Avec le succès du film de Tim Burton, les produits dérivés de la licence sont synonymes de pognon facile. Le jeu vidéo n'y échappe pas, et cette version Nes surfe sur la vague de la Batmania. Batou débarque sur console, et ça va chier pour les méchants, et le joueur bien évidemment.
Je lance ma partie, découvre l'écran-titre sobre avec sa piste musicale assez atroce, et apprécie derrière l'introduction de l'histoire, dont la présentation des personnages avec un portrait proche de celui des acteurs, dont Vicky Vale, qui n'apparaitra pas dans le jeu. Un peu de texte pour le scénario et ça s'annonce fidèle à la version cinématographique. Il y quelques cut-scenes entre chaque zones, et ça pète la classe.
Niveau un. Dans la rue, des loubards et quelques ennemis un peu bizarre, mais on est dans un jeu vidéo, faut bien remplir. Je découvre le gameplay. Un bouton pour sauter, un autre pour tabasser ce qui se présente devant nous. Start et Select sont inversées, i.e. le dernier met le jeu en pause quand l'autre permet le changement d'arme à distance. Un flingue, une sorte de disque coupant à la Predator et le Batarang qu'on va utiliser la moitié du temps quand on se sert pas des poings, parce que c'est le plus efficace avec son retour multipliant les dégâts. Les ennemis lâchent des bonus pour les points, des munitions pour les armes à distances et parfois de la vie. La musique est cool, et ça sera définitivement le cas, les autres niveaux envoyant la sauce sonore. L’habillage graphique est du plus bel effet et les effets sonores correctes. J'avance pépère sans trop forcer, découvre que les niveaux sont divisés en plusieurs parties, et dézingue le boss sans soucis. Je me dis naïvement que la vie est belle et que je vais terminer le jeu dans une grosse heure.
Niveau deux, direction l'usine. Introduction des phases plateformes, et débuts des emmerdes. Le perso est peu raide dans ses sauts. Aucune possibilité de changer la trajectoire en cours, il faut calculer son coup avec précision. On utilise le wall jump et c'est cool. Les pièges en tout genre commencent à fleurir. E je fais connaissance avec la hitbox bâtarde du soft loin d’être raccord avec les sprites. Mon Batman prend des dégâts sans toucher visuellement l'origine du mal, mais se retrouve parfois en partie à travers le même élément sans sourciller. Je râle un peu mais arrive au boss sans trop de mal. Enfin la confrontation avec le futur Joker ! Que dalle. À la place, une machine à la con qui me fait bouffer mes premiers game over, la marge de manœuvre étant d'un coup serrée.
Niveau trois, bienvenue dans les égouts. C'est dans le film ça ? M'en rappelle plus, mais le jeu s’éloigne déjà de l’œuvre qu'il adapte. Un Jader, le premier ennemi auquel je fais face, me tue une paire de fois. Je découvre alors la véritable difficulté du jeu, qui fait un bon monstrueux. Cette saloperie d'adversaire sautent comme un crapaud, atterri sur ma gueule, mon perso fait un bon en arrière en prenant le coup, mais le truc est tellement large qu'il t’enchaine, la phase d’invulnérabilité étant hyper faible. J'ai parfois perdu une vie en restant impuissant devant la partie de flipper que je subissais. Et les plateformes se rétrécissent, les ennemis sont plus nombreux, tu galères, tu crèves en boucle, tu balances deux-trois jurons sur les bonus laissés par les adversaires vu qu'ils deviennent useless, passant ton temps à mourir. Les développeurs sont sympas, les continues sont infinies. Mais si ça arrive en plein boss, c'est tout le pan de niveau précédent à refaire, et ils commencent à devenir longs et hardcores. Je bourrine comme un porc sur le boss et passe in extremis.
Niveau quatre, le laboratoire avec les expériences génétiques du Joker. Le scénario a bien changé, je ne sais même plus de quel pan du film ça se rapproche. Progression sans trop de soucis jusqu'au 4-3 et son passage plateforme hyper relou avec micro-supports équipés de tapis roulant. Tu tombes neuf fois sur dix, tu t'énerves, ton pouce droit te fait mal à force de masher la manette, tu insultes les espèces de chars d’assauts qui te shootent à distance, tu galères pour arriver au boss, et enfin à destination, tu tombes sur un engin cubique divisé en deux, très simple à buter une fois que t'as pigé la combine. Le plus dur étant au final de réaccéder au boss fight.
The last level, la montée vers la cathédrale, comme dans le film. Les développeurs mettent tout ce qu'ils ont. L’ascension est d'une difficulté ahurissante, je mets un sacré moment à atteindre le sommet, certains passages tenant du miracle pour être franchi sans se faire défoncer dans tout les sens, et j'arrive dans un état proche du décès avant de crever en une poignée de secondes face à ce guerrier complétement pété qui sert de garde du corps au grand méchant. Sac à PV au moins deux fois plus rapides que toi, il t’enchaine comme un professionnel de kickboxing en te donnant la sensation d'être un mioche de cinq ans s’opposant à un bûcheron canadien dans la force de l'âge. Et après une paire d'essai, j'ai craqué. Mode save state parce que ça devient trop abusé, une avant chacun des deux boss concluant l'aventure qui s'est transformé en route vers l'enfer. Je réussirais à venir à bout de cet adversaire infernale que grâce à une manipulation du comportement salvatrice, avant de subir les foudres du Joker, de son flingue te dézinguant trois points de vie sur huit, t’obligeant à anticiper comme un médium, et tu bourrines comme un cochon en essayant d'esquiver comme tu peux les éclairs et son pétoire. Le combat se résume à un mix de talent, de force de volonté et de chance. La délivrance fut totale quand je vis le grand méchant s’effondrer.
Bordel, je comprends maintenant pourquoi ce jeu est souvent cité comme l'un des plus durs de son support. Dès le troisième niveau, la difficulté devient folle, atteignant son paroxysme sur ce final qui m'aurait surement poussé à envoyer valser la console à travers la vitre sans le petit coup de pouce de l'émulateur. Et ça nuit quand même à l'expérience alors que le jeu à des qualités à faire valoir. Niveau plateformer/action, c'est pas dégueu, mais la maniabilité, les hitbox lolesques et la difficulté te faisant un bon gros doigt d'honneur agacent au plus haut point. Le challenge c'est cool, mais faut pas que ça devienne mission impossible sans avoir allumer cent cierges et sacrifier vingt moutons avant de te lancer dans le défi. Le juste milieu s'est paumé en cours de route, et la frustration a pris le pas sur le plaisir de réessayer et de progresser. Dommage.