Alors c'est un ours, une autruche et une indienne qui sont dans un avion…

Rétrospective Rare après DK : 4/5

Rare avait prévu de nombreux jeux avec Donkey Kong au tournant du XXIème siècle, ces projets ont évidemment été arrêtés lors du rachat du studio par Microsoft. Parmi eux, Diddy Kong Pilot, une pseudo-suite à Diddy Kong Racing qui se serait concentrée sur le gameplay aérien du jeu original.
Qu'à cela ne tienne, Rare recycle l'idée en remplaçant les Kong par la troupe de Banjo-Kazooie, ce qui fait donc la deuxième apparition de l'oiseau et de l'ours sur la GBA. Mine de rien, Banjo est un personnage habitué des jeux de course vu que sa première apparition remonte à Diddy Kong Racing et que sa dernière apparition avant Smash Ultimate était dans Sonic & SEGA All-Stars Racing.

Dans ce produit final, l'héritage de Diddy Kong Racing est encore visible par endroits, en particulier au niveau des accélérateurs qui sont visuellement les mêmes que sur N64 et qui fonctionnent exactement de la même façon (on gagne un boost de vitesse supplémentaire si on appuie sur A au bon moment quand on est dedans).
Autrement, le gameplay est honnête, même si les armes sont peu inspirées (on retrouve tous les standards d'un Mario Kart, comme les bananes, les éclairs ou les carapaces), que le barrel roll ne sert pas à grand chose et que globalement la gestion de la hauteur n'apporte rien, si ce n'est une légère perte de visibilité (pas facile de bien voir ce qu'il y a devant nous quand notre personnage est au centre de l'écran). Etrangement, on perd aussi de la vitesse quand on fait du hors-piste, ce qui est logique du point de vue du gameplay mais beaucoup moins d'un point de vue réel (vous imaginez si les avions de ligne avançaient moins vite en survolant l'océan ?).
La principale originalité du titre est une bataille d'avions qu'on est obligé de faire à la fin de chaque coupe. Honnêtement c'est assez naze, la plupart des rivaux sont très mauvais, seule Grunty nous donne vraiment du fil à retordre avec ses bonnes armes et sa précision. Le jeu se serait aussi bien porté sans ça.

Graphiquement, Banjo Pilot est très beau et très fluide. Les sprites sont très bien rendus en pseudo-3D et l'effet est saisissant, en particulier dans les décors. C'est sûrement la plus belle production de Rare sur GBA, la concurrence est pourtant assez élevée.
Seul problème : la béta était carrément impressionnante et comportait des environnements en vraie 3D, avec peu de concessions sur le framerate. S'il avait continué dans cette direction, le jeu aurait sûrement été un des plus réussis graphiquement sur la console. Petite déception donc, surtout que le jeu avait l'air fini. Ma théorie c'est que ces graphismes étaient peut-être gourmands pour le mode multi-joueur, si c'est le cas c'est bien dommage parce qu'honnêtement qui jouait en multi à des jeux GBA, en-dehors des Pokémon ?
Petite étrangeté, le tout dernier circuit du jeu se déroule dans un environnement de glace générique, on n'a pas d'équivalent à la Route Arc-en-ciel ou au Château de Bowser, c'est décevant et un peu bizarre.

Le contenu est à la fois le point fort et le point faible du jeu. Point faible car il y a trop peu de circuits : 16 + un mode miroir qui essaye pathétiquement de nous faire croire qu'il s'agit de 16 circuits supplémentaires, du coup on fait assez vite le tour des différents terrains (surtout qu'ils sont peu complexes, rappelons au passage que Mario Kart Super Circuit sorti 4 ans avant avait 40 pistes disponibles) ; point fort car il y a énormément de contenu à débloquer.
Les coupes et les circuits se débloquent au fur et à mesure qu'on les termine bien évidemment, mais on obtient aussi au fil du temps des personnages, de nouveaux modes et même de nouveaux accélérateurs sur les pistes.
Parmi les modes, le plus original est le mode Jiggy, où on doit récupérer des pièces de puzzle tout en battant un adversaire à la course, ce qui n'est pas sans me rappeler Sonic R qui incorporait également des collectibles sur ses circuits. Les coupes sont également assez nombreuses malgré le faible nombre de circuits, puisqu'en plus des coupes normal et miroir, on a un grand chelem (comme sur Double Dash) et un mode difficile qui choisit aléatoirement 6 courses parmi les 32 (kof kof) disponibles. Donc si vous accrochez au délire, vous aurez de quoi vous occuper un bon moment !

L'OST du jeu est dans l'esprit de la série (du peu que j'en ai fait) et met bien dans l'ambiance guillerette voulue par les développeurs, mais on entend ici et là des restes de Diddy Kong Pilot, comme des bruits de singe dans certains menus. Etrange vu que deux ans séparent la dernière démo connue de DKP et la sortie de BP, on pourrait penser que ce temps était largement suffisant pour enlever toutes les références au ouistiti, mais bon.

En conclusion, Banjo Pilot est un jeu avec beaucoup de potentiel mais qui se contente d'être juste bien dans tous ses aspects. Il est beau graphiquement mais il y avait moyen de faire mieux, il marche bien mais s'encombre de mécaniques inutiles, il a beaucoup de contenu mais réparti sur trop peu de circuits…
Il n'est pas déplaisant à jouer, et ça reste une alternative correcte et originale au roi Mario Kart sur la même console. Et étrangement, ça n'est même pas le pire Banjo-Kazooie sur GBA !