Rétrospective Rare après DK : 1/5
Après avoir exploré la carrière du gorille dans les années 2000/2010, j'avais envie de me pencher sur les quelques productions Rare sorties sur consoles Nintendo dans ces années. La sélection est courte mais variée, aucun jeu ne se ressemble ! Plusieurs de ces projets sont des suites ou des reskins de jeux prévus de longue date, et Microsoft a gentiment donné son accord pour qu'ils paraissent sur les consoles portables de la firme au plombier. Comme pour laisser le temps aux fans de s'habituer à la séparation entre les deux alliés de l'ère 64-bits.
On commence fort avec ce qui me semble être le jeu le plus ambitieux de la liste : Banjo-Kazooie: Grunty's Revenge (GR). Une aventure des mascottes de Rare qui se situe chronologiquement entre les deux épisodes N64 et qui devait à la base sortir sur GBC. Le passage sur une console plus avancée lui a permis de proposer une copie presque parfaite des jeux N64… La durée de vie en moins !
Je précise que je n'ai jamais touché à Banjo-Kazooie ou Tooie (Microsoft, c'est quand vous voulez pour sortir Rare Replay sur PC) donc mes comparaisons vont surtout se baser sur des vidéos et des on-dit.
Grunty's Revenge se présente comme un jeu en vue de dessus qui reprend l'essentiel des mouvements des épisodes N64. Nos deux compères peuvent frapper, faire un double-saut, cracher des oeufs, courir… Un éventail de coups plus que respectable pour un jeu GBA, dommage que plusieurs d'entre eux soient assez peu utilisés au cours de l'aventure. Je ne me rappelle pas avoir expérimenté la plongée sous-marine ou la transformation en bougie plus de trois fois, par exemple.
La structure du jeu reprend également celle des épisodes N64, à savoir de gigantesques zones où on doit ramasser un tas de merdouilles (pièces de puzzle, notes de musique, alvéoles de miel, PNJ…) pour avancer dans l'histoire. Et autant les jeux N64 ont la réputation d'être extrêmement chiants dans la collecte des objets (surtout Tooie), autant GR s'en sort très bien et laisse le joueur s'amuser et récolter la majorité des collectibles sans imposer des aller-retours dans d'autres mondes.
Le jeu comporte 6 zones (dont un hub), chacune contient 10 pièces de puzzle et il en faut 50 pour rencontrer le boss final (le 100% ne débloque qu'une cinématique de fin alternative). Ce chiffre s'atteint très facilement, et c'est peut-être le point faible du jeu. Je l'ai bouclé en moins de 4h sans rencontrer de réelle difficulté (les deux derniers niveaux sont un peu plus durs, sans que ce ne soit insurmontable), et même si la quête du 100% peut apporter une petite satisfaction supplémentaire, il ne faut pas longtemps pour l'atteindre, modulo quelques notes de musique bien cachées. On a parfois tendance à se perdre dans les différents niveaux (une carte pourrait être utile), mais c'est à peu près la seule difficulté que le jeu nous impose.
Enfin si, la profondeur n'est pas toujours très bien rendue et on foire pas mal de sauts parce qu'on évalue parfois mal si une plate-forme est juste devant nous ou complètement hors de portée, mais c'est relativement rare, et le Game Over n'est pas très punitif (on réapparaît dans la même salle, avec toute notre vie et en conservant les collectibles).
Cela dit, le jeu est peut-être court, mais il est loin d'être répétitif. Chaque niveau contient un à deux mini-jeux, quelques sections réservées aux transformations de Banjo, plusieurs nouveaux pouvoirs à débloquer, un boss… Le déroulé est vraiment fluide et varié, j'aurais volontiers signé pour une aventure deux fois plus longue avec exactement la même structure, ça n'aurait sûrement pas été lassant.
Les mini-jeux me rappellent d'ailleurs pas mal ceux des portages des Donkey Kong Country sur GBA, que ce soit la pêche, la glissade ou les batailles en bateau, ça ne m'étonnerait même pas qu'une partie du code de ces jeux soit recyclée. En tout cas, ils sont marrants, même s'ils gagneraient à être un peu plus nombreux.
Petit bémol sur les boss en revanche, tous s'affrontent de la même manière, y compris le boss final : on attend qu'ils baissent leur bouclier, on frappe, on fuit jusqu'à la prochaine phase. Cinq boss avec exactement le même principe, là pour le coup c'est répétitif !
Ah non, il y a aussi deux boss avec une mécanique TPS. On les démonte en 30 secondes, mais c'est gentil d'avoir essayé d'apporter de la diversité.
L'histoire vaut ce qu'elle vaut : Grunty kidnappe et emmène Kazooie dans le passé pour éviter que Banjo et elle ne se rencontrent. Tout de suite vous allez vous dire que c'est bien con (ils se sont déjà rencontrés en fait, t'as juste déplacé un élément du présent vers le passé), et en plus le jeu désamorce la tension dès le deuxième monde puisqu'on y sauve Kazooie. L'écriture n'est pas spécialement drôle et les borborygmes des personnages me tapent sur les nerfs, bref, on ne joue pas à un plateformer pour le scénario et celui-ci ne change pas la donne.
La musique est quant à elle plutôt plaisante à écouter, on retrouve pas mal de thèmes cultes de la série et on ne saigne pas des oreilles (ce qui est déjà un exploit pour un jeu GBA). Graphiquement c'est également loin d'être laid, j'ai l'impression que pas mal d'assets ont été réutilisés de la N64, mais ça renforce la cohérence de l'univers. J'aime aussi beaucoup le nouveau design de Grunty, qui pour les besoins du scénario est coincée dans un robot pendant toute la durée du jeu !
Bref, un plateformer sympathique qui possède de bonnes bases et aurait gagné à être plus long, on a l'impression qu'il se termine au moment où le challenge devient enfin sérieux. Son statut d'interquel en fait un épisode peu important dans la chronologie globale, mais ça n'est pas une mauvaise porte d'entrée pour un débutant.
Si Grunty's Revenge n'est pas un mauvais jeu et vous occupera sûrement un ou deux après-midis pluvieux, je ne peux que vous conseiller de jouer à Spyro Season of Flame ou Rayman Hoodlums' Revenge si vous voulez essayer un plateformer en 3D sur cette console.