis servait à quelque chose, s’ils apportaient de l’expérience ou bien laissaient des objets… mais non. Or chaque niveau est un petit labyrinthe à explorer (sans carte), donc vous reviendrez souvent sur vos pas, donc vous devrez souvent tuer plusieurs fois les mêmes ennemis, sans que cela vous rapporte quoi que ce soit. Et comme il n’y a pas d’« autofire » on passe le plus clair de son temps à explorer en tapotant frénétiquement le bouton d’attaque…
Ce qui m’amène à un autre point : le côté « bourrin » du gameplay. Même s’il y a un système de bouclier (que je n’ai pas trouvé très utile, éviter les projectiles est souvent plus efficace), le gameplay requiert très peu de technicité, la plupart du temps foncer et tirer tout le temps est ce qui marche le mieux, à part peut-être à certains moments, comme l’acte 6, et encore si vous savez un peu gérer vos objets et magies, le bourrinage peut sans doute passer. À propos du système d’objets et de magies, celui-ci est assez peu intuitif, il vaut mieux lire le manuel pour comprendre certaines mécaniques, et à quoi sert tel ou tel objet. (Il n’explique même pas tout.) J’ajoute, toujours au sujet du gameplay, que le jeu comporte quelques bugs (avantageux ou désavantageux selon les cas) comme par exemple des endroits sécurisés qui vous permettent parfois de tuer un gros boss sans avoir à bouger. À certains moments, le jeu est tellement bourrin qu'on tue un boss avant même d'avoir compris ce qu'il s'est passé.
Autre problème : les ralentissements. Lorsqu’il se passe trop de choses à l’écran, lorsqu’il y a trop de personnages, d’ennemis et de projectiles, le jeu tourne au ralenti. Ces ralentissements ont surtout lieu lorsqu’un PNJ vous accompagne ou lorsque vous jouez à deux en coopération. Si vous jouez à deux et que chaque joueur est accompagné, les ralentissements sont presque inévitables et peuvent être assez lourds.
Voilà pour les principaux défauts du jeu. Néanmoins ces défauts ne font pas d’Arcus Odyssey un mauvais jeu pour autant.
Car on voit malgré tout qu’Arcus Odyssey est un jeu plutôt soigné sur bon nombre d’aspects. Par exemple, l’univers, le scénario, les personnages et l’ambiance. Il y a un véritable univers et une véritable histoire. Non que le scénario soit exceptionnel ou riche, mais il est bien intégré, bien amené dans ce qui aurait pu être une simple succession de niveaux sans dialogues où l’on se contente de tuer des monstres. Je conseille d’ailleurs au joueur de bien lire tous les dialogues du jeu. La succession des niveaux à laquelle on assiste est assez cohérente, il y a une certaine progression logique et on sent la « montée » au sens figuré comme au sens propre, qui contribue à mettre en place une ambiance. Ambiance qui passe également par les musiques, lesquelles sont un vrai point fort du jeu. (À ceci près que le volume de certains effets sonores est trop fort par rapport à la musique, c’est tellement dommage !) Ce jeu fait partie des OST assez remarquables de la Mega Drive.
D’autre part, ce qui donne à Arcus Odyssey une certaine profondeur, c’est que l’on a au départ le choix entre quatre personnages de quatre classes différentes au gameplay assez différent, chacun ayant leurs propre améliorations. Vous pouvez d’ailleurs choisir d’améliorer soit l’attaque, soit la défense. De surcroît, comme je l’ai déjà mentionné, Arcus Odyssey propose même un mode deux joueurs en coopération simultanée, où chacun choisit une classe différente. Là encore, gros point fort, même s’il y a des ralentissements. Soit dit en passant, le jeu semble avoir été quelque peu facilité en mode deux joueurs, en offrant davantage d’objets pour se régénérer.
Arcus Odyssey propose des environnements et un bestiaire relativement varié. Au sein d’un même niveau par exemple, vous ne serez pas forcément toujours dans le même décor. Il y a des continus infini, si vous perdez vous pouvez réessayez autant de fois que vous le désirez. À chaque niveau que vous finissez, vous pouvez sauvegarder votre progression par un système de mot de passe, même à deux joueurs. Lorsqu’on le connaît, le jeu peut se terminer en moins d’une heure. Mais vous mettrez beaucoup plus de temps les premières fois.
En conclusion je dirais que malgré ses défauts, Arcus Osyssey est une bonne pioche de la Mega Drive, surtout pour 1991, beaucoup plus intéressant qu’un Light Crusader par exemple (sorti en 1995 !), si tant est bien sûr que les deux jeux soient comparables. Aujourd’hui il mériterait un remake !
POINTS FORTS
- Les musiques
- Le mode deux joueurs en coopération
- Les différents personnages au gameplay différent
- Les PNJ compagnons
- Les environnements et ennemis plutôt variés
- Le soin dans le scénario et l'univers
POINTS FAIBLES
- La réapparition des ennemis tués
- Les ralentissements
- Le gameplay un peu trop bourrin
- L'absence d'autofire
- Le volume de certains effets sonores par rapport à la musique