La traversée du désert est finie.

L'attente a été récompensée. C'est vraiment l'impression que j'ai en terminant la quête principale d'Origins. Enfin, un jeu à la hauteur de ce que la série peut offrir, de ce qu'elle avait offert dans le passé (avec les deux premiers opus). Et pourtant je ne partais pas confiante, bien échaudée par les déceptions qu'avaient été Unity et Syndicate. J'avais tort.

Tort, notamment, de penser que l'aspect RPG ne pouvait pas fonctionner avec la saga Assassin's Creed. Il est clairement ici à l'origine du succès de l'œuvre. Car cette fois ci Ubisoft a décidé d'y aller franco, et pas dans la demi mesure tiédasse des derniers opus. (Très fortement) Inspiré de Witcher III, Origins est un jeu de quêtes, dont la plus grande partie sont de qualité. Ce ne sont pas simplement des quêtes cosmétiques, de remplissage de temps de jeu, loin de là. Elles apportent de l'épaisseur au personnage de Bayek et au monde dans lequel on évolue. Car, si exit la Base de Donnée (désormais disponible dans un guide touristique à part), ces quêtes jouent un rôle important dans notre immersion. Elles posent le contexte géopolitique de l'Égypte à la fin de l'époque Hellénistique, sous domination grecque et en passe d'être envahie par la république romaine. Elles sont toutes (ou presque) liés à la quête principale, à ce fil rouge de vengeance, de douleur et de culpabilité qui ronge et enflamme Bayek d'un bout à l'autre de l'histoire. Ces quêtes réussissent là où les anciens AC avaient échoués: par leur écriture. Si elles ne sont pas toutes de la même ampleur, certaines m'ont profondément bouleversées. Il y a là une force et une capacité à dégager des émotions qu'on avait pas vu depuis longtemps (principalement dans AC II avec la mort de la famille d'Ezio.).

Les personnages sont aussi mieux écrits, plus attachants, notamment dans leurs relations. (Bayek et son fils, via la quête des cercles de pierre par exemple, mais aussi Bayek et Aya.) C'est un plaisir de jouer un personnage adulte et mature, qui n'est pas étranger à sa terre mais qui nous guide. J'ai adoré Bayek comme je n'avais pas aimé un personnage d'AC depuis Shay de Rogue (sauf que Rogue était assez nul) et Ezio.

Moins manichéens que ses aînés, Origins renoue aussi avec la "grande histoire" et les "grands personnages" (Cléopâtre, César...). On retrouve un équilibre propre aux premiers épisodes où la quêtes des héros rejoint à la toute fin du scénario les épisodes emblématique de la période. Un bon scénario donc, solide, reposant sur des personnages attachant et bien écrit, une quête claire qui nous permet de nous impliquer.

Comme d'habitude le jeu est splendide, grandiose. Grouillant de détails (qui ont mis mon PC à genoux). Pour une fois j'ai profité à fond du gadget de l'appareil photo. Ubisoft a été d'une grande générosité dans la conception de cette univers grouillant de vie, mais parfois aussi de silence. Il y a ainsi d'immenses et magnifiques zones de vide qui sont un véritable appel à la contemplation.

Fini ou presque le remplissage idiot de babioles inutiles à récupérer. (Car je ne suis pas idiote, elles ont été remplacé par un nombre faramineux de lieux à finir, mais c'est déjà une amélioration: il y a plus de gameplay dans la conquête d'un camp romain, que dans le fait d'aller chercher une bouteille vide derrière un immeuble -feat Syndicate-).

Les mécaniques de jeu ne sont pas révolutionnaire, mais leur lifting est intéressant et agréable. Le combat offre plus de challenge que jamais dans la saga, sans pour autant être d'une difficulté abrutissante. L'IA sans être parfaite a été grandement améliorée. Les mécaniques d'infiltration sont au point. Un gros changements extrêmement agréable: la vision d'aigle qui passe par Sennu l'aigle de Bayek. Au top!

Et il y a encore tant de choses dont je pourrai parler: exploration sous marines, la manière d'interagir avec la faune, de 100 000 petits détails historiques qui donnent du relief à l'univers (embaumement, offrande de membres en terre cuite dans les temples d'Asclepios), personnages d'anciennes quêtes qui vous remercient au détour du chemin, CHAMEAUX!!, tombeaux des pharaons, philakitais, l'humour, de la multitude d'armes... Tant de choses qui confirment néanmoins une chose: Ubisoft a bien fait de prendre une année de plus pour produire ce jeu. Grâce à cela il frôle la perfection.

Alors pourquoi ne pas lui mettre 10? Pour un aspect technique déjà: Ubisoft n'a toujours pas réglé l'adaptation médiocre sur PC. Et ensuite pour ce boulet étrange qu'est la méta histoire. J'ai cru pendant une bonne partie du jeu que le concept avait été abandonné, mais ce n'est visiblement pas le cas. Mais alors pourquoi faire? Si j'apprécie le fait de jouer à nouveau un personnage du présent qui a une identité et une histoire propre, je ne comprends pas l'intérêt de ses séquences. J'attends toujours de voir où Ubi veut en venir. (Terminer la saga sur un Assassin's Creed du présent? La relier à l'univers de Watch Dog?) Bref, c'est dommage d'avoir une méta histoire aussi faible, d'autant plus que les retours au présent tendent à casser l'élan de l'histoire principale.

Mais au final je pinaille. Origins est une immense réussite. Je vais continuer l'aventure avec les DLC, et au delà de ça, je vais placer beaucoup d'espoir dans l'annonce qu'à faite Ubisoft alors que je terminai Origins.

Vivement la Grèce.