Batman & Robin
2.4
Batman & Robin

Jeu de Acclaim Cheltenham et Acclaim Entertainment (1998PlayStation)

Joel Schumacher avait réussi l'exploit de faire un film Batman encore plus pourri que le précédent en remettant le couvert avec Batman & Robin. Autant dire que la pression pèse du coup sur les épaules de Probe, auteur des adaptations consoles de Batman Forever. Allait-il enfoncer le clou de la médiocrité et continuer de détruire une franchise vidéoludique alors au plus mal ? Le pari semble réussi.


Évoquons vite fait l'aspect technique avec cette 3D que beaucoup de jeux PS1 ont eu bien du mal à gérer. Oui, c'est moche, mais pas plus que pas mal d'autres titres du support j'ai envie de dire. Il y a eu clairement mieux, mais dans la masse de productions mettant les pieds dans le plat pour la première fois, le titre de Probe passe presque inaperçu sur ce plan-là. Idem pour les loadings nombreux et interminables qui rappellent plein de mauvais souvenirs à tout adepte de rétrogaming. Dans cette ébullition créative que la console de Sony permit, il fallait avoir des arguments sacrément solides pour se différencier de la masse. Niveau nullité j'entends.


Sur le papier, le jeu nous emmène à la poursuite de Freeze et Ivy dont il faudra déjouer les plans. Pour se faire on dispose d'un QG constitué de sa Batcave et du manoir et de l'immense ville faisant office de monde quasi-ouvert. On part à la récolte d'indices qu'on analyse avec son PC dernier cri pour ensuite trouver le lieu du prochain larcin et sauver Gotham d'un énième mauvais coup.
Sur le papier ça parait OK, mais Probe va gérer ça n'importe comment. Déjà, hormis le premier niveau pour lequel on te prémâche le travail, trouver la suite de la progression est un mélange de chance et de patience. Les indices sous forme de point d'interrogation sont dispersés partout, entre les salles cachés des niveaux, celle de la map et parfois lâché par les ennemis. Sauf que l'attribution est totalement hasardeuse. La seconde zone pourra ainsi être différente pour chacun, et si vous n'avez pas de bol, vous ne recevrez aucun indice valable pour savoir où aller. S'ensuit à terme une recherche aléatoire de nouveaux tips en croisant les doigts qu'ils aient une véritable utilité, ce qui est loin d'être toujours le cas.


Le jeu de déroule sur trois jours, même si "soir" serait le terme le plus juste, 19 heures annonçant le début de soirée. Et si vous ne réussissez pas à faire arrêter le méchant de la journée d'ici minuit, game over. Ce qui est drôle, c'est que le jeu te dit clairement que t'as le temps de faire de l'explo en ville, d'aller taper sur les divers gangs ou cherchez les salles secrètes tout en faisant la trame principale, ce qui est une pure connerie vu le temps nécessaire à grinder les bons indices dans une partie découverte. Bref on galère bêtement, et là je ne parle que de la partie explo.
Parce que niveau combat, c'est l'abomination. Chaque personnage possède quelques combos, gadgets à lancer et un système de parade. Mais c'est putain de rigide, non maniable et surtout tu ne peux rien anticiper. Tu ne sais jamais ce que va faire l'ennemi, ennemis qui respawnent à l'infini selon les zones, quand ceux-ci ne t'éclatent pas rapidement parce que boss donc tu peux toujours prier si tu crois que ça sera du 50/50. Et encore, t'es heureux quand tu vois quelque chose, la caméra précalculée proposant parfois des angles impossibles te faisant combattre hors-champ, quand ça ne te dissimule pas les chausse-trappes, trous et autres interrupteurs clés à activer.


Quoi d'autre ? Il y a didacticiel via le manoir, mais ça ne te sert pas à grand chose vu qu'on ne t'indique aucune touche. Tu peux switcher pour Robin ou Batgirl, chaque personnage ayant des attributs physiques différents, mais hormis le délire de conduire la moto nettement plus maniable que la Batmobile digne d'un 40 tonnes n'ayant point de direction assistée, t'as vite fait de reprendre le chevalier noir, les side-kicks étant physiquement nettement plus faible.
Les phases de conduite en ville te font penser à une course-poursuite type Mad Max tellement tu te fais agresser par des véhicules déboulant non-stop de toutes les directions. Réussir à atteindre sa destination tient du coup au choix du pilotage de génie ou de la chance de cocu. Et soufflera presque un grand coup en entendant la bande-son du film reprise telle quelle vu que chez Probe, ils auraient très bien pu refourguer ça à un stagiaire pour le fun. Quand tu entends les effets sonores, tu te demandes si ça n'a pas été le cas. Entre les alarmes stridentes qui se répètent en boucle et le bruit des items récoltés parmi le pire qui m'ai été donné d'entendre, on ne peut que saluer le perfectionnisme de Probe à vouloir défoncer sur tout les plans son bébé.


Mais histoire de terminer sur une touche positive, le level-design des niveaux propose quelques idées sympas avec ce coté labyrinthe, ces accès se débloquant via les interrupteurs ou ces ascenseurs permettant de découvrir une certaine verticalité. À croire que c'est une erreur de leur part tant ça tranche avec le reste. Un faux pas de Probe qui aurait pu réussir la totale dans sa course au foirage.

auty
2
Écrit par

Créée

le 12 oct. 2016

Critique lue 967 fois

1 j'aime

2 commentaires

auty

Écrit par

Critique lue 967 fois

1
2

D'autres avis sur Batman & Robin

Batman & Robin
auty
2

Ça fait froid dans le dos

Joel Schumacher avait réussi l'exploit de faire un film Batman encore plus pourri que le précédent en remettant le couvert avec Batman & Robin. Autant dire que la pression pèse du coup sur les...

Par

le 12 oct. 2016

1 j'aime

2

Du même critique

All-Star Superman
auty
5

Pas vraiment accessible

Si je devais faire un résumé laconique suite à la lecture de ce All-Star Superman, je dirais tout simplement "j'ai pas tout compris...". Le postulat de départ, Superman condamné à terme à mourir...

Par

le 28 nov. 2015

10 j'aime

3

Terres perdues
auty
9

King se libère (enfin) de ses vieux démons

Enfin, l'épisode 3 est celui de la libération pour Stephen King. Car il a finalement réuni tout son "ka-tet" et il peut maintenant se concentrer sur l'objectif des héros tant évoqué mais souvent mis...

Par

le 1 nov. 2013

9 j'aime

Le Voyage de Chihiro
auty
10

Et au sommet, il y avait Chihiro

Bien des années après un premier visionnage, je regarde à nouveau cette aventure. Et je l'aborde le plus sérieusement du monde, en essayant de rester un minimum détaché. Deux heures plus tard,...

Par

le 21 févr. 2015

8 j'aime

5