Djinn tonique

3 ans après Assassin Creed Valhalla, à la fois le meilleur opus de la trilogie initiée par Origins, et en même temps, une horreur à jouer sur le long terme car il était interminable, et s'achevait en eau de boudin, avec notamment le personnage de Basim Ibn Ishaq, qui était révélé comme étant le grand méchant de l’histoire, à coup de réincarnation de loki et de voyage dans le temps, me laissait un goût plus qu’amer dans la bouche.

C’est que j’ai beaucoup aimé la licence Assassin’s Creed, fût un temps. Particulièrement le premier, et j’ai une tendresse pour Brotherhood et Revelations. Quand est arrivé la trilogie Kenway, j’ai commencé à déchanter. Le 3 est une déception, le 4 est l’un des pires de la série et Rogue fût le petit bonbon à la menthe qui relevait un peu un goût fade. Unity était impressionant, mais son gameplay décevant (sur les combats) et Syndicate a été le dernier jeu sur lequel je me suis vraiment amusé. Origins ne m’a pas plu, et Odyssey était légèrement mieux, sans être exceptionnel.

La série s’est perdue. Depuis bien trop longtemps. On pourrait dire depuis Brotherhood, si je suis taquin. Bien que j’ai adoré cet « add-on » du 2, et que j’ai adoré « Revelations », l’autre « add-on » du 2, on a senti une volonté d’Ubisoft d’exploiter à fond sa licence, à la manière de Call of Duty. Avec l’aide de plusieurs studios dispersés partout dans le monde, c’était possible. Et progressivement, une lassitude s’est emparée des joueurs.

Que faire alors ? Mettre une partie navale ? Cela a tenu quelques années. Mettre une partie RPG, et s’éloigner de plus en plus de la partie Assassin’s Creed moderne (jusqu’à Syndicate, chaque opus avançait dans le temps), voir couper tout lien avec le credo, comme Odyssey ? Le jeu dont je vous parle aujourd’hui, Assassins’Creed Mirage semble être un mea culpa. Après des années à vous faire des jeux open world avec une durée de vie inimaginable, à faire plein de trucs qui au fond servent à rien, nous revenons à la source de Assassin Creed, avec une durée de vie inférieure à 20h de jeu, une map plus petite et le retour à l’infiltration et l’imagerie moyenne orientale du premier jeu.

Alors est-ce réussi ? Est-ce que le préquel de Valhalla, présentant la jeunesse de Basim Ibn Ishaq et sa transformation en maître assassin est le retour en grâce de la série ?

1) Un fond plus réussi que Valhalla, malgré quelques « mirages »

Prenez AC 1, un zeste de Revelations, un peu d’Unity et les restes de la carcasse de Valhalla, que vous bricolez un petit peu, en rendant le personnage moins lourd, plus fin, plus léger comme Edward Kenway, et vous obtenez Mirage.

Basim, un jeune voleur des rues de Bagdad, et sa meilleure amie Nehal, commettent un vol qui va chambouler leur vie. Basim est obligé de se cacher parmi les « Hidden ones » (les assassins), où il reçoit une formation pour devenir un Assassin, de la part de son maitre Roshan. Une fois sa formation parachevée, Basim retourne à Bagdad, pour éliminer les 5 membres de l’ordre des Anciens (A.K.A les templiers grosso modo) qui manipulent dans l’ombre la vie politique. Basim, au fur et à mesure des assassinats de ses cibles, découvrira la vérité sur ses visions cauchemardesques, où un djinn le hante dans son sommeil…

A la manière d’un AC 1, Basim doit mener des enquêtes pour découvrir l’identité de ses cibles, puis frapper selon les règles du Credo. Retour des filatures, retour des rafiks et des bureaux d’assassins, retour des plumes à tremper dans le sang, retour de toute l’imagerie du 1 et ça fait plaisir ! La ville de Bagdad, la map de manière générale, est très petite et on fait trop rapidement le tour. Néanmoins, la ville rappelle furieusement les sensations de jeu du premier opus, et j’ai aimé. Basim escalade rapidement, on réutile des assets de parkour des anciens jeux, on sent que c’est le best-of, on retrouve les couteaux de lancer notamment ou encore les fumigènes.

Missions secondaires vous avez dit ? Mis à part quelques récits de Bagdad, des coffres à ouvrir, des fragments de codex à récupérer et les quelques contrats dans les bureaux d’Assassin, vous pouvez oublier la durée de vie allongée artificiellement. Ici elle est rétrécie à son strict minimum, l’histoire de Basim est le coeur du jeu.

Parlons de l’histoire, elle est agréable à suivre mais commence malheureusement à devenir vraiment intéressante 3 heures avant la fin du jeu ! Petit twist à la fight club que tu vois venir très vite, et transformation de Basim en « méchant », ce que j’ai aimé c’est que pour une fois on dépeint un Assassin qui est un antagoniste, pas si éloigné des templiers, tout en restant un assassin et en ayant son propre objectif. On retrouve la thématique du 1, avec le maître assassin qui questionne son credo et rompt avec les enseignements de son mentor. J’ai bien aimé l’imagerie du djinn qui tourmente Basim, avec des visions d’horreur, ça donnait un petit côté silent hilesque au jeu.

Le jeu avec cette formule, pseudo retour aux sources, m’a plu. Mention spéciale à la direction artistique et à la musique qui est vraiment bonne, ça fait longtemps qu’une bande son d’Assassin Creed n’avait pas été aussi réussie. Alors, pourquoi cette note ?

2. Une forme toujours aussi bancale, les mêmes défauts depuis trop longtemps

J’ai pris le jeu sur PS5, espérant y trouver un confort supérieur aux autres versions. Et bien, à part le 60 FPS, et les temps de chargement cours, c’est tout. Y a pas de retours haptiques, sérieusement ? Le moteur graphique, la physique fait parfois n’importe quoi, y a toujours les mêmes bugs depuis trop longtemps, l’intelligence artificielle des gardes est certes, un poil plus agressive qu’avant mais c’est pas normal, c’est toujours les mêmes défauts depuis des années, j’ai mon jeu qui a crashé une fois en 18h de jeu.

En fait j’ai eu l’impression d’avoir un jeu développé pour la PS4, et qui a été mis en 60 fps sur PS5. Je pense qu’il est temps de changer de moteur physique, c’est plus possible comme ça. On est au bout du bout.

Parlons aussi du système de combat, qui est très moyen, une parade, un coup de pied (faut appuyer super rapidement sur R1 et Triangle, c’est mal pensé), un coup fort, un coup faible (avec une barre d’endurance), une esquive, parade réussie = possibilité de one shot l’ennemi. Et c’est tout. Parfois la caméra fait n’importe quoi quand tu es encerclé par pleins d’ennemis.

Le système de parkour est certes bien, mais toujours le même problème, parfois je vais vouloir faire un truc et mon personnage va faire autre chose que je voulais faire. Parlons aussi de la lame secrète. Elle fait bien plaisir, les animations sont réussies et cependant un truc tout bête. Pour déclencher l’assassinat « discret », genre je plante ma lame et je m’éloigne vite, il faut que Basim soit baissé. Si on fait assassiner debout, on déclenche une animation « moins discrète » et on se fait repérer… Du coup ça casse l’immersion.

Mention spéciale à une chose qui pour moi fait bien plaisir, mais qui va sûrement dégoûter les puristes. Le « mark and excute » de splinter cell conviction, vous vous en rappelez ? C’est présent ici. Basim peut marquer jusqu’à 5 ennemis, à une distance plus au moins proche, et puis vous déclenchez 5 assassinats enchaînés. Ça aide dans l’infiltration. C’est clairement du cheat, mais j’ai aimé !

Enfin parlons pour moi du point qui m’a le plus refroidi. Les assassinats. Ils sont foirés pour moi. Je m’attendais à retrouver ce que j’avais dans le 1, et j’ai eu une déception. C’est bien un « mirage ». On te fait croire que c’est ouvert, avec plein de possibilités, mais dans le fond, tu sens le script. Tu sens qu’au final, tu n’as pas le choix d’approche comme un Hitman 3. C’est dommage. A aucun moment c’est iconique comme dans le premier volet.

Conclusion

Mission accomplie pour Ubisoft Bordeaux. Loin d’être le retour en grâce de la série, Mirage se trouve être un jeu fan service hommage au premier volet pour les quinze ans d’une saga me passionne toujours.

Il serait néanmoins plus que temps de corriger les défaut inhérents à la série qui la jalonne depuis 2007 et passer réellement le cap de la next gen. Assassins’Creed mérite mieux que la trilogie RPG qu’on a eu entre 2017 2020, que j’ai peu apprécié personnellement.

Mirage est de loin l’Assassin Creed le plus fun et satisfaisant auquel j’ai joué depuis 2015. Pour 30-40 euros, il vaut le coup, surtout si comme moi vous êtes fans du premier volet (et de la trilogie Ezio). Mais soyez conscients d’une chose, ce n’est pas le renouveau, on reste sur une structure de jeu vue revue et archi revue.

En somme, c’est un bon petit jeu popcorn de l’année 2023. Et allez, c’est un de mes petits coups de cœur de cette année.