Des raisons de le bannir… ou pas
Banished, c’est un peu le jeu auquel on joue des heures, mais sans savoir pourquoi. Le jeu aussi dont on n’arrive pas à décrocher malgré ses défauts. Et des défauts, on peut dire qu’il n’en manque pas. Mais il a cet attrait qu’ont tous les jeux de simulation pour les amateurs du genre : il y a beau n’y avoir qu’une entreprise infinie, un chemin sans destination, on continue comme un zombie, à construire nos petites maisonnettes, gérer nos petites ressources, et essayer d’avoir la plus grande ville possible.
Stronghold, premier du nom, m’avait fait le même effet en son temps : je préférais mille fois plus construire le château façon moyen-âge que de me lancer à l’assaut de celui d’un ennemi (faut dire que le système de gestion des troupes était pourri aussi). Et c’est ainsi que je ressors mes capacités de (bien piètre) gestionnaire à chaque nouveau jeu qui me passe sous le nez.
Et au milieu de tout cela, que me restait-il sinon ce plaisir futile, presque enfantin de jouer au chef du village des péons mortels dont je manipulais l’existence ? Joie, déception, et frustration. C’est au final un constat que je fais devant de trop nombreuses simulations : on s’amuse, on construit et gère indéfiniment, mais arrive un moment où l’on touche aux limites du système de jeu.
Mais que se passe-t-il donc dans Banished ?
Premièrement, on appréciera un design sympathique, on se plait à récolter les premières ressources, à construire un village aux maisonnées agréablement variées et incorporées dans le paysage vallonné. Les graphismes n’ont rien d’exceptionnel, mais remplissent leur usage. Quant à l’interface, elle est simple et efficace après s’y être habitué et y avoir apporté ses propres aménagements. Rien à redire de ce côté-ci du globe.
L’idée de base semble sortie d’un jeu de stratégie auquel on aurait donné une vision réaliste et supprimé tout aspect militaire. On gère le village et ses maisons, ses habitants, ses ressources, et pas d’ennemis en vue, sinon les feux et autres tornades, la faim, le froid, les maladies et la pénurie d’outils (plus grande calamité de notre âge).
Pourtant, je parlais bien de gros défauts.
A titre d'exemple, l’IA fait son travail au quotidien, mais, dès que surgit la catastrophe, ne répond tout simplement pas (j’ai eu la joie de voir brûler tout une ville durement construite sans aucune réaction des villageois (suis-je le seul ?)).
Ou encore remarquera-t-on avec que l’accélération de vitesse est excessivement restreinte (personnellement, je joue tout le temps en x10, le maximum). Malgré cela, les saisons passent tellement vite qu’on a l’impression de diriger une bande de fainéants qui ne cherchent même plus à survivre, mais à se la couler douce pendant ses derniers jours (telle la bêtise du villageois mourant de froid au milieu de la vallée voisine car il a décidé d’aller miner à la fin de sa journée de travail en plein cœur de l’hiver…). Quelques crans d’accélération supplémentaires et une meilleure adaptation temps/production auraient été les bienvenus (je n’ai jamais vu une moisson durer 2 mois).
Et enfin, la lacune à laquelle se heurte principalement le jeu en lui-même : la progression est extrêmement limitée. En effet, la stratégie est simple pour développer facilement le village, trop simple peut-être pour se révéler exigeante : moins d’une dizaine d’échecs suffiront à la déceler, et j’éviterai donc d’en évoquer la teneur ici. Mais c’est donc là que la limite du système de jeu mis en place se fait sentir et détruit l’expérience vidéo-ludique. La réussite n’est plus que l’application d’une formule trop accessible tant les éléments de l’équation sont trop peu nombreux.
J’ai ici évoqué ce que je crois être les grands problèmes de ce jeu, bien que cela est loin d’en faire un mauvais titre, mais dénote la banalité de ses aspects et la pauvreté de l’approfondissement de la progression dans le jeu.
Bref, somme toute, le jeu est-il intéressant ? Oui. Vaut-il son prix (19€) ? Non, certainement pas, et encore moins pour un jeu qui est fini (j’ai cru toucher à de la bêta). Reste à voir ce que donneront les mods. Cependant, dans le domaine de la gestion/simulation, on a vu mieux, et on verra certainement germer de meilleurs concepts à l’avenir.
A noter que ce jeu incite volontiers à la pédophilie, mariant aisément messieurs de 30 ans et jeunes filles de 10 ans, et inversement lawl. C’est la nécessité d’une époque, nous dira-t-on *hum, hum*. :trollface :