On entend souvent les détracteurs d'Ubisoft dire que le développeur se contente de ressasser à l'envi ses formules. Même pour moi qui ne fait jamais de jeu Ubi (c'est d'ailleurs mon premier AC), il fut évident dès les premières heures que ce Valhalla n'était qu'une resucée de ce qui se fait depuis dix ans dans le domaine des open worlds, en moins réussi. Entre « l'exploration » à base de marqueurs de carte (si vous aimez tourner autour d'un point pendant 15 minutes pour trouver un accès que les devs ont caché le plus perversement possible, vous allez vous éclater) et les quêtes Fedex que l'on enchaîne machinalement sans même s'y intéresser, on a l'impression d'être devant un jeu usé avant même sa sortie, déjà fait 100 fois, malgré une thématique vikings qui avait un potentiel certain.
Outre cet ultra-classicisme et une technique moyenne (il est en dessous de certains titres PS4 et un piètre porte-étendard pour la next gen), le jeu est grevé de problèmes. Les sensations en combat sont loin d'être folles : la combinaison d'une utilisation des plus basiques de la DualSense, d'animations moyennes et d'une IA médiocre (pour ne pas dire ridicule parfois) font que j'ai eu davantage l'impression de taper sur des mannequins que d'être au milieu d'une mêlée sauvage. Après avoir fait God of War et Bloodborne où l'on ressentait l'impact de chaque coup donné et encaissé (on ne parle pourtant pas là de jeux récents !), la comparaison n'est vraiment pas flatteuse pour cet AC Valhalla. Les drakkars sont pénibles à diriger : si pénibles en fait que même le pilotage automatique arrive à se planter quand on tente de l'utiliser pour aller d'un point à un autre en se prenant moins la tête.
Lorsque l'on évoque les vikings, les premières choses qui viennent à l'esprit sont les combats et les drakkars : s'être planté sur ces deux aspects est donc un handicap sérieux pour le jeu, qui malheureusement pêche à bien d'autres niveaux. L'arbre de compétences est une des pires monstruosités qu'il m'ait été donné de voir dans le domaine : tentaculaire, en partie invisible, sa conception rend impossible la moindre planification (si vous aimez faire vos templates aux petits oignons en investissant sagement chaque point, vous pouvez oublier). Il est même délicat de retrouver d'une partie sur l'autre une skill qui nous avait tapé dans l'œil mais qu'on n'avait pas assez de points pour acheter à ce moment-là. On se demande comment un truc pareil a pu passer le contrôle qualité d'un AAA. Les attaques fluviales de monastères avec votre équipage sont une bonne idée sur le papier mais désespérantes de superficialité en pratique : aucune gestion poussée de vos vikings (ils se contentent de prendre un niveau quand vous améliorez votre camp), qui sont en plus de vrais plots passant leur temps à mordre la poussière. À tel point qu'à partir d'un certain niveau de puissance, il vaudra mieux nettoyer les monastères en solo et faire venir les coéquipiers... uniquement pour ramasser le butin, ce qui est quand même un peu un comble. Les aptitudes et compétences sont totalement déséquilibrées : quelques-unes sont tellement cheatées qu'il devient difficile de mourir avec, la plupart sont gadgets et les restantes sont inutiles. Certains diront qu'il suffit de ne pas prendre les aptitudes trop puissantes, je fais partie des gens qui pensent que c'est encore au développeur de prendre la peine d'équilibrer correctement son jeu.
Il y a bien une tentative de rattrapage au niveau du contenu, pléthorique. Râlant régulièrement sur les jeux trop courts je devrais être ravi, malheureusement l'intrigue principale est si peu passionnante (courir aux quatre coins de l'Angleterre pour forger des alliances) qu'elle en devient interminable. Les mini-jeux ont oublié le sens du mot jeu : les cairns feraient perdre leur zen à un moine bouddhiste, les beuveries sont la répétition constante du même jeu de rythme, tout le reste est soit pénible soit déjà vu, bien souvent les deux.
AC Valhalla est un jeu usé et opportuniste (sans la série d'History, il n'aurait jamais vu le jour) qui est incapable de potentialiser sur la thématique pourtant porteuse des vikings et de proposer autre chose qu'un recyclage de vieilles formules déjà jouées ad nauseam.