Avencast : Rise of the Mage, sorti en 2007, est le premier jeu du petit studio autrichien Clockstone. Nous voici dans un RPG de type hack'n'slash où l'on incarne un jeune magicien étudiant à l'école de magie. Peu motivé par ses cours de magie théorique car impatient d'exercer ses talents par la pratique, il est invité par son directeur, fort accommodant, à passer directement les évaluations s'il s'en trouve capable. N'ayant pour arme qu'un bâton, il aura alors la liberté de s'essayer à 3 styles de magie avant de choisir sa voie : le style du sang, à tendance corps-à-corps, le style de l'âme, plutôt à distance, et le style de l'invocateur... plutôt évocateur. Evidemment, les événements se compliqueront pour notre petit magicien en devenir...


Le principal point fort du titre est son gameplay : le studio a voulu ici innover en présentant un sytème de combat basé sur des combinaisons de touches pour lancer les divers sorts de la panoplie de l'étudiant sorcier. Au premier contact, ce système peut rebuter car les touches en question sont les mêmes que celles de déplacement : c'est déroutant, car notre personnage se déplace ainsi en même temps qu'il lance son sort, et une mauvaise coordination avec la souris peut nous faire manquer la cible recherchée. Cependant, après quelques temps on s'adapte aisément à ce système et on s'aperçoit qu'ajouté à des mouvements d'esquive et de roulade, il rend les combats particulièrement dynamiques. Ce qui n'est pas plus mal, car les hordes constituées de nombreux ennemis ainsi que la résistance peu élevée de notre personnage nous obligent de toutes façons à rester mobile en toute situation. Il est cependant dommage que le studio ne soit pas allé au bout de son concept : il est en effet possible d'associer ses principaux sorts à des touches de raccourcis... On perd un peu à mon sens ce qui fait l'originalité du jeu, mais cela permet au moins aux joueurs qui n'arrivent pas à se faire au gameplay d'y trouver leur compte.


L'évolution du personnage se fait par montée de niveau procurant 10 points à distribuer entre caractéristiques du personnage et compétences. Rien de très original pour les caractéristiques, entre les points de vie, de mana, de magie du sang et de magie de l'âme. Cela permet néanmoins d'éviter le gâchis de points mal investis et d'obtenir en fin de jeu un personnage relativement puissant. Le système de classes est plutôt restreint : comme évoqué en préambule, on dispose de 3 arbres de compétences distinguant sorts de corps-à-corps, de distance et d'invocation. Cela nous permet d'avoir... en réalité 2 styles de combat différents, car celui de l'invocation n'est au final pas viable en lui-même du fait du peu de sorts proposés et de leur efficacité insuffisante autant en offensif qu'en défensif. Mais le jeu en a finalement bien conscience, car lorsque vient l'épreuve finale de l'examen du magicien, seules les voies du sang ou de l'âme peuvent être choisies. Il conviendra donc d'utiliser les invocations en soutien d'une voie principale, même si l'on peut tout à fait s'en passer. Le jeu se trouve donc relativement équilibré entre le style corps-à-corps et à distance, tout à fait jouables jusqu'à la fin, que l'on ne choisisse d'investir nos points que dans l'un ou en piochant dans les deux.


En termes de difficulté, le mode normal nous permet d'aller au bout du jeu sans rencontrer de grosse résistance si ce n'est pour quelques boss qui demandent de s'y reprendre à plusieurs fois pour les terrasser. Le jeu propose par ailleurs quelques énigmes à résoudre pour avancer : sans être très compliquées, elles ponctuent notre avancée de quelques phases de réflexion sympathiques. Il est à noter que quelques secrets sont présents en début de jeu mais disparaissent regrettablement à partir du chapitre 2, ce qui fait perdre en intérêt l'exploration des différents niveaux. En revanche, le dernier chapitre nous offre la présence de nombreux pièges ajoutant une bonne dose de difficulté lors de notre progression au travers des horde d'ennemis : attention où l'on pose les pieds!


Le bestiaire est quant à lui plutôt bien fourni : chaque chapitre nous introduit à un nouveau lieu peuplé de ses propres créatures. Les affrontements se renouvellent ainsi au cours du jeu avec des types d'ennemis diversifiés, chacun ayant son propre mode d'attaque et de déplacement. Les quelques boss suivent également ce modèle et procurent chacun à leur manière une juste dose de challenge. A terme cependant, on n'échappe pas aux redondances inhérentes au format hack'n'slash, la faute à des environnements de plus en plus grands et faussement labyrinthiques et une présence d'ennemis quelque peu harassante. Cet écueil est malgré tout compensé par la durée de vie relativement courte du titre (+/- 15h bout à bout) qui m'a personnellement sauvé in extremis de l'ennui en fin de jeu.


L'interface utilisateur fournit en jeu l'ensemble des informations utiles et les menus sont clairs, efficaces et intuitifs. On dispose d'une feuille de personnage, d'un livre de compétences et d'une page d'inventaire, cette dernière indiquant de façon bien pratique une comparaison des caractéristiques entre l'équipement de notre personnage et les nombreux équipements collectés au cours de l'aventure. Bien que la possibilité d'invoquer un marchand à tout moment facilite grandement la gestion de cet inventaire à la taille limitée, on regrettera l'absence d'un système de craft et de recyclage : outre l'impossibilité d'améliorer notre équipement (un système de runes aurait eu tout à fait sa place ici) on se retrouve avec une pelletée d'équipements qui nous sont inutiles et dont on se débarrasse, à défaut de mieux, en les revendant à tour de bras en échange de bien plus d'argent que l'on ne pourra dépenser au cours du jeu.


Abordons à présent le scénario du jeu, et il faut avouer que ce n'est clairement pas un des points forts. Divisée en chapitres, l'histoire est linéaire et ne propose ni embranchements ni choix déterminants. On est bien évidemment sur un trope des aventures d'héroic-fantasy avec un protagoniste banal-mais-finalement-pas-si-banal, une histoire cousue de fil blanc et des retournements de situation clichés amenés avec de gros sabots. Rien de bien attirant présenté comme cela, mais au final l'univers se révèle plutôt attachant grâce à quelques doses d'humour bien placées, à quelques bonnes idées scénaristiques et à un background développant un peu plus en profondeur le fonctionnement de ce monde magique. Les quêtes secondaires sont présentes en nombre suffisant et parviennent souvent à proposer un contenu dépassant la simple quête "Fedex", et proposent même parfois d'étoffer un peu l'univers.


La direction artistique, sans être magnifique et bien que très classique, reste soignée. Les effets de lumière sont particulièrement à saluer, les divers sorts de notre personnage et de ses ennemis sont joliment colorés et provoquent au cours des combats de nombreuses explosions lumineuses qui viennent agréablement flatter notre rétine. La narration fait la part belle à de longues cinématiques partiellement animées, tout en dessins du style charbon sur parchemin du plus bel effet. Les doublages (en VO pour ma part) sont relativement bons, et même si certains doubleurs n'évitent pas le cabotinage à certains moments, les prestations n'empêchent globalement pas l'immersion dans l'univers du jeu. Les musiques en revanche sont oubliables, les thèmes sont clairement répétitifs mais restent suffisamment discrets pour ne pas être énervants.


Globalement, le titre pêche par son incapacité à aller au bout de chacun de ses aspects. Pas par manque d'ambition, mais sûrement par manque de moyens. On effleure de bonnes idées, mais on voudrait en voir l'aboutissement car on serait alors indéniablement en présence d'un bon jeu. J'ai au final passé un bon moment dans le monde d'Avencast, la faible durée de vie du jeu m'ayant évité de subir ses points faibles, notamment sa répétitivité. Cependant, sa rejouabilité limitée du fait d'un éventail de classes trop restreint et de la linéarité du scénario m'empêchera très certainement d'y retourner. Il serait malgré tout dommage de passer à coté de ce petit jeu, son gameplay original et son univers attachant valant le coup de s'y attarder, d'autant plus qu'on peut aujourd'hui le trouver pour une bouchée de pain.


Il me reste à tester le jeu suivant du studio, Greed : Black Border, sorti 3 ans plus tard, afin d'évaluer l'évolution de leur formule hack'n'slash. Malheureusement, les critiques peu enjouées ainsi que le fait qu'il soit leur dernier essai de ce type (le studio s'étant concentré depuis sur la saga des Bridge Constructor principalement) ne me donnent que peu d'espoir, malgré un potentiel pourtant bien présent.

Lumberood
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le 17 janv. 2021

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Lumberood

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