Delirium pas très dense

Rétrospectix : 4/11

Qui n'a jamais rêvé de jouer à un party-game dont les héros sont moustachus ? J'imagine déjà le casting : il y aurait un petit, un gros, un longiligne, un quota féminin, on pourrait créer une épreuve où on ramasse des champignons, et tout ça sortirait sur…

Comment ça, "N64" ? Bah non, sur PS1 et PC, vous pensiez à quoi ? Et pourquoi vous me parlez de plombiers ?

Maxi-Delirium, c'est un peu le jeu de ce marathon dont je n'attendais rien. Party-game édité par Infogrames (comme le médiocre Titeuf sur GBC), développé par UDS (studio suédois principalement connu pour le décrié Futurama sur PS2) et sorti en fin de vie de la PS1, on n'en entend plus du tout parler aujourd'hui, contrairement à d'autres jeux du Gaulois de la même époque. Il faut dire que sortir ce genre de jeu pour le limiter à deux joueurs maximum, c'est un peu débile, mais on ne juge pas.

Cela dit, il ne s'agit pas du premier party-game dans l'univers d'Astérix, un autre intitulé Le Défi de César était sorti sur CDI (oui, la console spécialisée en YouTube Poops).

Maxi-Delirium propose un mini-scénario avec de chouettes cinématiques animées. La compression d'un jeu pensé pour une résolution en 240p ne leur rend pas vraiment hommage, mais on peut apprécier l'effort. Dommage que le seul doublage du jeu soit réservé au narrateur, on n'entendra donc pas les douces voix de Roger Carel ou de Pierre Tornade.

Abraracourcix décide de lancer un grand concours pour déterminer le meilleur guerrier du village (concours qui s'apparente plutôt à des tâches ménagères : aider Panoramix à préparer la potion, retrouver 3 clés égarées, aller chercher un tonneau en mer…), et quatre valeureux citoyens répondent à l'appel. On pourra donc incarner Astérix et Obélix, mais aussi et plus étonnamment, Assurancetourix et Madame Agecanonix. Choix de casting bizarre, spontanément pour un personnage féminin j'aurais plutôt proposé Bonnemine ou Falbala, tandis qu'Abraracourcix aurait fait un parfait troisième homme, mais bon. Dans tous les cas, le casting est extrêmement réduit, peut-être parce que le mode solo se divise en 4 chapitres et que les développeurs se sont dits que les joueurs allaient changer de personnage à chaque fois, mais ça n'aurait quand même pas fait de mal d'en mettre un peu plus.

Cette dernière phrase va être le mot d'ordre de la critique, car le manque de contenu est clairement le point faible du jeu. Outre les 4 personnages, nous avons 14 mini-jeux disponibles. Autrement dit, une misère.

Les mini-jeux ont pour point commun d'avoir un timer assez long, probablement pour prolonger la durée de vie, mais cela en rend certains pénibles, comme la chasse aux sangliers qui s'éternise. Une poignée de jeux réutilisent aussi les mêmes concepts, comme les tirs à la catapulte ou les explorations en forêt. Je n'ai rien contre le recyclage, c'est même assez courant dans ce genre, mais quand le tiers de ton jeu en est issu, c'est un peu du foutage de gueule. Surtout que les développeurs n'ont pas du tout pris la peine de se cacher, dans le mode scénario vous enchaînerez les deux épreuves en forêt avec seulement un autre mini-jeu pour les séparer !

Bref, on n'a pas beaucoup de personnages, les mini-jeux ne sont pas mieux lotis, on ne peut jouer qu'à deux… Est-ce qu'au moins les plateaux sont bien ?

Eh bien, on ne peut pas dire qu'ils soient mauvais, vu qu'il n'y en a pas. Le jeu se compose simplement du mode scénario et d'un mode jeu libre. Vous en aurez vraiment fait le tour en une après-midi, pour ne pas dire une heure.

Alors, pourquoi une note au-dessus de la moyenne ? Tout simplement parce que si le jeu contient peu de choses, il contient de bonnes choses !

Les 14 mini-jeux sont globalement très bons. Beaucoup d'entre eux laissent aux joueurs la possibilité de se castagner pendant l'épreuve, ce qui crée presque un mini-jeu dans le mini-jeu. En-dehors des quelques exemples de recyclage, le gameplay de chaque épreuve est très unique. Vous allez par exemple faire une course de porteur de bouclier puis une course où vous serez sur le bouclier, mais les deux gameplays sont assez différents entre les deux épreuves ! Vous pouvez aussi rajouter une épreuve du plus gros mangeur, des courses en bateau, des mises à sac de camps romains, une baston au centre du village à la Street Fighter… Le manque de contenu est d'autant plus rageant qu'on sent que les développeurs avaient beaucoup d'idées et étaient respectueux de la licence, j'imagine qu'Infogrames ne leur a laissé qu'un très court temps de développement, ce qui se ressent malheureusement dans le produit final.

On peut aussi saluer les graphismes, très colorés et qui ont plutôt bien vieilli vu la console sur laquelle ils sont sortis. Les modèles des personnages sont correctement animés, ça fait plaisir à voir, surtout quand on apprécie l'esthétique low-poly.

Etrangement, Infogrames n'a jamais redonné une chance à cette formule, alors qu'une suite sur 128-bits aurait franchement eu du potentiel. Ventes décevantes, difficultés à trouver un studio pouvant faire le job, orientation vers des projets plus importants à la XXL… On n'aura probablement pas le fin mot de l'histoire, mais on a au moins gagné un jeu amusant à faire avec un pote, à l'occasion.

Juste, évitez de jouer au clavier et procurez-vous deux manettes.