"Hold a button to skip the cinematic"
Assassin's Creed est une série que j'ai toujours trouvée assez surestimée pour pas mal de raisons, mais à contrario j'ai toujours pris un certain plaisir à les faire tout de même (mis à part le premier épisode, une horreur).
Le 2 et sa renaissance Italienne, sa reconstitution historique fabuleuse, son héros et son aventure, ses missions variées, ses moments anthologiques, malgré un gameplay toujours mal foutu et assisté. Mais c'est pour ma part le meilleur épisode de la série, il n'a jamais été dépassé et j'ai même salué (intérieurement) Ubisoft d'avoir réussi à transformer les bases d'un épisode médiocre pour en faire un jeu vraiment marquant.
Le Brotherhood m'a permis de visiter Rome, et de reprendre du plaisir à arpenter une nouvelle fois cette époque Italienne aux coté d'Ezio, même si je trouve cet épisode moins fort scénaristiquement avec pas mal d'éléments en moins par rapport au précédent.
Le Revelation je suis passé à coté et j'ai eu pas mal de retours mitigés, mais je ne doute pas que de revoir Ezio et de l'accompagner à Constantinople devait être sympa quand même.
Avec le 3, tout a été plombé, et pourtant j'y croyais un minimum malgré un matraquage publicitaire, médiatique, jamais vu dans ma vie de joueur.
Un cauchemar. Un massacre.
La grande victoire du marketing au détriment du jeu en lui-même.
(Acides) explications :
Première mauvaise surprise alors qu'Ubisoft se tapait la nouille sur son nouveau moteur ou je ne sais quoi, le gameplay n'a pas changé, il a même été simplifié. Un touche + direction suffisent pour passer où l'on veut niveau plateforme. Déjà qu'elle était très simpliste, elle en prend encore un coup.
La fameuse auto-regeneration d'Halo remplace les potions et surtout les médecins en ville.
Les combats quant à eux, sont les mêmes mais encore plus bourrins et assistés ; une pause est effectuée à chaque contre pour bien nous laisser le temps de choisir notre contre-attaque. Alors oui c'est plus dynamique, mais vu qu'à la base c'est mou et surscripté comme système pour ne pas dire mauvais (carrécarrécarrécarré = des moves improvisés et incontrôlables qui apparaissent à l'écran = combats totalement cinématisés, comme les derniers Batman en pire), les combats apparaissent VRAIMENT ridicules, très bourrins et bordéliques à l'écran, c'est tout simplement encore plus NUL à jouer. Ah et j'ajoute que la pression de la touche d'attaque enfoncée pour faire une charge d'arme blanche puissante (= déstabiliser l'ennemi) a été supprimée. Ils ont même osé rajouter des putain de QTE lorsqu'on est attaqué par des loups ou des ours. Et le système de visée avec les armes bon dieu... Un gameplay comme Red Dead Redemption m'aurait suffit niveau armes à feu, là ça bute purement et simplement l'immersion et tout ce qui va avec tellement c'est une catastrophe.
L'infiltration est toujours aussi zero voire pire vu le level design (la force des anciens) à la rue ; on pouvait encore s'amuser dans les autres car l'architecture permettait pas mal d'approches, vous pouvez oublier ça pour le 3. Le jeu porte le nom "Assassin" dans son titre, un comble (on peut même pas se baisser bordel) alors que le style du jeu s'y prête complètement. L'IA des ennemis est d'ailleurs toujours aussi stupide, voire complètement absente. On se colle contre un mur, les ennemis ne nous voient pas. On va voir un "crieur" pour baisser l'indication de recherche (gratuitement !) et tous les soldats oublient notre présence.
Donc il n'y a aucun, mais alors aucun plaisir de jouer.
Parfait.
Mais UBISOFT, vous avez amassez des MILLIONS ET DES MILLIONS DE THUNES ET VOUS ÊTES TOUJOURS PAS CAPABLE DE PONDRE UN PUTAIN DE GAMEPLAY CORRECT ET AMUSANT APRÈS 4 ÉPISODES ??
Putain, je vais encore citer l'exemple de Tenchu, un jeu PS1 de 1998 qui proposait de grimper un peu partout pour accomplir des assassinats et de combattre dignement au sabre, et ben c'était vraiment amusant. Car il y avait un vrai GAMEPLAY. Même dans Shinobido sur PS2, un sous-tenchu, le système était bon et on pouvait même attaquer des ours sans QTE. Wow, incroyable.
Dans AC, et surtout dans ce 3ème épisode, c'est juste d'une nullité intersidérale.
Mais à la limite vous allez me dire "eh Raoh, pourtant t'as aimé le 2", certes, mais j'ai pas vraiment aimé le 2 pour son gameplay, mais surtout pour son aventure, son level design et pas mal d'autres points (cf ma critique). L'aventure proposée par AC2 et sa sensation de liberté permettait de mettre plus ou moins de coté ce gameplay foireux. La plate-forme prenait d'ailleurs tout son sens vu les monuments magnifiques à grimper et à explorer.
Dans le 3, l'aventure est tellement merdique qu'on fini par être blasé en se reprenant ces combats à la con - en pire - dans les dents. Et vu le contexte (Boston et New York aussi grandes et intéressantes à visiter visuellement que des villes du Nord Pas de Calais), ce n'est même plus un "minimum" intéressant niveau plate-forme et infiltration, surtout que les missions ne proposent quasiment plus d'assassinats, c'est que du bourrinage au tomahawk.
Reste la forêt, très belle, où on peut se la jouer Tarzan d'arbre en arbre... Sauf que ya presque rien à y faire.
Deux petites villes avec des cabanes, des campagnes, et une grannnnnnnnnnde forêt.
Alors oui c'est le contexte de l’Amérique de 17xx, certes, mais si le gameplay avait été adapté aux environnements, le jeu aurait pu être jouissif. Metal Gear Solid 3 est très plat et ça ne l'empêche pas d'être un monument en terme de "jeu en forêt".
Je disais que l'aventure et la trame scénaristique étaient ce qui m'accrochait le plus dans le 2ème épisode. Dans le 3, c'est une narration vomitive et soporifique qui prend place. On commence par un prologue de 5h (5 séquences sur 12), totalement inintéressant à suivre et à jouer. Ils auraient pu en faire une BD pour résumer afin de directement commencer avec le héros, sans déconner. Ou carrément balancer un film tellement on a l'impression de ne jamais jouer pendant ces longues heures.
Ensuite vient donc, Connor, l'indien au service de la résistance contre les Anglais.
Sur le papier ça aurait pu être intéressant d'incarner un métisse anglais/amérindien, sauf que ce perso est vide, sans charisme. Quand je repense au personnage attachant qu'était Ezio, j'en pleure.
Connor c'est : GRRRR LES TEMPLIERS, GRRRR LES ANGLAIS, GRRRR VENGER MAMOUNETTE ET TUER BIDULE. Voilà un bon résumé des motivations de ce tocard.
C'est tellement bien mis en scène, tellement travaillé et approfondi, que ce personnage en devient détestable. Non, pitoyable est plutôt le mot qui convient pour décrire cette régression totale alors qu'ils avaient réussi à créer un perso marquant comme Ezio par le passé.
Mais le soucis encore une fois, c'est que même si on est "enfin" libre d'explorer ce qu'on veut une fois passé assassin, la quête principale comporte toujours des missions linéaires, courtes, très dirigistes et extremement faciles comme dans le prologue. Il n'y a plus moyen d'aborder les objectifs comme on veut, ce qui était la force des précédents opus. Et bien évidemment, elles sont toutes entre-coupées non-stop de cutscenes inintéressantes servant un scénario mal écrit jusqu'à en vomir.
Tu marches 2 pas, cutscene, tu poursuis un mec pendant 30 sec, cutscene, tu montes un truc, cutscene. Et c'est comme ça du début à la fin. Il y a même des missions qui se terminent avec succès alors qu'on les a foirées ou pas bouclées complètement.
Mon Dieu.
Après cette trame très naze reste une chouette expérience ludo-historique, c'est d'ailleurs ce que j'ai beaucoup apprécié, comme d'habitude avec AC : apprendre.
Visiter tel endroit, parler à telle personne, et pouvoir lire un article clair sur le sujet, j'ai pu apprendre pas mal de choses comme dans le 2/ Brotherhood, c'est très intéressant même si personnellement, je préfère 1000 fois la renaissance Italienne que cette guerre à la con inter-colons.
Je ne sais pas si c'est à cause de ce contexte de "guerre de 7 ans" & co, mais l'histoire en son sein est barbante au possible avec une mise en scène navrante, il n'y a plus ce souffle épique et mystique qui éclatait de la plus belle manière dans le 2, et même Brotherhood.
Mais vraiment, le pire reste ces missions nulles (mais TOUTES, sans exceptions, même celles dans le monde moderne, j'ai d'ailleurs rarement vu aussi nulos) coupées de cutscenes en boucle.
"C'est quand qu'on joue ? Ah séquence 10, j'arrive à la fin, ah, eh bien c'est la fin". SUPER, MERCI UBISOFT.
D'ailleurs cette fin est un massacre de la licence, vous êtes prévenus.
Mais AC c'est aussi les à cotés, tout ce qu'il y a autour qui peut être chouette à jouer. La gestion de domaine (le coin de forêt du héros en gros) est une bonne idée sauf qu'elle ne sert à rien et que c'est ennuyeux, les quêtes annexes n'ont aucune mise en scène (genre "va tuer ce type", on ne sait même pas pourquoi) et ne servent à rien non plus à part pour les thunes. Les attaques de forts sont aussi intéressantes que les zones envahies par les Borgias dans Brotherhood, donc ça n'a aucun intérêt sauf si on aime blaster carré.
Je regrette les tombeaux du 2, les égouts du Brotherhood, et les multiples quêtes annexes souvent sympa à faire...
MAIS dans ce foutoir je retiens tout de même les batailles navales, assez grisantes. C'est les seules fois où j'ai eu l'impression de jouer à un (bon) jeu vidéo. On peut même upgrader son bateau et aller faire pas mal de missions à coup de poudre et d'abordages, c'est le SEUL et unique point intéressant de ce 3ème épisode, le coté ludo-historique mis à part encore une fois.
Oh la vache, si ils avaient fait un AC "pirate" avec la possibilité de se balader d'iles en iles dans les Caraïbes, ça aurait pu être génial quand j'y pense...
Donc vous l'aurez bien évidemment compris, tout le budget d'Assassin's Creed 3 a du passer dans le marketing impressionnant, limite anxiogène autour du jeu, et dans l'élaboration de son moteur graphique.
Car c'est une catastrophe ludique que je ne suis pas prêt d'oublier, et qui me conforte dans l'idée, à mon grand regret, que la presse n'a plus aucun pouvoir journalistique pour émettre un jugement objectif face à une production AAA d'une grosse boite comme Ubisoft.
(Ok j'enfonce des portes ouvertes, mais j'y croyais encore un peu)
Dommage.